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Après l’accord entre l’Ukraine et la Russie : une baisse des prix des produits alimentaires se profile à l’horizon

20 à 25 millions de tonnes de grains ont été débloquées.
  • Le blé, le maïs, le tournesol parmi les produits concernés  

La Russie et l’Ukraine vont reprendre les exportations de céréales et produits agricoles via la mer Noire à la suite d’un accord signé en fin de semaine dernière. Ce développement devrait favoriser une baisse des prix au niveau mondial et, par ricochet, à Maurice. 

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L’Ukraine et la Russie ont signé, le 22 juillet à Istanbul, deux accords séparés avec la Turquie et les Nations unies. Un accord qualifié d’inédit qui permettra la reprise des exportations russes et ukrainiennes de céréales et produits agricoles via la mer Noire. Des couloirs sécurisés vont être mis en place pour permettre la circulation des navires marchands et les deux parties se sont engagées à ne pas attaquer les points de passage. 

Cet accord sera valable pendant 120 jours, soit quatre mois. Ce qui devrait laisser le temps de sortir les quelque 20 à 25 millions de tonnes de grains entassées dans les silos d’Ukraine (ces grains sont restés bloqués depuis le début de la guerre entre les deux pays en février). Les premiers convois quitteront l’Ukraine dès cette semaine. 

Une nouvelle qui rassure. « Les prix des grains, surtout du blé, avaient explosé depuis février-mars en raison de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Cet accord aura donc un impact positif », soutient Rajiv Servansingh, directeur général de la State Trading Corporation (STC). 

Il faut savoir que l’Ukraine et la Russie sont deux poids lourds de l’agriculture mondiale et représentent 30 % de la production mondiale de blé. L’Ukraine est aussi un acteur majeur pour le tournesol. « Du coup, les prix au niveau mondial devraient baisser dans les jours et semaines à venir. Et cela sera éventuellement répercuté à Maurice », se réjouit Rajiv Servansingh.  

Des prix tirés vers le bas 

Assad Bhuglah, économiste et spécialiste en commerce international, y va aussi de son commentaire. « Si l’on pouvait obtenir une partie de ces grains, ce serait bénéfique pour les Mauriciens. Dans tous les cas, les pays les plus proches, notamment ceux d’Europe et d’Afrique du Nord, vont en profiter », avance-t-il. 
Pour Assad Bhuglah, cet accord démontre que la mer Noire est devenue un accès stratégique pour dédouaner les céréales ukrainiennes et les fertilisants russes. « À Maurice, malheureusement, nous n’avons jamais vu la mer Noire comme un business hub. Cependant, si jamais l’Égypte bénéficie de cet accord, Maurice sera gagnant aussi, vu que nous en importons plusieurs produits, dont l’huile », soutient-il. 

Il s’attend lui aussi à une baisse des prix. « Tout est une question d’offre et de demande. Avec 20 à 25 millions de tonnes de grains qui seront débloquées et d’autres récoltes qui arrivent, les prix vont être tirés vers le bas. Et Maurice en profitera » souligne-t-il. 

De son côté, l’économiste Georges Chung met en exergue une série de facteurs qui font augurer une baisse des prix. 

« La pression sur les prix est déjà arrivée à son niveau le plus élevé. Le prix du baril de pétrole, qui est un critère important dans la gestion de l’inflation à travers le monde, a commencé à chuter depuis environ deux semaines et est loin de son pic des 120 dollars. Selon les prévisions, les prix vont chuter davantage même s’ils vont fluctuer sur le court terme. Ce qui aidera à mitiger les effets inflationnistes dus au manque de produits alimentaires », explique-t-il. 

Il fait aussi ressortir qu’après plus de cinq mois de guerre en Ukraine, les autres pays producteurs comme l’Inde, la Thaïlande ou les États-Unis, ont pu avoir le temps de terminer leurs cycles de production. 

« Maintenant, avec cet accord, on peut s’attendre à des effets bénéfiques sur les prix des produits alimentaires. Avec tous ces facteurs combinés, les projections par rapport à l’inflation sont relativement bonnes pour les prochains mois voire l’année prochaine. Cela ne veut pas dire que le problème de l’inflation a été réglé. Cependant, il est devenu moins grave qu’il y a un ou deux mois », dit Georges Chung. 

S’il est d’avis que cet accord va alléger la pression sur les prix, ce haut cadre d’une compagnie de distribution estime qu’il est aussi important de se focaliser sur ce qu’il va se passer après. « Le plus important, c’est ce qui adviendra dans les deux prochaines années. Où trouver d’autres sources d’approvisionnement car l’Ukraine n’aura pas les mêmes récoltes qu’avant la guerre », se demande-t-il. 

Quoi qu’il en soit, on devrait être fixé sur l’évolution des prix des produits agricoles avec l’arrivée des prochaines cargaisons. 

Pour une présence diplomatique en Turquie 

Assad Bhuglah est catégorique : il est grand temps que Maurice ait une présence diplomatique en Turquie. « Cela nous permettra de savoir ce qui se passe dans cette région et nous en apprendrons un peu plus sur la sécurité maritime et la logistique dans cette partie du monde », explique-t-il.  Il recommande au pays d’y installer un bureau, à défaut d’une ambassade. « Nous aurons ainsi des renseignements en temps réel. La Turquie est aujourd’hui un pays très important. N’oublions pas que ce sont les Nations unies qui ont chapeauté cet accord. Il est important que nous soyons présents à Istanbul », conclut-il.  

 

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