L'affaire Alvaro Sobrinho fait tache d'huile sur l'image du secteur financier et éclaire sous un mauvais jour la Financial Services Commission.
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1. Quel est l'impact de l'affaire Alvaro Sobrinho sur l'image internationale du secteur financier de Maurice ?
L’image internationale de Maurice affectée
Dans une interview de presse datée du 3 mars 2017, le nouveau ministre des services financiers déclarait que l'affaire Alvaro Sobrinho « affecte l’image de notre secteur des services financiers au niveau international ». Effectivement, les personnes interrogées estiment que l’impact est moyen (40 %), voire élevé (37 %). Pour un économiste, « the credibility of the authorities might have been undermined by developments linked to this matter ». En revanche, certains relativisent les choses, soulignant que « such things are the normality in a financial centre », et que « the City of London has more scandals ». En tout cas, un scandale efface un autre, et « nobody cares, only self-interest prevails ».
2. Estimez-vous que la Financial Services Commission a bien fait son travail avant d'octroyer quatre permis à Alvaro Sobrinho ?
Le régulateur financier sur la sellette
La Financial Services Commission récuse toute maldonne dans son processus d'accorder quatre permis à Alvaro Sobrinho. Mais quatre sondés sur cinq sont d'avis qu'elle n'a pas bien fait son travail, qui est d'effectuer une recherche fondamentale en matière de Know Your Client. Certes, les sociétés de l'Angolais n'ont pas été autorisées à commencer leurs opérations avant de répondre à toutes les requêtes de la Commission. Mais « the real question is: did the FSC have a say? ». Elle a dû subir des « pressures from higher authorities », et le problème est que « the FSC does not have the level of independence of the Bank of Mauritius, not even of what is expected of a regulator ». Elle est perçue comme « a tick-the-box institution with bad governance ».
3. Quelle est votre perception du niveau d'intervention politique dans le fonctionnement de la Financial Services Commission ?
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Dangereuse mainmise politique
Celui qui fut ministre des Services financiers quand la Financial Services Commission accorda des permis à Alvaro Sobrinho nie une quelconque interférence ministérielle dans cette décision. Mais la perception est différente : tous les répondants soupçonnent que le fonctionnement de la Commission est entaché d'intervention politique. Celle-ci serait discrétionnaire, selon quatre analystes sur cinq. Est dangereuse méme une intervention limitée où « politics intervenes only in certain specific cases ». Si « the regulator must align with policymaking », on ne saurait avoir une FSC « politically compromised that can sign anything ». Est-ce pour des raisons politiques que « inspection of FSC licencees is often done on an arbitrary basis », et que « some FSC board members seem to have a potential conflict of interest » ?
4. Quelle est pour vous la juste valeur du titre New Mauritius Hotels ?
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La valeur subjective du juste prix
ENL Land et Rogers proposent de racheter les actions de New Mauritius Hotels à Rs 21, alors que le cabinet d'audit KPMG évalue le titre à Rs 30,96. Seulement 17 % des sondés estiment la juste valeur (fair value) de NMH à moins de Rs 22, et 23 % la considère à Rs 30 ou plus. Les premiers pensent que « the equity markets determine the true value of any share », les seconds que « book value and quoted price always differ ». Pour un consultant en investissement, « much depends on the Moroccan operations, and an impairment should reduce the valuation ». Et devant « a tendency to overvalue by adjusting down the discount rate », alors que « valuation is an art », un analyste se demande si Swan avait un « investment case » pour acheter à Rs 29, vu que NMH n’a pas déclaré des dividendes ces dernières années.
5. Comment voyez-vous l'engagement en général du secteur privé en faveur de la gouvernance d’entreprise ?
La bonne gouvernance au bout des lèvres
Des porte-parole du secteur privé parlent beaucoup de gouvernance d’entreprise, mais trois sondés sur cinq y voient un engagement timide des firmes, et 13 % la trouvent quasiment inexistante. Le fait demeure que « board appointments at several companies are questionable, and there is a lack of truly independent directors ». Un analyste fait ressortir « how difficult to buy unlisted shares and to get the listed companies to pay more dividends ». Ces sociétés font de « corporate governance only when it suits them », mais ne la pratiqueront pas « so long as the majority shareholders control more than 50% of shares ». Un banquier observe, lui, « more and more engagement from the listed companies », mais reste à savoir si l’action suit l’engagement.
6. Dans quelle mesure le corridor aérien Asie-Afrique est-il favorable à notre secteur touristique ?
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Demi-succès du corridor aérien
Le brusque retrait d’AirAsia est venu susciter des interrogations sur l’utilité du corridor aérien Asie-Afrique du point de vue touristique. Un sondé sur deux trouve cette stratégie assez favorable à notre industrie touristique, la compagnie aérienne ayant rapporté 10 000 touristes supplémentaires selon un conseiller du Bureau du Premier ministre. Cependant, sur l’axe africain, « the ferocious competition from all airliners in Africa, especially Ethiopian Airlines, will make it very challenging for the corridor ». D’ailleurs, « if a Chinese businessman or tourist wants to go to Africa, he will catch a more direct airline and route ». S’il accepte de faire un escale, il choisira de passer par Hong Kong pour voyager sur South African Airways, ou par Dubaï sur Emirates.
7. De quelle manière la construction relancera-t-elle l'économie mauricienne en 2017 ?
L’effet modéré de la construction
Selon Statistics Mauritius, la construction enregistrera une croissance de 7 % en 2017 après une croissance zéro en 2016. Le gouvernement compte beaucoup sur ce secteur comme
« much needed boost to the economy ». Selon un économiste, « the construction sector is likely to benefit from an upturn in private investment, notably within the residential segment, as well as from public infrastructure projects, notwithstanding implementations delays being observed ». Toutefois, 63 % d'analystes affirment que la construction ne relancera que modérément l'activité économique. Cette industrie en elle-même « ne génère pas beaucoup de valeur ajoutée » et « ne crée pas des emplois sur le long terme ». Et « while government spending will certainly be a catalyst, our industry captains will not invest in the present political climate ».
8. Quel taux d'inflation prévoyez-vous pour l'année 2017 ?
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Résurgence de l’inflation
À la suite de la hausse des prix des carburants, la Banque de Maurice prévoit un taux d'inflation (headline inflation) de 2,5 % pour l'année 2017, contre 1,0 % en 2016. L'inflation ne restera définitivement pas en dessous de 2,0 %. Deux tiers des sondés anticipent le même taux que la Banque centrale. Mais il existe le risque que le dollar américain s'apprécie davantage, sans compter que « fuel and food prices are expected to increase further in 2017 ». Sauf que « people feel insecure in this political climate and will be extremely careful », et donc, « consumer consumption will be restrained, thus counterbalancing any petrol price increase ».
Enquête réalisée par PluriConseil du 6 au 8 mars 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 30 analystes économiques et financiers.
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