Cette année 2023 marque le 85e anniversaire des premières célébrations de la fête du Travail à Maurice. C’était le 1er mai 1938 au Champs de Mars où quelque 30 000 travailleurs s’y étaient rendus à pied,
en train et par tout autre moyen de transport pour écouter aux discours de Maurice Curé, d’Emmanuel Anquetil et d’autres tribuns.
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Forts de leurs convictions, les travailleurs, constitués en grande partie d’artisans et de laboureurs de l’industrie sucrière, sacrifièrent un jour de salaire pour descendre dans la capitale. À cette époque, le 1er mai n’avait pas encore été décrété jour férié
C’est le 1er mai 1950 que, pour la première fois à Maurice, la Journée internationale des travailleurs fut décrétée jour férié. Cela, grâce à une motion présentée, un an plus tôt par Guy Rozemont, président du Parti travailliste et de la Mauritius Engineering and Technical Workers Union, au Conseil législatif.
L’histoire retiendra que lors d’un rassemblement public à Rose-Hill, le 8 mai 1946, le tribun Emmanuel Anquetil lança un appel pour que le 1er mai soit jour férié. Malheureusement, il ne put voir la concrétisation de son rêve. Il mourut, le 29 décembre de la même année, d’une pneumonie. Il avait 61 ans.
Il est aussi important de savoir que la reconnaissance officielle de la fête du Travail est aussi la culmination d’une série d’événements et de manifestations qui ont marqué l’histoire du mouvement ouvrier à ses débuts.
Tentative avortée d’introduire le Trade Union Bill en 1926
En effet lors de son discours, le 25 mai 1926, le Gouverneur sir Herbert James Read prit l’engagement de présenter deux projets de loi. L’un portait sur la création des syndicats (Trade Union Bill). Introduit le 31 août de la même année, ce projet de loi fut mis en veilleuse, faute de soutien. Ce n’est que 12 ans plus tard (17 mai 1938) que le gouvernement vota l’Industrial Association Ordinance suivant les recommandations de la Commission Hooper à la suite des troubles de 1937.
Les grèves de 1943
C’est le coût de la vie de plus en plus élevé, entre 1941 et 1942, qui poussa les laboureurs de l’industrie sucrière à réclamer une hausse salariale en 1943. Cela, d’autant plus que les usiniers avaient bénéficié d’une hausse dans le prix du sucre. Les usiniers refusèrent et, pour sa part, le directeur du Travail avait estimé que le niveau des salaires était suffisant. L’affrontement fut inévitable.
Le 19 janvier 1943, une centaine de laboureurs de la sucrerie Belle-Vue Harel organisèrent une marche de la faim. Des actions similaires se succédèrent sur d’autres propriétés sucrières aussi bien que des grèves et arrêts de travail. Le 13 septembre 1943, une grève éclata à Belle-Vue Harel, suivie d’une fusillade qui fit trois victimes, parmi Anjalay Coopen.
Suivant ce triste événement, le syndicaliste Hurryparsad Ramnarain entama une grève de la faim pour forcer le gouvernement à instituer une commission d’enquête. Huit jours plus tard, sa demande fut agréée et le gouvernement institua la commission Moody. Elle conclut que les principales raisons de ces grèves étaient les bas salaires. Le 12 décembre 1943, l’Industrial Organisation Act fut amendée pour permettre à d’autres catégories de travailleurs de se syndiquer.
La Commission Hooper en 1938
C’est à la suite des troubles industriels où quatre laboureurs tombèrent sous les balles (Sookdeo Gobin, Anandoh Gowree et Dawood Lalmahamood à Union Flacq, le 13 août 1937 et Ayoob Madarbaccus, le 27 suivant à L’Escalier) qu’une commission, présidée par Charles Arthur Hooper, fut instituée, le 18 août de la même année, pour faire la lumière sur cette sombre affaire et faire des recommandations dans un délai de trois mois. Toutefois, vu la complexité de ces travaux, c’est le 18 décembre 1937 que la commission boucla ses travaux. Elle recommanda, entre autres, la création de syndicats pour défendre les droits des travailleurs aussi bien que la mise sur pied d’un Labour Department qui allait par la suite devenir le ministère du Travail.
Les quelques grandes dates du monde du travail
- Création de la General Workers Federation en 1970 qui sera, durant de longues années, le fer de la lutte syndicale à Maurice.
- Introduction de l’Industrial Relations Act en 1973, suivie de la Labour Act en 1975
- Introduction d’une End of Year Gratuity Act en 1976
- L’introduction du comité tripartite annuel en 1977 pour accorder une compensation salariale aux salariés pour la perte de leur pouvoir d’achat
- Introduction de l’Occupational Safety & Health Act de 2005
- L’introduction de l’Employment Relations Act et de l’Employment Rights Act en 2008
- Introduction du salaire minimum en 2018
- L’introduction du Workers’ Rights Act en 2019, avec des acquis additionnels pour les travailleurs (Portable Retirement Gratuity Fund qui cumule les années de service des travailleurs du secteur privé quel que soit le nombre d’employeurs pour lesquels ils ont travaillé durant leur carrière) ; l’introduction des congés de paternité et le congé de maternité passant à 14 semaines, entre autres.
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