
Alors qu’il avait toute la vie devant lui, Vedanand Jeetun est décédé dans des circonstances troublantes sur son lieu de travail. Sa famille, bouleversée, réclame des réponses.
Le vendredi 11 avril restera à jamais gravé dans la mémoire de la famille Jeetun. Ce jour-là, Vedanand, 23 ans, a succombé à de graves blessures subies cinq jours plus tôt lors d’un accident sur son lieu de travail à Roche-Bois. Employé comme ouvrier à la Wastewater Management Authority (WMA) depuis deux ans, l’habitant de Montagne-Longue était plongé dans le coma depuis sa chute, survenue le dimanche 6 avril.
Selon ses proches, Vedanand Jeetun était dévoué à son travail. « Il était ponctuel, toujours présent, il ne prenait jamais de congé », témoigne un membre de la famille. Ce samedi-là, après avoir profité de deux jours de repos, il avait repris son poste comme à son habitude. Personne ne se doutait que ce serait sa dernière journée de travail. « Il est parti comme tous les matins, avec le sourire. Il n’est jamais revenu », confie sa mère Bharati, submergée par l’émotion.
Quelques heures plus tard, les parents reçoivent un appel glaçant : Vedanand a été victime d’un accident. « On nous a simplement dit qu’il avait fait une chute. Rien de plus », raconte son père, Sarjoo. À leur arrivée à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, ils découvrent leur fils entre la vie et la mort, grièvement atteint au crâne et à la colonne vertébrale. L’espoir, fragile, s’est effondré cinq jours plus tard.
Le décès de Vedanand a plongé sa famille dans un profond désarroi. Aujourd’hui, c’est l’incompréhension qui domine. « Il travaillait seul ce jour-là, ce qui est contraire aux procédures. On a appris qu’une trappe avait été enlevée pour des travaux deux jours avant. Est-ce qu’elle avait été remise en place ? On ne sait rien. Mais mon frère est tombé de plusieurs mètres. C’est inacceptable », déclare Arnav, son cadet.
L’autopsie a confirmé que le jeune homme est décédé des suites de ses blessures. Une enquête a été ouverte au poste de police de Roche-Bois pour faire la lumière sur les circonstances exactes de l’incident. L’objectif est de déterminer si des manquements ont eu lieu en matière de sécurité.
La douleur est immense pour Sarjoo, le père. « Mon fils était un battant. Il avait des projets plein la tête. Il voulait construire sa maison, s’acheter une voiture. Il était indépendant. Ce n’est pas juste. Il ne méritait pas de mourir comme ça », confie-t-il, les larmes aux yeux.
La famille Jeetun ne réclame pas seulement justice pour Vedanand. Elle veut également prévenir d’autres drames similaires. « Nous voulons que la vérité éclate. Aucune autre famille ne devrait traverser une telle épreuve », martèle Arnav, déterminé à se battre pour que la mémoire de son frère ne soit pas oubliée.
L’employeur a plusieurs responsabilités concrètes :
- Maintenir un lieu de travail sans dangers prévisibles ;
- Effectuer des évaluations régulières des risques ;
- Dispenser des formations en santé et sécurité ;
- Nommer un Health and Safety Officer (entreprises de plus de 100 employés) ;
- Fournir gratuitement les équipements de protection individuelle (EPI) appropriés ;
- Signaler et enquêter sur les accidents graves.
Sécurité au travail : ce qu’il faut savoir

La sécurité au travail est encadrée par l’Occupational Safety and Health Act 2005 et les Health, Safety and Welfare Regulations 1980, explique Me Prisca Perianen, avocate. « Les employeurs ont l’obligation légale d’assurer la santé, la sécurité et le bien-être de leurs employés sur leur lieu de travail », insiste-t-elle.
Deux arrêts judiciaires récents illustrent la rigueur de cette obligation. Dans OSHI v Dakri Paper and Products Ltd [2023 IND 42], la négligence d’un employé n’a pas exonéré l’employeur. « Même si l’employé a été négligent, cela ne décharge pas l’employeur de sa responsabilité. Le test est objectif : on évalue si l’employeur a pris toutes les mesures raisonnables pour prévenir le risque. » De même, DPP v Flacq United Estates Ltd [2001 SCJ 301] met l’accent sur la sécurité du système de travail, et non sur la faute individuelle.
En cas de non-respect, les sanctions sont sévères. Selon l’article 95 de l’Occupational Safety and Health Act, les employeurs risquent jusqu’à Rs 75 000 d’amende et/ou un an d’emprisonnement. « Le non-respect peut engager la responsabilité pénale de l’employeur ou de ses représentants », précise Me Perianen.
L’Occupational Safety and Health Inspectorate, sous l’égide du ministère du Travail, joue un rôle clé. Les inspecteurs réalisent des visites régulières, parfois inopinées, pour vérifier la conformité. Ils enquêtent sur les accidents, émettent des avis d’amélioration, dispensent des formations et tiennent des registres des maladies et blessures professionnelles. « Ils ont le pouvoir de sanctionner en cas de manquements », ajoute l’avocate.
Les hôtels ne font pas exception. Les Occupational Safety, Health, and Welfare (Employees’ Lodging Accommodation) Regulations 2011 imposent des inspections des hébergements des employés, avec des mesures coercitives en cas de non-conformité.
En cas d’accident grave, les victimes ou leurs proches disposent de plusieurs recours, explique Me Perianen. Une victime survivante peut réclamer une indemnisation, tandis qu’en cas de décès, les proches peuvent engager des poursuites pour négligence. Les options incluent :
- Poursuites pénales (ex. : homicide involontaire pour négligence grave).
- Actions civiles pour dommages et intérêts (perte de revenus, souffrance morale, frais funéraires).
- Réclamations d’assurance via une assurance responsabilité civile.
- Indemnisations automatiques prévues par la Workers’ Rights Act 2019, via le Workmen’s Compensation Board.
- Pensions de survivants et aides financières via le National Pension Scheme et le National Savings Fund.
« En cas d’accident grave ou mortel, la loi prévoit une indemnisation automatique, sans nécessité de prouver une faute », souligne Me Perianen. Cette compensation, basée sur les revenus mensuels de la victime, peut être complétée par des dommages additionnels, si la négligence de l’employeur est établie.

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