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Survivre à un cancer, ils racontent…

Cancer

La maladie survient souvent au moment où l’on s’y attend le moins. Qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, la peur de faire face au cancer est la même, ainsi que l’incertitude de ne pas survivre. Ils témoignent.

Chealsy Jomeer, 33 ans : « Je ne voulais pas mourir jeune »

Chealsy Jomeer
À 33 ans, Chealsy Jomeer a connu un double cancer du sein.

À 33 ans, Chealsy Jomeer a connu un double cancer du sein. Un combat qu’elle mène encore aujourd’hui puisqu’elle vient de commencer les nouvelles séances de radiothérapie.

« J’ai eu mon premier cancer du sein pendant l’épidémie de COVID-19. J’avais une boule, mais je pensais que c’était à cause du stress et de la colère car je suis une personne colérique, mais les symptômes ont commencé à devenir gênants. J’avais des douleurs, de la fièvre et des courbatures, ainsi que des pertes de connaissance. J’ai été admise à l’hôpital mais j’étais suivie pour une inflammation élevée », raconte-t-elle.

Avec des tests plus poussés, notamment le FNAC (Fine needle aspiration cytology), elle est retournée à l’hôpital en 2020. Son cancer du sein est alors diagnostiqué. « C’était vraiment dur de l’apprendre car j’avais une tante qui venait de décéder d’un cancer du sein. Je ne voulais pas mourir jeune », souligne-t-elle.

En janvier 2021, elle commence son traitement de chimiothérapie en urgence car son cancer était au stade 2B. « J’ai dû arrêter de travailler, je devais sortir de Coromandel pour aller à Goodlands. J’étais épuisée. » Son combat contre le cancer continuera jusqu’en octobre et elle est alors en rémission.

Récidive

Cependant, alors qu’elle venait de surmonter la maladie, le cancer récidive. « Les symptômes sont revenus, j’avais de la fièvre et des pertes de connaissance. De là, on a tout recommencé, les tests et analyses pour savoir que le cancer a récidivé mais dans l’autre sein », ajoute-t-elle. Son traitement a repris en janvier de cette année.

« Cela a été des étapes très difficiles dans ma vie. Je suis une personne qui d’habitude a peur d’avoir mal et tout d’un coup, je me retrouve à faire deux biopsies et aujourd’hui, je suis avec un port à cath (PAC) pour pouvoir faire la chimiothérapie », raconte-t-elle.

Elle avoue que l’aspect le plus dur a été la perte de ses cheveux. « Au début de mon traitement, après la troisième session, je n’avais presque plus de cheveux. C’est aussi pour cette raison que j’ai préféré arrêter de travailler. Je faisais face à une humiliation de la part de certains collègues. C’était frustrant », se remémore-t-elle.

Elle a repris de l’emploi à Ébène où le trajet est moins long et moins pénible. Mieux armée, elle vit cette récidive un peu plus sereinement et dit avoir la force nécessaire pour surmonter ce deuxième cancer. « Le soutien de la famille a été indispensable pour moi. Le traitement pour mon premier cancer se faisait pendant le confinement et parfois je devais m’y rendre seule et au retour, je retrouvais ma famille. Aussi, la personne qui partage ma vie est à mes côtés. Elle vient me voir tous les jours même quand elle termine le travail à une heure du matin, elle vient me voir le lendemain à 6 heures pour aller faire ma chimio », raconte-t-elle avec émotion.


Stella Hossted, 57 ans : « J’étais touchée dans ma féminité »

Stella Hossted est une maman et grand-mère épanouie qui s’est retrouvée accablée par le cancer.
Stella Hossted est une maman et grand-mère épanouie qui s’est retrouvée accablée par le cancer.

Elle fêtera ses 57 ans le 8 mars prochain à l’occasion de la Journée mondiale des femmes. Mais cette année, Stella Hossted doit encore reconquérir son corps pour se sentir complète. « Survivre à un cancer est une épreuve que je n’aurais jamais pensé devoir vivre. Mais il faut bien l’accepter. »

C’est en octobre 2021 qu’elle découvre une grosseur au sein. Dans un premier temps, elle pense que c’est la fatigue qui a entraîné cette boule. « Ma belle-fille m’a suggéré d’aller consulter, surtout qu’on était alors dans le mois rose. Elle a vu qu’il y avait une campagne de dépistage à Rose-Hill par Link to Life et elle m’a encouragée à m’y rendre », explique-t-elle.

Sur place, sa consultation prend plus de temps que les autres. Son époux, qui l’attendait, a alors commencé à se douter que quelque chose ne tournait pas rond. « Effectivement, suite aux examens, on m’a recommandé d’aller à l’hôpital. Tout s’est passé tellement vite. On a découvert mon cancer du sein et mon traitement a tout de suite commencé », raconte Stella Hossted.

L’ablation d’un sein était l’étape qu’elle redoutait le plus. « J’étais touchée dans ma féminité, j’avais du mal à sortir de chez moi, je ne voulais pas voir du monde et surtout je ne voulais pas être vue. »

La difficulté de se regarder dans le miroir s’accentuait, mais Stella Hossted s’est accrochée à sa foi. « Je me suis abandonnée à Dieu et d’ailleurs, pendant tout le long de ma maladie, j’ai toujours été active à l’église de mon quartier, à Quartier-Militaire. Je voulais garder cet aspect de ma vie pour tenir le coup », précise-t-elle.

