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Trafic de zamal : Stéphano Marjolin déjà pris avec 22 845 euros à l’île sœur en 2023

  • Six voyages vers La Réunion de mai 2023 à juin 2024

Louis Stephano Marjolin, dit Fano, est soupçonné d’être un important maillon dans le financement du trafic de zamal sur l’axe Réunion-Maurice. Cet habitant de Résidence La Cure, Port-Louis, n’est pas pour autant inconnu des autorités réunionnaises, pour avoir été coincé avec Rs 1,1 million. À Maurice, il avait été arrêté, le 9 juillet 2024, alors qu’il s’apprêtait à se rendre à La Réunion avec Rs 1 million en devises.

Fano Marjolin, maçon de profession, a effectué six voyages entre Maurice et La Réunion par avion entre mai 2023 et juin 2024. Lors de son premier déplacement en mai 2023, il avait débarqué à l’aéroport de Pierrefonds. Mais ses ennuis ont débuté lors de son deuxième voyage en août de cette même année à sa descente d’avion à l’aéroport Roland-Garros. 

Cet homme ne s’attendait pas aux contrôles rigoureux exercés sur les passagers à leur arrivée dans l’île sœur. Le 20 août 2023, après avoir complété les démarches d’entrée auprès de la Police aux Frontières (PAF) et récupéré ses bagages, Fano Marjolin et son ami s’apprêtaient à quitter l’enceinte de l’aéroport lorsqu’ils ont été interceptés par les agents du bureau des Douanes et Droits indirects de Gillot.

Amende de 8 000 euros

Dans un premier temps, Fano Marjolin sera interrogé par les douaniers sur les raisons de sa visite de sept jours à l’île sœur. Ses explications ne satisfaisant guère les autorités, ses bagages ont été alors minutieusement inspectés. Les douaniers ont vite découvert plusieurs liasses de billets enroulées dans des vêtements, un double fond et une poche de pantalon.

Stephano Marjolin et son ami sont alors conduits au bureau des douanes pour le décompte de l’argent. Au total : 22 845 euros, soit environ Rs 1,1 million selon le taux de change de l’époque. Cette somme représentait une infraction selon la loi française, qui oblige chaque passager à déclarer les transports transfrontaliers d’argent liquide d’un montant égal ou supérieur à 10 000 euros.

Comme Fano Marjolin avait omis de notifier la douane de la présence de cette forte somme d’argent, il a écopé des sanctions prévues à l’article L152-4 du code monétaire et financier. Il a été condamné à une amende de 8 000 euros, soit environ Rs 390 000. À l’époque, les autorités douanières mauriciennes avaient été informées de cette infraction. Depuis, il était dans le viseur de la douane mauricienne et de l’unité anti-drogue (Adsu). 

Le 9 juillet 2024, le maçon s’apprêtait à se rendre à l’île sœur par voie maritime de manière clandestine avec ses complices Louis Charles Andy Toolsee, Louis Yan Megan Toolsee et Jean Ricardo Westley Mars, lorsqu’ils ont été arrêtés par la police et la douane mauriciennes.

Dans un premier temps, les éléments de la Maritime Intelligence Cell (MIC) de la National Coast Guard (NCG) ont intercepté le bateau ‘Brothers Fishing’ à Pointe-aux-Sables. Une fouille de l’embarcation avait révélé 16 jerrycans contenant 1 000 litres de carburant, de l’huile de moteur et de la nourriture. Les policiers ont vite soupçonné une traversée vers l’île sœur
Le skipper Andy Toolsee, lors de son interrogatoire, a avoué : « Mo pe atann larzan ek kordone GPS pou al sers zamal La Reyon ». Il attendait l’arrivée de ses amis Fano Marjolin, son fils Yan Megan, et Jean Ricardo Westley Mars pour cette traversée à haut risque.

Cette information est relayée aux limiers de la Force Crime Intelligence Unit (FCIU), dirigée par l’assistant-surintendant Mooniaruth et l’inspecteur Mohes. Sur le terrain, la FCIU, conjointement avec la Customs Anti Narcotic Section (CANS) de la douane, ont intercepté une voiture à Pointe-aux-Sables avec Fano Marjolin à son bord. Une fouille permettra de saisir 19 345 euros, soit Rs 1 M. L’homme avouera : « Mo pe amenn sa kas la pou al aste zamal ». 

Sa bande et lui sont désormais derrière les barreaux pour le délit de « Conspiracy to import dangerous drug ». Fano Marjolin est également accusé de blanchiment d’argent.

Industrie très prisée

Avec le démantèlement des différentes filières de trafic de zamal destiné à l’approvisionnement du marché mauricien, la Gendarmerie réunionnaise, de concert avec la brigade anti-drogue mauricienne, a levé le voile sur une industrie bien organisée où chacun trouve sa place, à commencer par les planteur de l’or vert qui, dans des champs de canne de l’île sœur, ménagent des parcelles de cannabis. Une fois la récolte assurée, les collecteurs-conditionneurs entrent en jeu où ils épluchent les pieds, préparent l’herbe déjà séchée avant de conditionner et sceller les colis destinés au marché mauricien. 

En fin de chaîne, le financier a pour mission de ramener l’argent de Maurice à La Réunion pour le paiement des grosses commandes de zamal. Puis, ce sont les transporteurs qui expédient ces sacs bourrés de drogue jusqu’aux côtes réunionnaises, plus précisément dans l’Est, dans le petit port de Sainte-Rose.

Ensuite, ils attendent l’arrivée des trafiquants mauriciens pour récupérer et faire transiter la marchandise entre les deux îles. « Ban reyone prefer export zot zamal Moris parski sa raport zot pli boukou larzan. La Reyon zot marz profi pa boukou parski partou gagn sa », explique un Mauricien qui, dans le passé, a déjà été condamné par la justice réunionnaise pour sa participation dans une filière d’exportation de zamal vers Maurice.

 

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