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Transport en commun : ces freins au renouvellement de la flotte d’autobus

Selon le chauffeur de l’autobus impliqué dans l’accident mortel survenu jeudi dernier, à La Butte, la barre de direction ne fonctionnait pas.

Des efforts sont mis en œuvre pour moderniser les véhicules de transport en commun, mais c’est loin de suffire. Une série d’accidents récents impliquant des autobus ravive le débat sur la nécessité d’entretenir ces véhicules et de les maintenir en état. Les opérateurs décrient des difficultés dans le processus de renouvellement de la flotte. 

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Les trois récents accidents de la route impliquant des autobus relancent le débat sur leur état. Et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a récemment insisté sur l’importance pour les opérateurs d’entretenir correctement leurs véhicules. Si plusieurs efforts sont déployés pour renouveler la flotte d’autobus, c’est toutefois loin d’être suffisant. Des difficultés sont notées dans le processus. 

Intervenant en sa qualité d’ancien ministre du Transport, Nando Bodha, estime à 2 000 le nombre d’autobus sur nos routes, incluant ceux des compagnies et les individuels. « J’ai effectué environ 150 renouvellements il y a quelques années pour la Compagnie nationale de transport. Du côté des particuliers, la tâche s’annonce plus difficile car le renouvellement de la flotte exige l’acquisition de semi-low floor buses, ce qui implique des coûts financiers considérables », explique le leader de Rassemblement Mauricien (RM). 

Il ajoute que lorsque les semi-low floor buses ont été introduits à Maurice, certaines compagnies en ont acheté quelques-uns. « Mais pour les particuliers, les autobus coûtaient environ Rs 3 millions, ce qui rendait le renouvellement difficile », précise-t-il, soulignant que le processus est difficile et coûteux. 

« La mobilité de la population dans un pays est cruciale pour dicter l’activité économique. Il est donc important de mener des études pour accélérer la mobilité à travers le pays. Cependant, il est clair que le processus de renouvellement des autobus prend du temps, ce qui affecte le secteur du transport », soutient-il.

Dans sa vision, le gouvernement encourage les compagnies à investir dans les autobus électriques. Mais le leader du RM fait ressortir que le prix d’un tel véhicule est d’environ Rs 9 millions, un coût élevé qui pose un réel défi. « Seules quelques compagnies ont la capacité de passer à des autobus électriques. Pour ce faire, il sera nécessaire de solliciter le soutien d’agences internationales et de financements internationaux », avance-t-il.

Sunil Jeewoonarain, secrétaire de la Mauritius Bus Owners Cooperative Federation, indique, pour sa part, que la difficulté des opérateurs à renouveler leurs flottes s’explique par le fait qu’ils sont contraints de se rabattre sur les marques chinoises. « Avec les règlements entourant le renouvellement de la flotte qui nous obligent à acheter des semi-low floor buses, nous devons nous tourner vers les marques chinoises car les Japonaises et les Européennes sont hors de prix », informe-t-il. 

Cependant, reconnaît-il, les autobus de marques chinoises ne sont pas d’aussi bonne qualité, ce qui décourage les opérateurs à renouveler leurs flottes. « Pourquoi devrions-nous investir Rs 4,5 millions dans des autobus qui nous font dépenser Rs 15 000 à Rs 20 000 supplémentaires par mois en carburant ? » se demande Sunil Jeewoonarain. 

Selon lui, les autobus de marques chinoises rencontrent souvent plus de problèmes techniques. 

« Nous enregistrons environ 10 pannes par mois, ce qui est un problème majeur. Auparavant, nous étions capables de renouveler notre flotte tous les 10 ans. Mais vu lecontexte économique, nous nous retrouvons contraints de conserver les mêmes véhicules pendant au moins 14 ans », dit-il.

Sidharth Sharma, Chief Executive Officer de Rose-Hill Transport (RHT), affirme qu’un programme rigoureux a été mis en place pour l’entretien les autobus de la compagnie. Il évoque des services réguliers et différents niveaux de maintenance. « L’équipe des chauffeurs est chargée de vérifier l’huile et les freins. Ils sont aussi tenus de vérifier 50 points. »

Commentant le renouvellement de la flotte d’autobus de RHT, Sidharth Sharma souligne que ce processus est essentiel. « Auparavant, nous avions des autobus ayant quatre ans, mais il est devenu difficile de les remplacer car nous recevons moins de subventions que les autres. Nous devons nous assurer que la compagnie dispose des moyens financiers nécessaires. Ces quatre dernières années, j’ai signalé le besoin d’un financement complet pour le transport public. La gestion du flux de trésorerie ne suffit pas pour financer les nouveaux autobus. Il est essentiel de renouveler notre flotte, car l’âge moyen de nos autobus tourne autour de sept ans et demi », conclut-il.

 

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