Live News

Toxicomanie : les nouvelles drogues à La Réunion suscitent de l’inquiétude à Maurice 

Kunal Naïk, Danny Philippe et José Ah Choon.

Avant même que leur circulation ne soit constatée à Maurice, de nouvelles drogues de synthèse suscitent de vives inquiétudes parmi les travailleurs sociaux et les professionnels de la santé. Ils craignent des ravages dans le pays si ces produits, qui ont déjà fait des victimes à l’île de la Réunion, parviennent à Maurice.

Publicité

L’alerte a déjà été lancée par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de La Réunion, qui a tiré la sonnette d’alarme en raison de la circulation, depuis la fin du mois de juin dernier, de nouvelles drogues de synthèse. Cette situation inquiète à l’île sœur en raison de la dangerosité. En effet, selon l’ARS, ces produits seraient « 500 fois plus puissants que l’héroïne », comme l’affirment les autorités sanitaires du pays repris par les médias réunionnais, dont Réunion La 1ère. Trois décès ont déjà été signalés, en plus d’une douzaine de cas d’intoxication grave et de six hospitalisations en réanimation, selon les autorités sanitaires de La Réunion.

Produits illicites

Bien que la présence de ces drogues de synthèse n’ait pas encore été officiellement constatée à Maurice, l’inquiétude est néanmoins palpable parmi les travailleurs sociaux et les professionnels de santé. Ils craignent des ravages dans l’île si ces produits parvenaient à traverser la frontière entre La Réunion et Maurice, surtout vu le trafic de produits illicites existant entre les deux pays, notamment par voie maritime. Ils sont d’avis que tôt ou tard, le pays sera confronté à la même problématique. C’est ce que soutiennent, en tout cas, Danny Philippe, coordinateur de prévention de l’ONG Drip, Kunal Naïk, psychologue et addictologue, ainsi que José Ah Choon, travailleur social. Ils appellent d’ores et déjà à la vigilance.

Les autorités réunionnaises n’ont pas encore donné un nom aux nouvelles drogues en circulation dans ce pays, mais Kunal Naïk soupçonne qu’il s’agit d’un opiacé « synthétisé ». « Il est probable que ce soit de Fentanyl mélangé à d’autres produits illicite, » dit-il. Selon lui, le Fentanyl à lui seul est une drogue puissante qui est responsable de nombreux dégâts dans certains pays, dont les États-Unis. Il en appelle donc à la vigilance des autorités pour empêcher le produit et ses dérivés d’entrer à Maurice.

Circulation inévitable à Maurice

Conscient cependant que nos frontières ne sont pas imperméables, il souligne qu’il faut néanmoins se préparer à l’éventualité de leur circulation dans l’île, car il est peu probable que cela n’arrive pas, fait remarquer Kunal Naïk. « Tôt ou tard, ces produits vont arriver à Maurice, et nous ne sommes pas prêts pour cela. Nous n’avons ni les moyens ni la possibilité d’y faire face, » explique-t-il. Il précise qu’il existe des pays comme les États-Unis ou le Canada, où les membres des forces de police, par exemple, disposent d’un produit inhibiteur sous forme de spray pour venir en aide aux victimes d’overdose due à la prise d’opiacés, ce qui n’est pas le cas à Maurice.

Ainsi, le risque de voir de nombreux cas de décès parmi les usagers de drogues, - si les drogues qui circulent à La Réunion parviennent à Maurice -, est élevé, soutient Kunal Naïk. Selon lui, il y a environ 200 injecteurs de drogue à l’île de La Réunion, et ils ont déjà connu trois décès, ainsi que plusieurs personnes hospitalisées. « Il faut imaginer ce qui peut arriver à Maurice, avec une population d’usagers de drogues injectables qui tourne autour de 10 000 », dit-il.

Danny Philippe ajoute que ce n’est pas impossible que le produit arrive à Maurice, car il existe déjà un trafic entre La Réunion et Maurice. En lien avec à ce qui a été rapporté dans les médias, il est d’avis qu’il peut s’agir d’un produit qui circule aux États-Unis, mais il ne souhaite pas lui donner un nom pour le moment. « Il peut s’agir d’un produit de synthèse puissant, qui fait penser au produit en question, mais nous ne pouvons le nommer sans preuve matérielle. Aussi, il est possible que ce ne soit pas le même produit qui circule aux États-Unis », fait-il remarquer.

Grande vigilance

Il plaide lui aussi pour une plus grande vigilance au niveau des divers points d’accès autour de Maurice et évoque une vaste campagne de sensibilisation pour accroître la prise de conscience au danger que représente cette drogue. « Pour prévenir la circulation de ce produit à Maurice, il faut accentuer les campagnes de sensibilisation axées sur la prévention primaire. Il faut s’orienter vers la réduction des risques, c’est le seul moyen de prévention, » dit-il. Toutes les parties prenantes devraient donc se sentir concernées, et tout le monde devrait œuvrer de concert pour mettre en place une équipe de prévention afin d’atteindre un public plus large, souligne Danny Philippe.

Même si les produits qui circulent à La Réunion n’ont pas encore été officiellement signalés à Maurice, il existe déjà sur le marché mauricien des produits tout aussi nocifs, ajoute José Ah Choon. « Les produits qui circulent à Maurice sont déjà dopés. Ce sont des produits nocifs qui ont un impact considérable sur la santé des jeunes. De nombreux consommateurs sont désorientés à cause de cela, » affirme-t-il. 

Selon lui, il y a également une grande circulation de cocaïne, entre autres, dans le pays. Et si la drogue qui a suscité l’inquiétude des autorités réunionnaises arrive à Maurice, cela pourrait avoir des conséquences graves, soutient José Ah Choon. « Dife lor nou si sa rant Moris » dit-il.

Dérivés d’une puissance considérable

Nicolas Thévenet, directeur adjoint de la veille sanitaire à l’Agence Régionale de la Santé (ARS) de La Réunion, a affirmé, sur Radio Plus, que plusieurs cas d’intoxication ont été notés dans l’île. Cela a entraîné des décès, mais aussi des patients en réanimation. « Les symptômes apparaissent rapidement, quelques secondes ou quelques minutes après la prise du produit, avec des symptômes d’asphyxie qui mènent à l’incapacité de respirer. Cela demande une prise en charge immédiate et urgente des personnes, » a-t-il expliqué.

Alors que l’île de La Réunion connaît déjà les cannabinoïdes de synthèse, qui sont des dérivés très puissants du THC, le principe actif du cannabis, les produits qui circulent récemment sont des analogues de la morphine, qui est elle-même un dérivé de l’opium, comme l’a souligné le Dr David Mété, chef du service addictologie au CHU de Saint-Denis à Réunion La 1ère. Cependant, ces dérivés seraient d’une puissance considérable, a-t-il précisé.

La National Coast Guard avertie

La police n’a pas encore pris connaissance de l’arrivée à Maurice des nouvelles drogues qui circulent à La Réunion. Cependant, les diverses unités de la force policière veillent au grain, a affirmé l’inspecteur Shiva Coothen sur les ondes de Radio Plus. Le responsable de la communication aux Casernes centrales a soutenu que la vigilance ne se limite pas seulement au port et à l’aéroport, mais s’étend également tout autour de Maurice, où la National Coast Guard (NCG) a été exhortée à signaler toute présence suspecte d’embarcations aux heures improbables. 

  • salon

     

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !