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Valentin Halbwachs, atteint d’une maladie invalidante :  «Je veux monter mon entreprise et enseigner à l’université»

Le jeune homme est plein de vie et d’espoir. Il peut se servir de son ordinateur et de son téléphone portable.

La vie ne lui a pas fait de cadeau, mais ce n’est pas pour autant que Valentin Halbwachs s’apitoie sur son sort. Atteint d’une maladie qui lui condamne à se déplacer en fauteuil électrique, il ambitionne d’enseigner les sciences économiques et sociales et créer son entreprise Otrement Kapab. 

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Ce que certains qualifieraient de malchance, le Franco-Mauricien Valentin Halbwachs en a fait sa force. « Dans ma malchance, j’ai de la chance. Je peux faire des choses, comme utiliser mon téléphone, me servir de l’ordinateur, boire un verre d’eau avec une paille, même si je ne peux pas gratter mon nez seul. Il y a des gens qui sont dans des situations pires que moi », confie Valentin Halbwachs.

Le jeune homme de 24 ans, qui vit en France, est atteint d’amyotrophie spinale depuis sa naissance. C’est une maladie rare d’origine génétique, évolutive, invalidante et caractérisée par une dégénérescence des motoneurones alpha de la moelle épinière. Ce qui l’oblige à circuler dans un fauteuil électrique. Il est, certes,  quasi autonome, mais il doit quand même se faire épauler par un auxiliaire de vie 24/7.

Otrement Kapab : service d’aide de vie à domicile pour les personnes en situation de handicap

C’est d’ailleurs avec son axillaire de vie, Geoffrey Medassi que Valentin Halbwachs caresse le rêve de lancer Otrement Kapab. Il s’agit d’une entreprise qui propose un service d’aide de vie à domicile pour les personnes autrement capables. « Je souhaite mettre en relation les bénéficiaires et les auxiliaires de façon qualitative. En France, c’est très business minded et les gens oublient que c’est l’humain qui doit être au cœur du service », confie-t-il. 

Pour lui, il est impératif de donner le service à l’individu en situation de handicap, mais il ne faut pas pour autant négliger l’aspect émotionnel. « Il ne faut pas que la personne soit un poids pour l’axillaire. Otrement Kapab va justement apporter le service et aussi le support affectif. Je compte lancer cette entreprise en France dans un premier temps, puis à Maurice dans quelques années », confie Valentin Halbwachs. Ce dernier ne peut pas démarrer son projet à Maurice de par sa binationalité. Ses grands-parents sont Français. En tant que tel, il perçoit des allocations de l’État français. 

« La France aide beaucoup les personnes handicapées. Tout est subventionné à 100 % et j’ai droit à des auxiliaires 24/7. Mon but est de retourner à Maurice dans quelques années pour mettre en place cette structure », confie notre interlocuteur. 

En attendant, pour mener à bien son projet, il s’est tourné vers le crowdfunding à travers la plateforme crowdfund.mu. Le coût total du projet s’élève à 20 000 euros (Rs 1 million). Il s’attend à récolter de Rs 250 000 pour commencer le projet. 

Master en Sciences économiques et sociales 

Valentin Halbwachs entame la dernière année de son Master MEEF (métier de l’enseignement de l’éducation et de la formation) en Sciences économiques et sociales (SES) en France. Son but est de devenir professeur. Il voudrait enseigner le SES au lycée, puis à l’Université. 

« Je ne me sens pas différent des autres.  Mon fauteuil est une réalité physique, mais j’ai eu une vie quasi normale. Je vais à l’école en métro, j’ai une vie d’étudiant, comme les autres. C’est vrai que ce n’est pas facile tous les jours, mais je ne crois pas que la vie des autres personnes soit rose aussi au quotidien », confie-t-il.

D’ailleurs, le regard des autres ne lui a pas vraiment posé problème. Néanmoins, il concède que l’adolescence a été l’étape la plus difficile pour lui. « Les autres enfants ne réalisaient pas. L’adolescence, c’est le moment de l’épanouissement personnel et de la confiance en soi, et cela a été un peu compliqué pour moi. Mais j’avais la capacité et les outils pour rêver comme tous les autres. Grâce à mes parents, mes amis, et mes proches, j’ai fait fi de mon handicap. Et avec la maturité émotionnelle, la résilience et l’acceptation, j’ai une belle vie. Aujourd’hui, je veux monter mon entreprise et enseigner à l’université », ajoute-t-il.

Un parcours de combattant semé d’embûches

C’est à l’âge de 7 ans qu’on lui a diagnostiqué sa maladie. Avant de mettre un nom sur ce qu’il avait, Valentin Halbwachs s’est rendu dans divers pays pour effectuer des tests poussés. « Depuis l’âge de 4 ans, j’ai été transporté de pays en pays, d’hôpital en hôpital. Ensuite, j’ai subi des interventions chirurgicales chaque six mois. Au total, j’ai été opéré 14 fois, à la hanche et au dos, entre autres », se souvient notre interlocuteur. 

Loin de le considérer comme une personne malade, ses parents ont choisi de lui offrir une scolarisation normale. Il a fréquenté l’École du Centre, puis le Lycée des Mascareignes. En 2015, son BAC en poche il s’envole pour la France pour des études supérieures. Il fait deux ans à l’École de Commerce et réalise que l’accent n’est pas suffisamment mis sur l’humain. Il change et opte pour la sociologie et l’anthropologie. Il termine sa licence, mais la Covid 19 vient jouer au trouble-fête. Pendant deux ans, il a été contraint de s’isoler, avant de pouvoir se faire vacciner. C’est d’ailleurs pendant ce temps qu’il a monté son projet Otrement Kapab qui lui tient à cœur.

« En journée, je suis étudiant et pendant la nuit, entrepreneur. Je pense que chacun a le droit de vivre une belle vie. Avec la résilience et le lâcher-prise, peu importe la situation, on peut arriver à faire des choses exceptionnelles ».

 

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