Le marché français reste crucial pour le tourisme à Maurice, représentant 21,3 % des arrivées en 2024. Toutefois, face à une concurrence croissante et à l’évolution des attentes des voyageurs, les hôteliers estiment qu’il est essentiel pour Maurice de poursuivre son innovation, notamment en matière de développement durable et de connectivité aérienne, afin de préserver et renforcer son attractivité sur le marché français.
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Le marché français continue d’occuper une place stratégique pour l’industrie touristique mauricienne. En effet, la France a toujours été le premier marché émetteur de l’île. Chaque année, près de 300 000 visiteurs français foulent le sol mauricien, auxquels s’ajoutent environ 300 000 voyageurs en provenance de La Réunion. Ensemble, ces deux marchés représentent environ 35 % des arrivées touristiques globales à Maurice. Des données récentes de Statistics Mauritius confirment la tendance : avec 56 716 arrivées enregistrées sur les seuls mois de janvier et février 2025, la France demeure en tête, devant La Réunion et le Royaume-Uni.
Pour Jean-Benoit Nisin, Managing Director du pôle Lifestyle and Hospitality du groupe Medine, cette constance est d’autant plus significative qu’elle résiste aux turbulences mondiales et à la concurrence de nouvelles destinations tropicales à bas coût. « Malgré les défis rencontrés à l’international, le marché français reste un pilier essentiel de notre économie touristique », affirme-t-il. Même son de cloche du côté de Rémi Sabarros, directeur général des bureaux de Beachcomber en France, Belgique et Luxembourg. « La France demeure notre premier marché, avec une part stable autour de 20 % depuis quelques années. Ce chiffre reflète une demande soutenue et un attrait confirmé pour Maurice », confirme-t-il.
Cette dynamique se vérifie aussi au sein des établissements du groupe Constance, qu’il s’agisse du Constance Belle Mare Plage, du Prince Maurice, du Sakoa Boutik ou encore du C Mauritius. « La clientèle française y occupe une place de choix, témoignant d’un attachement durable à nos hôtels », souligne Anne Soulcié, Head of Sales - France Benelux and Scandinavia. Elle précise que, hormis la parenthèse liée à la Covid-19, le nombre de visiteurs français est en hausse constante, avec des années 2023 et 2024 particulièrement performantes.
Un marché en quête d’authenticité et du développement durable
Les tendances observées sur le marché français révèlent une évolution des attentes. Jean-Benoit Nisin note une appétence croissante pour l’authenticité et l’expérience mauricienne, devenue plus rare. « Les touristes ne veulent plus seulement lézarder au soleil. Ils recherchent des expériences uniques, à la fois à l’hôtel et hors des sentiers battus », dit-il. Cette volonté d’immersion, poursuit-il, se traduit aussi par un intérêt accru pour les séjours prolongés.
Anne Soulcié observe que les voyageurs français souhaitent aujourd’hui diversifier leurs expériences au cours d’un même séjour. « Ils veulent explorer les multiples facettes de Maurice — entre lagons, randonnées, découvertes culturelles », explique-t-elle. Elle note également que le tourisme durable prend de l’ampleur. « La clientèle française est de plus en plus attentive aux engagements environnementaux des établissements. Nos hôtels labellisés Green Globe et désormais certifiés Platinum répondent pleinement à ces attentes », fait-elle ressortir. Elle ajoute que l’ouverture des établissements Constance Tekoma et C Rodrigues permet désormais aux voyageurs de combiner Maurice et Rodrigues dans un même itinéraire, une formule très appréciée par les Français.
Chez Beachcomber, trois grandes tendances sont identifiées. D’abord, la sensibilité accrue à la neutralité carbone. Les voyageurs français privilégient désormais les hôtels engagés dans des actions concrètes de développement durable et de RSE. Ensuite, les formats de voyage ont changé depuis la pandémie : les séjours en famille élargie ou entre amis se développent fortement. « Les séjours multigénérationnels et les groupes d’amis connaissent un vrai succès », explique Rémi Sabarros. Enfin, dit-il, l’été européen, autrefois considéré comme une basse saison, attire désormais davantage de touristes français. « Le rétrécissement de l’écart de prix avec les destinations méditerranéennes, couplé à la douceur du climat mauricien, en fait une alternative de plus en plus séduisante », observe notre interlocuteur.
Quel avenir du marché français pour Maurice ?
Anne Soulcié : « Les perspectives pour le marché français sont encourageantes. Si l’offre de vols directs et compétitifs depuis la France est maintenue, et que les actions en faveur d’un tourisme plus durable se poursuivent, Maurice continuera d’attirer une clientèle française fidèle, en quête d’authenticité et de qualité. Nous croyons en un tourisme haut de gamme sincère, respectueux des lieux et des communautés, et profondément ancré dans la beauté et les réalités des îles de l’océan Indien ».
