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Tourneur-ajusteur: l’art de réplique

On les appelle tourneurs-ajusteurs. Ces artisans ont su résister à l’avènement des boutiques de pièces de rechange. Comme Abdoulla Chummon, ils sont nombreux à fabriquer des accessoires qui ne sont pas toujours disponibles sur le marché. Nous sommes  dans la pénombre. Des ventilateurs rafraîchissent l’air qui est légèrement imbibé d’une odeur d’huile. L’espace n’abrite pas moins de six machines, dont une perceuse et une polisseuse. Entassées les unes à côté des autres, ces appareils venus de la Chine et de l’Inde ont une histoire, celle d’avoir fabriqué des pièces difficiles, voire impossibles d’obtenir sur le marché local. Nous sommes dans l’atelier de Dawood Peer Ahmud, situé rue Maurice Poupard, à Port-Louis. [col-md-4] En l’absence du directeur, c’est son gendre Abdoullah Chummon, 45 ans, qui nous fera découvrir les rudiments du métier. « Un tourneur est un artisan qui jongle avec de l’acier, du bronze et de l’aluminium pour faire fabriquer des pièces destinées à des véhicules. Chez nous, nous fabriquons et réparons des accessoires de voitures et de motocyclettes principalement », explique Abdoullah qui fait ce métier depuis 17 ans. Toutefois, précise notre intervenant, il n’a pas toujours été tourneur. « J’étais jadis tailleur. Malheureusement, à un certain moment, le métier n’avait plus pignon sur rue. Il m’a donc fallu trouver un autre emploi. C’est alors que mon beau-père m’a proposé de le rejoindre dans son atelier », relate le quadragénaire. C’est ainsi qu’Abdoullah prendra un cours de tourneur à l’ex-Industrial and Vocational Training Board (IVTB) de Phoenix. [/col-md-4] [col-md-8]
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12540","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-20591","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Tourneur-ajusteur"}}]] Tout se fait au millimètre près dans ce métier.

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12539","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-20590","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Tourneur-ajusteur"}}]] C’est sur cette machine qu’on nivelle les culasses.

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12538","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-20589","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Tourneur-ajusteur"}}]] Le métier nécessite précision et dextérité.

[/col-md-8] [row custom_class=""][/row] « Ce cours m’a beaucoup aidé. Ce qui était au début une option de carrière et vite devenu une vraie passion. J’ai fini par aimer ce métier », fait ressortir le tourneur-ajusteur. Il soutient que pour bien le faire, il faut surtout avoir l’œil. « Le métier de tourneur demande beaucoup de précision. Il est vrai que nous sommes aujourd’hui correctement équipées, mais rien ne peut égaler la vigilance de l’être humain. La machine exécute certes, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas veiller au grain », argue-t-il.

De périlleux ajustements

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12537","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-20588","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Tourneur-ajusteur"}}]] Le vernier est l’instrument de mesure de tout bon tourneur.

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[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"12542","attributes":{"class":"media-image size-full wp-image-20595","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"Tourneur-ajusteur"}}]] Contrairement dans d’autres domaines, les jeunes s’intéressent encore au métier de tourneur.

[/col-md-8] [col-md-4] Il faut dire que dans l’atelier de Dawood Peer Ahmud, tout se fait au millimètre près. « Il n’y a pas de place à l’erreur dans notre métier. C’est pour cette raison que le vernier est le meilleur ami du tourneur », lance Abdoullah Chummon. Outre la fabrication, l’artisan tourneur doit souvent emboîter les pièces les unes dans les autres. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est aussi connu sous le nom de tourneur-ajusteur. [/col-md-4] « Dans certains cas, les pièces que nous fabriquons doivent s’ajuster dans d’autres, plus grosses. Nous devons mener à bien ce périlleux ajustement car un simple moment d’inattention peut faire péter les deux pièces qui auront pris des heures à être réalisées », explique-t-il. Justement, ça prend combien de temps pour réaliser une pièce ? « Tout dépend de la taille de la commande », répond notre intervenant. Mais en moyenne, dit-il, « on peut compléter une pièce en une heure si elle n’est pas compliquée à réaliser ». Les pièces les plus compliquées à monter sont les engrenages. « Toutefois, nous réalisons uniquement les engrenages simples. Nous n’avons pas de machine pour ce type de travaux », indique Abdoullah Chummon. Et si les ateliers de tourneur ont toujours la cote, c’est bien parce que les artisans proposent la qualité. « Au lieu de changer une pièce entièrement, nous pouvons à notre niveau reproduire la partie défaillante. Ce qui revient à beaucoup plus cher pour le client. Par ailleurs, la matière que nous utilisons est souvent nettement supérieure aux matériaux utilisés pour les pièces originales. Ce qui rallonge du coup leur longévité. » Avec la modernisation et la prolifération des boutiques de pièces de rechange, on aurait pu croire que ce métier risquait de disparaître. Or, tel n’a pas été le cas, soutient Abdoullah Chummon. « C’est parce que nous fournissons des pièces de qualité à nos clients. De plus, il y a davantage de jeunes qui s’intéressent à ce métier », affirme-t-il. Les tourneurs ont encore de beaux jours devant eux, selon lui.
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