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Alan Ganoo : «Le montant des amendes pour les motocyclistes va augmenter»

Alan Ganoo, Alain Jeannot et Barlen Munusami.

Le gouvernement lance une campagne pour la sécurité routière avec comme slogan « Zéro accident ». Selon les intervenants de l’émission « Au Cœur de l’Info sur Radio Plus » ce mercredi, le comportement des usagers de la route, et notamment des jeunes motocyclistes, est à déplorer et les moto-écoles n’ont pas atteint leur objectif.

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«Zéro accident » : c’est le nouveau slogan du gouvernement pour renforcer la sécurité routière. Mais est-ce que cet objectif est réalisable ou impossible ? C’était le thème de l’émission Au Cœur de l’Info de ce mercredi 7 octobre 2020. Eshan Dinally et Jane Lutchmaya ont abordé la question avec Alan Ganoo, ministre du Transport et du Métro Express, Barlen Munusami, auteur du « Guide complet du conducteur », et Alain Jeannot, de l’ONG Prévention Routière Avant Tout (PRAT).

Selon Alan Ganoo, le slogan « Zéro accident » peut être un objectif qui paraît difficile à atteindre, mais il représente « une motivation pour la population ». « Le nombre de morts est choquant. La situation est alarmante », dit le ministre, qui précise que 49 % des victimes depuis le début de l’année sont des motocyclistes, dont sept sont des passagers.  Le State Law Office prépare des réglements pour augmenter les pénalités pour les conducteurs de deux-roues. 

« Zéro accident n’est pas une illusion », estime Barlen Munusami. « On a placé la barre haut pour atteindre un certain résultat. Je pense qu’il faut un changement d’attitude et de comportement sur la route. Cela est très difficile. Il y a une approche souple à travers des campagnes de sensibilisation, et une approche dure. Avec une formation dès le bas âge, on réussit à changer l’attitude dans le long terme. Mais quand des gens ont un égo fort, il faut l’approche dure qui est la répression. Elle apporte des résultats à court terme surtout quand ça touche le portefeuille et la liberté.  », affirme l’auteur.

Alain Jeannot estime que la prévention n’a pas échoué avec 11,7 victimes pour 100 000 habitants. Mais, selon lui, nous pouvons descendre à six tués pour 100 000 habitants sur plusieurs années. « Il faut s’attaquer à la maladie. Les jeunes de 15 à 29 ans représentent 32 % des victimes de la route, alors qu’ils ne représentent que 20 % de la population. 50 % de ces jeunes sont en deux-roues. Il faut donc concentrer la campagne sur eux, et il faut connaître les causes des accidents, d’où le besoin d’un observatoire. L’indiscipline sur la route est le miroir de l’indiscipline dans la société. Les jeunes violents à l’école et ceux qui ne sont pas sensibilisés par leurs parents aux dangers de la route ne peuvent devenir de bons conducteurs. Il faut revoir l’aspect sur le respect sur la route. Là où Le bât blesse pour les jeunes, c’est le respect des autres et du code de la route », explique-t-il. 

Répression : Meilleur Moyen 

Alan Ganoo annonce que les montants des amendes pour les motocyclistes vont augmenter. « La répression n’est pas toujours la seule réponse. Mais je suis convaincu que quand il s’agit de la sécurité routière, il n’y a pas meilleur moyen. Lorsque les sanctions ont augmenté pour la conduite en état d’ivresse, il y a eu une baisse des cas. Par exemple, nous allons amender les règlements pour que les plaques d’immatriculation soient plus visibles. Il faut aussi augmenter l’amende pour le non-port du casque. Lors d’une opération de contrôle auprès des motocyclistes, une centaine d’amendes ont été dressées. C’est vrai qu’il est plus difficile d’appréhender les motocyclistes. Mais il y aura aussi une campagne de sensibilisation auprès des jeunes motocyclistes. Malheureusement, nous devons avoir recours aux coups de fouet », prévient-t-il.

Repenser Les Moto-écoles 

Le problème concernant les jeunes motocyclistes est le manque de formation, selon Alan Ganoo. « Si on pouvait les former correctement, il est clair qu’il n’y aurait pas autant d’accidents les concernant. Les moto-écoles n’ont pas fonctionné mais nous repensons à un modèle de formation pour les motocyclistes ainsi que pour les automobilistes », annonce-t-il. 

« Le problème vient aussi du niveau des examens du permis de conduire, ainsi que de la formation des moniteurs et des examinateurs. La grande majorité des candidats au permis moto échouent à l’examen. J’ai proposé au Conseil des ministres un accord avec le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) pour la formation continue des moniteurs. Environ 200 000 motocyclistes conduisent sans permis de conduire, avec uniquement le ‘learner’. Il a fallu rallonger le moratoire à 2023 pour que les 200 000 personnes concernées passent leur permis de conduire », affirme Alan Ganoo. 

Barlen Munusami pense que le projet de moto-école était viable, mais que son implémentation ne s’est pas bien faite, car pas adaptée au contexte local. « Il s’agissait d’un projet lucratif. On a dépensé beaucoup pour former les moniteurs, mais on ne les a pas laissé travailler à leur compte. De l’autre côté, on a fait investir de grosses sommes par les moto-écoles, mais on les obligeait à ne prendre que les moniteurs formés. Rozil Moto-école est la seule qui fonctionne encore, car il n’y a pas d’interdépendance entre ses moniteurs qui étaient déjà employés par la compagnie et elle », dit-il. 

Il cite l’exemple des moniteurs d’auto-école « qui dispensent des formations pour passer l’examen, pas pour apprendre à conduire. Ils ne donnent pas de formation en conduite défensive, ils ne font que montrer à leurs élèves comment se passe l’examen. Le carnet d’apprentissage permettrait d’assurer que la formation couvre tous les aspects, comme la conduite de nuit et sous la pluie ainsi que la mécanique de base. Mais avant tout il faut une remise à niveau des moniteurs », clame-t-il. 

« Les moto-écoles sont une bonne chose, mais elles ne sont pas magiques. En Malaisie où il y a 50 % de deux-roues motorisés avec des moto-écoles, le permis à point et de bonnes infrastructures, il y a tout de même 23 tués pour 100 000 habitants. Il y a beaucoup de choses à faire, mais il faut voir en profondeur », juge Alain Jeannot. 

Mesures à appliquer

Barlen Munusami explique que le facteur humain est à l’origine de 90 % des accidents. Selon lui, les autres facteurs sont l’infrastructure et dans une moindre mesure, les défauts mécaniques. De son côté, Alan Ganoo rappelle que le gouvernement travaille sur l’observatoire de la sécurité routière et sur le bonus-malus au niveau des assurances. « Il y aura aussi des cours de sécurité routière dans les écoles. […] », déclare-t-il. Enfin, Alain Jeannot pense qu’il y a une perception que les sanctions en cas d’homicide involontaire lors d’accidents ne sont pas adéquates.

Deux-roues électriques : nouveaux réglements

Le ministre du Transport indique que parmi les utilisateurs de deux-roues électriques, quatre sont morts depuis le début de l’année 2020. Les nouveaux règlements ont été présentés au Conseil des ministres il y a trois semaines. Les deux-roues électriques de plus de 250 watts devront être enregistrés, assurés et leurs utilisateurs devront porter un casque. Les utilisateurs de motocyclettes électriques puissantes devront avoir le permis de conduire. Les motocyclettes de moins de 250 watts ne seront pas concernées. Ces règlements seront prochainement rendus publics. 

 

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