Jean-Benoit Nisin : « Rien n’est acquis, mais en restant à l’écoute des besoins et des attentes, le secteur hôtelier a les atouts nécessaires pour continuer à séduire les touristes français et les inciter à choisir Maurice ».
Rémi Sabarros : « Maurice entretient une relation de confiance solide avec le marché français. La destination a su préserver, au fil des années, une part de marché stable. Si nous poursuivons nos efforts pour rester compétitifs, en particulier sur nos forfaits aériens/hébergements/découvertes de l’île, tout en continuant de valoriser l’authenticité de l’accueil mauricien, nous avons toutes les raisons d’envisager les prochaines années avec confiance, dans une dynamique de stabilité et de progression ».
Ces facteurs qui motivent les Français à choisir Maurice comme destination touristique (selon les hôteliers)
• La facilité d’accès à la destination.
• Les vols directs depuis les principales villes françaises.
• Le faible décalage horaire.
• Une langue commune, qui facilite les échanges et crée un sentiment immédiat de proximité.
• La fluctuation avantageuse de la roupie.
• La réputation du service mauricien, alliée à un climat agréable toute l’année.
- Une destination adaptée à tous les profils de voyageurs — couples, familles, amis ou seniors.
- La sécurité sanitaire.
- Le taux de criminalité bas.
L’industrie touristique face aux nouveaux défis du marché français
Jean-Benoît Nisin explique que les attentes des touristes évoluent et exigent davantage de créativité. Selon lui, il est essentiel de se réinventer, de repenser l’offre et d’adopter une vision plus globale pour répondre aux attentes d’une clientèle multigénérationnelle. Anne Soulcié partage ce point de vue, en soulignant aussi l’importance d’intégrer le développement durable.
« Le développement durable de la destination constitue aujourd’hui un critère majeur. Les voyageurs sont attentifs à la gestion environnementale des établissements, à la préservation du littoral, à la qualité de l’eau, à la gestion des déchets… Autant de sujets devenus déterminants dans le choix des touristes », soutient-elle.
Elle souligne également que Maurice doit faire face à une concurrence grandissante, aussi bien régionale - avec les Maldives, les Seychelles ou Madagascar - qu’internationale, notamment en Asie du Sud-Est. Cette situation pousse la destination à renforcer sa singularité et à valoriser la qualité de son accueil. « Cependant, il est aussi essentiel d’optimiser les connexions aériennes et de maintenir une accessibilité tarifaire pour rester compétitifs sur le marché européen », ajoute-t-elle.
Pour sa part, Rémi Sabarros affirme que l’un des premiers défis de Maurice, en tant que destination, est de maintenir la qualité de ses prestations. L’île, dit-il, est reconnue pour l’excellence de son industrie touristique. « Cette réputation doit impérativement être préservée et renforcée. L’accueil, le sourire et l’hospitalité légendaire des Mauriciens sont des marqueurs indéniables de notre industrie, qui font toute la différence et que l’on ne retrouve nulle part ailleurs », soutient-il.
Il ajoute que l’avenir du tourisme est également étroitement lié à la connectivité aérienne. « Il est essentiel de disposer d’une capacité aérienne adéquate et d’une tarification en phase avec l’évolution de notre offre d’hébergement, de plus en plus compétitive et diversifiée », appuie-t-il.
En chiffres
Nombre d’arrivées de touristes français à Maurice de 2020 à 2024
| Année | Nombre d’arrivées de touristes français | Évolution annuelle | Nombre total de touristes à Maurice | Part des Français (%) |
|---|---|---|---|---|
| 2020 | 9 460 | - | 308 980 | 3% |
| 2021 | 17 700 | 87% | 179 780 | 9,8 % |
| 2022 | 238 864 | +1 249 % | 997 290 | 23,9 % |
| 2023 | 319 522 | +33,8 % | 1 295 410 | 24,7 % |
| 2024 | 339 421 | +6,2 % | 1 592 905 | 21,3 % |
Notes :
(1) 2020 : tourisme fortement réduit à cause du COVID-19. Les frontières étaient partiellement ou complètement fermées.
(2) 2021 : réouverture progressive à partir d’octobre, avec des arrivées encore très limitées.
2022 à 2024 : reprise accélérée, Maurice étant redevenue une destination prisée, notamment par les Français (1er marché source devant l’Allemagne et le Royaume-Uni).
Source : Statistics Mauritius
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