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Welfare state : un outil pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs

Population

L'État providence a énormément contribué à modifier le quotidien de plusieurs générations de travailleurs.

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« Grâce à l’éducation gratuite les enfants de travailleurs ont pu gravir l’échelle sociale. »

L’État providence est une conception où l'État intervient dans les domaines économiques et sociaux pour une redistribution des richesses afin de s'assurer que tous ses citoyens puissent jouir d'un certain niveau de vie.
Dev Luchmun, un consultant en relations industrielles, explique que si le principe de l'État providence prend sa source dans la révolution industrielle en Europe, notamment en Angleterre et en Allemagne, à Maurice, son champion est sans conteste  l'ancien Premier ministre, Sir Seewoosagur Ramgoolam. « C'est grâce à lui qu'aujourd'hui, toute la population indistinctement bénéficie d'un service de santé et d'éducation gratuit ainsi que d’une pension de vieillesse universelle, octroyée aux citoyens dès l’âge de 60 ans. Il faut aussi compter les subsides sur le riz, la farine et sur le gaz ménager et la politique de logements sociaux, autant de mesures qui sont d’une grande aide, en particulier aux plus démunis de la société », dit-il.

Pression internationale

Le consultant estime que ces mesures constituent la base même de l'État providence. Il apprécie le fait que, malgré les diverses secousses économiques, tous les régimes politiques qui se sont succédé ont plus ou moins résisté aux pressions des organismes internationaux pour remettre en question le principe de l'État providence. Au contraire, poursuit Dev Luchmun, ils ont trouvé le moyen de prendre des mesures en faveur des plus démunis de la société. Il cite notamment le transport gratuit dont bénéficient les étudiants et les vieilles personnes, l'octroi d'une allocation financière sous forme d’impôt négatif dépendant des revenus des salariés et des exemptions sur l’impôt sur le revenu, une mesure qui profite particulièrement à la classe moyenne. « La qualité de vie des travailleurs et de leur famille ne dépend pas seulement des lois du travail, mais aussi des mesures économiques et sociales », dit-il.

La grande majorité de la classe laborieuse n'aurait pas pu bénéficier de soins appropriés si le système de santé était payant à Maurice. « C'est difficile, pour ne pas dire impossible, pour les  travailleurs, même ceux de la classe moyenne, de se faire soigner dans une clinique privée où les coûts sont très élevés », souligne Potaya Kuppan, ancien syndicaliste et président de la Southern Old People Association.

Il est reconnaissant envers l'État qui, malgré les pires difficultés économiques, continue à investir massivement dans le système de santé publique. « Dans le dernier budget, une somme de Rs 12,2 milliards a été allouée pour améliorer le service médical, au niveau des infrastructures et du renforcement du personnel. Ce sont des mesures qui vont bénéficier à la population », fait-il remarquer.

Il trouve que, bien que le service de santé public ne soit pas exempt de certaines critiques, il y a un effort constant des autorités pour l'améliorer. À cet effet, il plaide pour que le centre de santé de Souillac soit converti en un hôpital à part entière pour servir les habitants du sud et d'une partie de Rivière-Noire.

Elvis se dit redevable envers le service de santé public pour les soins qu'il a reçus après avoir souffert récemment d’une déficience cardiaque. « Je participais à une compétition sportive organisée par la compagnie, dans laquelle je travaille, quand j'ai soudain ressenti un malaise et je suis tombé. J'étais inconscient. Le SAMU est intervenu promptement et après les premiers soins, j’ai été transporté à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo où on a constaté que j'avais les artères bouchées et que je devais subir une intervention chirurgicale urgente. J’ai été opéré le lendemain et aujourd'hui, je me sens mieux. Je n’arrête pas de me demander combien j'aurais eu à payer pour un tel service dans une clinique privée », dit-il.

Éducation gratuite

L'éducation gratuite est aussi un pilier de l’État providence. Le gouvernement dépense des dizaines de milliards de roupies annuellement pour que les enfants de la République puissent avoir la meilleure éducation possible. Le syndicaliste Devanand Ramjuttun se souvient toujours avec peine de l'époque lointaine où l'éducation secondaire était payante. Issu d'une famille modeste, ses parents n’ayant pas les moyens financiers pour payer ses études. Il a dû quitter le collège en Form 2. C’est ainsi qu’il a travaillé comme laboureur pour les planteurs de tabac, de canne à sucre et de légumes pour un salaire d'une roupie par jour. Il a aussi travaillé dans la distribution de chaux vive dans l’industrie sucrière pour 75 sous par jour avant de trouver de l'emploi, en 1974, comme laboureur sur la propriété de Solitude.

Toutefois, animé par la soif de connaissance, il a poursuivi ses études en privé. « Après le travail, j'allais prendre des leçons particulières et je faisais mes devoirs dans les champs de cannes ».  Plusieurs volontaires l’ont aidé dans ses études.  C'est ainsi qu'il a pu prendre part brillamment aux examens du School Certificate. Il est aussi détenteur d'un General Certificate of Education (GCE). Aujourd'hui, Devanand Ramjuttun est l'un des dirigeants syndicaux les plus influents du pays, avec une bonne maîtrise de l'anglais. L'éducation secondaire est devenue gratuite en 1977 et il est reconnaissant envers les autorités qui, malgré de graves secousses économiques, ont maintenu sa gratuité. Il avance que cela a permis à  des enfants de travailleurs de devenir des professionnels dans des domaines tels que la médecine, l'informatique et le management. Ils occupent des postes qui étaient l’apanage de certains privilégiés. « Grâce à l'éducation gratuite, les enfants de travailleurs ont pu gravir l'échelle sociale », dit-il.

C'est aussi le cas de Jean-Paul qui vient de décrocher un BSc en informatique de l'Université de Technologie (UTM).  Il explique que son père est mort alors qu'il était dans le cycle primaire. « Du jour au lendemain, notre vie a basculé et notre mère a dû travailler pour subvenir à nos besoins. L'éducation secondaire gratuite a été déterminante pour la  poursuite de mes études », dit-il.

Jean-Paul explique qu'après son HSC, sa maman s'est beaucoup sacrifiée pour financer ses  études tertiaires. Il trouve que malgré certaines faiblesses, l'éducation gratuite a fait ses preuves. « C'est une arme pour aller de l'avant », dit-il.

 

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