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Travail des mineurs : quand la pauvreté ou le matérialisme fait loi

Travail des mineurs : quand la pauvreté ou le matérialisme fait loi

Le travail des mineurs les prive de leur adolescence, de leur dignité et nuit à leur scolarité et leur développement. La pauvreté et le matérialisme sont à l’origine de ce phénomène, qui prend de l’ampleur. Dossier.

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Des jeunes de moins de 18 ans travaillent dans les grandes surfaces, les magasins et les supermarchés à travers l’île... Certains le font à la demande de leurs parents. Leurs conditions de travail sont difficiles et poussent à penser qu’ils auraient mieux fait d’être scolarisés ou de suivre une formation dans des institutions d’apprentissage, afin de garantir leur avenir.

Bien que le travail des enfants soit interdit par la loi, des mineurs travaillent pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Dans le meilleur des cas, ils peuvent ainsi régler les frais des leçons particulières, s’acheter du matériel scolaire, etc.

Certains ont dû abandonner leurs études et certains profitent des vacances scolaires pour cumuler des petits boulots. Pour Zuhaira Aumeer, sociologue, le travail des mineurs met en difficulté la santé morale et la sécurité physique des adolescents. En d’autres mots, ces enfants vivent une vie active précoce.

Pauvreté et matérialisme

« À cause du coût de la vie sans cesse croissant, les enfants issus de milieux pauvres sont contraints de mettre fin à leur scolarité pour épauler leurs parents », explique Zuhaira Aumeer. Les enfants démunis, dit la sociologue, acceptent leur destin malgré leur frêle condition physique. À leur tendre âge, ils exercent des boulots, car la vie ne leur a pas fait de cadeau.

« L’argent gagné par les enfants est important pour leurs parents. C’est par compassion que les enfants rendent service à leurs parents. Ils contribuent aux dépenses familiales. De plus, cette pratique est utile pour occuper leurs enfants et leur éviter de mauvaises fréquentations. Mais ces parents hypothèquent l’avenir de leur progéniture. De ce fait, les enfants sont réduits en esclavage et sont exposés à des risques et de maladies graves », poursuit Zuhaira Aumeer. 

« De l’autre côté, les employeurs recrutent ces âmes frêles pour de petits boulots et de petits salaires. Les mineurs mettent du cœur à l’ouvrage pour gagner leur argent de poche. Et ils ne réalisent pas qu’ils sont mal payés et exploités. De plus, les mineurs sont confrontés aux humeurs de leur employeur. Les plus chanceux trouvent un boulot dans un magasin, alors que d’autres tentent leur chance sous le soleil ou la pluie », ajoute la sociologue.

Dangers

Selon Zuhaira Aumeer, la croissance des mineurs qui travaillent reste inachevée et leur esprit est loin d’être suffisamment formé. Pourtant, ils affrontent la dure réalité de la vie.

« Par ailleurs, les enfants qui cumulent les boulots durant les vacances scolaires le font par matérialisme. Ils achètent des vêtements, des chaussures, et font des sorties entre amis, par exemple. Ils sont parfois repérés par des trafiquants. Ainsi, la prudence et la vigilance sont de mise », recommande la sociologue.

Pour Zuhaira Aumeer, il faut mettre sur pied des écoles du soir pour les enfants qui sont contraints d’abandonner leurs études, afin qu’ils aient la chance de poursuivre leur scolarité. De plus, il faut toujours protéger les enfants et leurs droits. Les autorités doivent venir de l’avant avec des mesures pour mettre un terme aux mauvaises pratiques des employeurs.


Ayesha, 17 ans : «Je travaille pour aider ma mère financièrement»

Ayesha

La vie n’a pas fait de cadeau à Ayesha (prénom modifié), 17 ans. Elle est l’aînée d’une fratrie de quatre enfants et l’unique fille. Faute de moyens financiers, Ayesha, qui habite à Terre-Rouge, travaille dans un supermarché.

« Malgré la précarité dans laquelle vit ma famille, ma mère a toujours voulu que je n’abandonne pas mes études. Elle n’avait pas d’argent pour payer les frais d’examens de mon School Certificate. Elle avait placé sa chaîne et son alliance en gage pour obtenir de l’argent. Mais, malgré mes efforts, je n’ai pas pu réussir à mes examens. J’ai alors décidé de l’aider à joindre les deux bouts », confie-t-elle.

Pour l’adolescente, au début, cela a été très difficile de s’adapter à ce mode de vie et au monde du travail. Pourtant, par nécessité, elle s’est adaptée. « Aujourd’hui, je ne me sens plus une adolescente. Je me sens plutôt adulte. Je sais que ma mère a toujours voulu mon bien-être, mais j’ai aussi un devoir vis-à-vis d’elle. Je ne peux pas oublier ses sacrifices et ses efforts pour élever ses quatre enfants », soutient-elle.

Ayesha dit être libre de s’acheter des choses non seulement pour elle, mais aussi pour sa mère et ses trois petits frères. Face à cette situation, le frère cadet de l’adolescente, toujours scolarisé, est venu lui prêter main-forte. « Mon frère travaille dans un supermarché pendant le week-end, afin de payer ses leçons particulières », avance-t-elle.

 

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