« COVID-19 : comment mieux protéger la population ? » C’était le thème central abordé dans l’émission « Au cœur de l’info » de Radio Plus le vendredi 12 novembre 2021. Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul ont reçu sur le plateau le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval.
Mesures de restriction
Pour Xavier-Luc Duval, le fait que le Premier ministre annonce de nouvelles mesures de restriction « en urgence » le jour même de son retour au pays de Glasgow n’est pas anodin. « Cela démontre que la situation se détériore tous les jours et que pendant longtemps, le gouvernement est resté dans un certain déni, refusant de faire face à la vérité », a-t-il dit.
Selon lui, les quatre semaines de restriction annoncées par Pravind Jugnauth ne seraient pas suffisantes. « Demander uniquement à la population de faire des sacrifices ne suffira pas. Il faut des sacrifices couplés à des efforts du gouvernement. J’aurais peut-être alors accepté des mesures plus dramatiques jusqu’à ce que le gouvernement vienne avec une solution. Mais là, nous constatons une série de mesures contraignantes (pour la population) mais sans aucun effort du gouvernement », a-t-il expliqué.
Vaccination
Le leader de l’opposition est d’avis que la population n’a pas bénéficié des meilleurs vaccins, sous-entendant que cela aurait favorisé la propagation du variant Delta lorsque les frontières ont été partiellement rouvertes dès septembre. « C’est bien de se procurer des vaccins, mais il y en a qui offrent une meilleure efficacité et pour une plus longue durée. Depuis août (2020 ; NdlR), nous demandions si des vaccins avaient été précommandés. On nous avait traités de stupides. Résultat : on se retrouve aujourd’hui avec des vaccins de deuxième grade », a-t-il indiqué. Xavier-Luc Duval a, au passage, déploré le fait que ce soit la classe des travailleurs qui ait été privilégiée pour la vaccination au détriment des personnes âgées.
Décès
Xavier-Luc Duval pense que les chiffres officiels avancés par le gouvernement sur le nombre de décès dus à la COVID-19 sont erronés. « Il suffit de contacter les sociétés de pompes funèbres pour s’en apercevoir », a-t-il précisé. Pour lui, le nombre réel de morts serait deux à trois fois supérieur à celui divulgué.
Le leader du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) soutient qu’en matière de décès, Maurice est dans une situation très défavorable en comparaison avec d’autres pays. Il a déploré la lenteur du gouvernement à se procurer des médicaments contre la COVID-19. « D’un côté, il nous dit que nous sommes une population à risque. De l’autre, il croise les bras », a-t-il décrié.
Prise en charge
Concédant que médecins et infirmiers de service à l’hôpital sont sous pression, Xavier-Luc Duval a indiqué qu’il y aurait néanmoins de nombreuses doléances par rapport aux soins prodigués. Il note que l’hôpital ENT est pour ainsi dire hermétique.
« À l’étranger, vous pouvez constater la situation dans les hôpitaux. Or, à l’ENT, vous ne savez rien de ce qui se passe. C’est comme une prison », dit-il. Pour le leader des bleus, il faudrait non seulement que le gouvernement adopte un langage de vérité mais il faudrait aussi plus de transparence. « Laissez le personnel livrer ses impressions sur ses conditions de travail », a-t-il exhorté.
Relâchement
Xavier-Luc Duval réfute l’hypothèse selon laquelle il y aurait eu un relâchement de la population. Il considère qu’elle n’est pas à blâmer. « Lorsque vous recensez plus de 2 000 cas positifs par jour mais que vous venez dire tous les jours qu’il y a eu seulement 74 ou 75 cas, lorsqu’on ne vous dit pas toute la vérité et que les Mauriciens sont fatigués et souhaitent retrouver leur vie d’avant, le coupable c’est le gouvernement, avec son message répété en boucle de ‘tou korek’. »
Système hospitalier
Le leader de l’opposition considère que les hôpitaux sont sous pression de par les nombreuses personnes infectées qui y convergent quotidiennement. Il indique que des instructions ont été données pour que la priorité soit accordée aux patients nécessitant des opérations urgentes et non aux cas non urgents ne nécessitant pas une hospitalisation. « De ce fait, tous ceux qui sont malades sont mis de côté. Pendant ce temps, des gens souffrent lorsque leurs interventions sont reportées. Il y a donc ceux qui souffrent de la COVID-19 et ceux qui souffrent à cause de la COVID-19 », a-t-il dit.
Stratégie
Le secteur de la santé nécessiterait une « grande réforme », à en croire Xavier-Luc Duval. Selon lui, avoir un ministre de la Santé qui soit médecin ne serait pas toujours une bonne chose. « Il aura tendance à toujours avoir en tête la confrérie, sachant que lorsqu’il ne sera plus ministre, il devra remettre à nouveau sa blouse blanche (…) », a-t-il lancé, estimant que cette situation ne sera pas toujours dans l’intérêt des patients. Il faudrait, selon le leader du PMSD, garder les médecins dans les hôpitaux et confier la gestion du ministère à un administrateur.
Éducation
Xavier-Luc Duval se réjouit de la décision d’arrêter les classes en présentiel. « Nous avions demandé la fermeture des écoles car nous savons que c’est difficile de demander aux jeunes de s’adapter aux gestes barrières, surtout durant les heures de récréation. On se demande toutefois où nous en sommes avec les cours en ligne. Dans le privé, on parvient à le faire mais pas au niveau de l’éducation publique », a-t-il allégué.
Tourisme et économie
Le leader de l’opposition s’est dit « agréablement surpris » par l’engouement des touristes pour Maurice depuis la réouverture des frontières. « C’est probablement parce que celles d’autres pays sont encore fermées et aussi parce qu’une île offre une certaine confiance. » Bien que la Mauritius Commercial Bank ait revu à la baisse ses prévisions pour le taux de croissance du pays, Xavier-Luc Duval dit croire dans les atouts du pays.
« Nous sommes un pays sûr, de par notre position géographique. L’immobilier se développe et nous avons un secteur financier encore viable. Nous ne sommes pas trop mal non plus au niveau du textile et nous parvenons à commercialiser nos sucres spéciaux », s’est-il réjoui.
Travaux parlementaires
Appelé à commenter la reprise parlementaire et l’attitude du Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, Xavier-Luc Duval a déclaré que la démocratie parlementaire est passée par des moments difficiles avec certains agissements. « Allons-nous témoigner d’une amélioration ? Nous nous posons la question. Il (le Speaker ; NdlR) n’était pas si mauvais la première semaine », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il a trouvé la performance du Deputy Speaker, Zahid Nazurally, d’« okay ». Celui-ci avait remplacé le Speaker absent mardi de l’Assemblée nationale.
Changement climatique
Au sujet de l’épineux sujet du changement climatique, Xavier-Luc Duval est d’avis que le pays sera impacté même si nous parvenons à atteindre un jour la neutralité carbone. « Notre priorité est de nous protéger. Car peu importe ce que nous faisons, si les autres pays ne réduisent pas leur émission carbone, nous serons dans un gros problème. Nous devrions aussi avoir un rôle davantage diplomatique, ensemble avec les Maldives et les Seychelles, en rencontrant les pays pollueurs et en leur demandant d’agir au plus vite », a-t-il suggéré.
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