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Vinaye Ancharaz, économiste : «L’injection de liquidités dans la masse monétaire va provoquer une flambée des prix»

La résilience sociale a été l’un des axes privilégiés par le ministre des Finances dans le Budget 2024-25. Les mesures sociales vont-elles réduire les inégalités comme le prétend Renganaden Padayachy ?
Tout d’abord, il serait essentiel de définir le sens de l’inégalité dont parle le ministre des Finances. Renganaden Padayachy a qualifié d’historique l’introduction d’une allocation Égalité des chances. Une somme de Rs 2 000 sera accordée à chaque ménage qui touche moins de Rs 20 000 par mois. C’est une bonne mesure. Cependant, ce n’est pas suffisant. La méthode optée par le ministre des Finances pour gérer la cherté de la vie  n’est pas adéquate. Maurice est tributaire des importations. En s’attaquant à l’inflation importée et à la dévaluation de la roupie, on aurait adressé la racine du problème. Rien n’a été proposé dans le Budget 2024-25 pour mitiger cette problématique. Des mesures pour contrôler le prix des médicaments et réduire le coût des carburants étaient attendues. Nous avons eu droit à des mesures palliatives dont l’impact positif sur l’érosion du pouvoir d’achat sera éphémère.      

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La structure des salaires au sein des entreprises va être chamboulée»

Quelles sont les répercussions économiques qui pourraient découler de ces mesures sociales et d’où le gouvernement puisera-t-il leur financement ?
Le ministre des Finances a choisi de gérer la perte du pouvoir d’achat en accordant plus d’argent aux ménages. La révision du revenu minimum garanti et de la Basic Retirement Pension (BRP) et la série d’allocations traduisent l’approche du Grand argentier. L’injection de  liquidités dans la masse monétaire va provoquer une flambée des prix et, par ricochet, l’inflation. C’est une manière d’alimenter la spirale inflationniste, ce qui permet au gouvernement d’engendrer du revenu. Le gouvernement collecte la taxe sur l’inflation et l’argent issu des cotisations de la Contribution Sociale Généralisée (CSG). C’est de là qu’est en partie puisé le financement des mesures sociales.   

Le passage du revenu minimum garanti à Rs 20 000 entraînera-t-il une influence positive sur la productivité ?  
Le salaire minimum est passé d’environ Rs 11 000 à Rs 16 500. Le gouvernement avait proposé Rs 2 000 sous forme de CSG Allowance. Cette première révision n’a pas été sans conséquence sur les entreprises. Le gouvernement avait affirmé qu’il apportera un soutien financier aux entreprises. Or, il s’avère que plusieurs entreprises sont toujours en attente. Le revenu minimum garanti passera à Rs 20 000 dès juillet comme annoncé dans le Budget. On comprend que le gouvernement se chargera du montant différentiel. La vraie question se situe au niveau de l’impact psychologique de cette nouvelle révision salariale sur les employés. Un débutant avec ou sans qualification touchera désormais un salaire de Rs 20 000. Il y a des employés qui, après plusieurs années au sein d’une entreprise, bénéficient d’une rémunération mensuelle de Rs 21 000. Il y a même des gradués, dont le salaire actuel est de Rs 22 000. N’est-ce pas injuste envers ces derniers ? Quel est le message envoyé à la population ? Que l’effort et l’éducation ne sont plus nécessaires ? Cela cause de la frustration parmi les employés et le risque d’une amplification de la fuite des cerveaux est bien réel. C’est une réduction des inégalités qui augmente l’injustice. 
Par ailleurs, la structure des salaires au sein des entreprises va être chamboulée, d’autant plus qu’une révision est prévue selon le ministre des Finances. Le coût d’opération des entreprises et leur compétitivité en subiront les conséquences.

 

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