Un coût passant de Rs 650 millions à Rs 1 milliard : la rénovation de l’hôtel Cotton Bay sous enquête

La rénovation de l’hôtel Cotton Bay à Pointe-Coton, dans l’île Rodrigues, fait l’objet d’une enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) suite à des soupçons d’irrégularités majeures dans la gestion du projet. Initialement estimé à 650 millions de roupies, le chantier affiche désormais un coût global de plus d’un milliard de roupies (Rs 1 024 956 038), soit une hausse de 58 %. Des écarts budgétaires massifs, une signature de contrat avant l’aval du conseil d’administration, ainsi que des dépenses jugées « troublantes » par le Premier ministre ont conduit au renvoi du dossier devant la FCC.

Construit en 1991, l’hôtel Cotton Bay disposait de 60 chambres avant la décision de modernisation. Détenu initialement par Air Mauritius, il avait été racheté par Airport Holdings Ltd, compagnie appartenant à 51 % à l’État et 49 % à la Mauritius Investment Corporation (MIC) en 2021.

Le 15 mars 2023, le conseil d’administration de Pointe Coton Resort Hotel Co. Ltd, filiale d’AHL, a donné son feu vert à une rénovation complète, incluant la construction de 32 chambres supplémentaires, la réfection des espaces publics et des infrastructures techniques. Le coût du projet a alors été évalué à 650 millions de roupies hors TVA. Moins de trois mois plus tard, le 12 juin 2023, un contrat de 683,5 millions de roupies hors TVA a été attribué à l’entreprise Laxmanbhai and Co. (Mauritius) Ltd. Mais selon les précisions apportées mardi à l’Assemblée nationale par le Premier ministre Navin Ramgoolam, « la Letter of Award a été signée ce jour-là par Ken Arian, directeur de Pointe Coton Resort Hotel Co. Ltd, sans l’approbation préalable du conseil d’administration », affirme le Premier ministre. Le board n’a approuvé le contrat que le 16 juin 2023, soit quatre jours plus tard, avant de le ratifier formellement le 18 septembre 2023.

Des dépenses en cascade

Au fil des mois, le coût total du projet a continué d’enfler. En plus des travaux principaux, 28 contrats ont été passés entre mai 2023 et avril 2024 pour l’achat de mobilier, d’équipements de cuisine et de blanchisserie, ainsi que l’installation d’une usine de dessalement, pour un montant de 86,3 millions de roupies. À cela s’ajoutent près de 16 millions de roupies versées à 22 prestataires de services pour des prestations de communication, d’assurances, de formation ou encore de systèmes informatiques. Enfin, 83,9 millions de roupies ont été déboursées pour rémunérer 12 consultants, dont la société Etwaro & Associates Ltd. Au total, ce sont 788,3 millions de roupies hors TVA qui ont déjà été versées à divers intervenants, alors que la facture finale est désormais estimée à 1,02 milliard de roupies.

Une gestion controversée sous le feu des projecteurs

Le Premier ministre a dénoncé à l’Assemblée nationale des « faits très troublants » liés à l’exécution de ce projet, pointant notamment un processus d’octroi de contrats qualifié de « douteux ». Il a annoncé que le dossier serait transmis à la FCC, nouvel organe chargé de faire la lumière sur les potentielles irrégularités financières et conflits d’intérêts.