Aujourd’hui, elle souhaite voir sa vie redevenir comme avant, mais reste vigilante. « Je dois prendre mes médicaments tous les soirs et surtout faire le suivi avec les examens de routine, dont une échographie chaque trois mois et une prise de sang régulièrement. Mon cancer était à un stade avancé et c’est pourquoi il nous faut aujourd’hui le surveiller de près », indique-t-elle.

Sa bouée de sauvetage a été, pour elle aussi, la famille et ses proches, et plus particulièrement ses amis qui se trouvent un peu partout à travers le monde. « Tout le monde est aux petits soins avec moi. Mes amies m’envoient des prothèses depuis l’Angleterre et d’autres des produits cosmétiques depuis la France ou encore de l’Australie. Si aujourd’hui j’arrive à partager mon histoire, c’est grâce au soutien que j’ai eu », précise-t-elle.

Pour avancer, elle souligne l’importance de se laisser entourer et de laisser les autres vous aider et vous remonter le moral. Maman et grand-mère, Stella Hossted prend aujourd’hui le temps d’accepter son nouveau corps et surtout, elle profite de la présence sans faille de ses proches.


Le long combat d’Anne-Marie Bhurtun

Anne-Marie Bhurtun salue l’empathie et la compréhension de son employeur face à son combat contre le cancer.
Anne-Marie Bhurtun salue l’empathie et la compréhension de son employeur face à son combat contre le cancer.

Anne-Marie Bhurtun souffre d’un cancer du côlon depuis plus d’une quinzaine d’années. Devant porter en permanence une poche de colostomie, elle a appris à vivre avec sa maladie. Elle confie qu’après son intervention et les séances de radiothérapie, elle a eu du mal à se reprendre en main.

Cependant, grâce aux encouragements de son époux, elle a repris son emploi. Elle a travaillé de 2007 à 2011 avant de prendre sa retraite à l’âge de 60 ans. « J’ai eu la chance d’avoir une patronne très compréhensive, qui a su me soutenir tout au long de ma maladie et quand j’avais à suivre mes traitements », dit-elle.

 Elle a pu travailler en fonction de son état de santé et s’accorder des temps de repos pendant ses heures de travail. Certains jours, elle n’a travaillé qu’une demi-journée, et à d’autres moments, trois fois par semaine. « Mon employeur a su faire preuve de compréhension et d’empathie à mon égard et je lui suis vraiment reconnaissante. »

D’autres n’ont cependant pas cette chance selon Anne-Marie Bhurtun, car ils perdent leur emploi une fois qu’ils ont été diagnostiqués d’un cancer. Selon le type de cancer, il est très difficile de travailler pour certains, alors que d’autres, après un ou plusieurs jours de repos après leur chimiothérapie, reprennent le chemin du travail, dit-elle.

Elle estime que l’allocation accordée aux personnes atteintes d’un cancer n’est souvent pas suffisante, surtout pour ceux qui se retrouvent dans l’incapacité de travailler. « Les personnes souffrant d’un cancer ne demandent pas la charité, mais espèrent vivre décemment les quelques années qu’il leur reste à vivre », affirme-t-elle. Pour certains, cela peut être seulement quelques mois, ajoute-t-elle.

Pour ce qui est des personnes qui sont atteintes du cancer colorectal, elle déplore que les poches de colostomie soient livrées par quota dans le service de santé public, ce qui n’est pas suffisant pour un mois. Et même si elles sont disponibles auprès du fournisseur, le prix n’est pas à la portée de toutes les bourses, souligne Anne-Marie Bhurtun. « Pour ceux qui habitent loin de l’hôpital Victoria, par exemple, c’est très contraignant de devoir faire régulièrement ce va-et-vient. » Elle espère une amélioration à ce niveau afin de soulager les patients.

3 201 nouveaux cas de cancer dépistés en 2022

Cancer chart

Le cancer semble prendre de plus en plus d’ampleur à Maurice, avec une hausse du nombre de nouveaux cas passant de 2 866 en 2021 à 3 201 en 2022, selon le National Cancer Registry. Cela représente une moyenne de 8,76 nouveaux cas dépistés par jour.

Selon les derniers chiffres disponibles du National Cancer Registry, le cancer touche davantage les femmes avec 1 814 cas, que les hommes (1 387 cas). Comme c’est le cas chaque année, le cancer du sein est plus fréquent chez les femmes, et le cancer de la prostate chez les hommes.

Au niveau de la distribution de l’âge et du genre des cas de cancer à Maurice, on constate que 60,6 % de l’ensemble des cancers surviennent chez les individus de 60 ans et plus. Parmi eux, 69,4 % des cas concernent les hommes et 54,0 % concernent les femmes.

62,4 % des cas de cancer chez les femmes se produisent pendant leurs années productives, c’est-à-dire de 15 à 64 ans. Quant aux hommes, 47,0 % des cas de cancer surviennent dans la tranche d’âge de 15 à 64 ans.

En ce qui concerne les enfants âgés de 0 à 14 ans, 0,9 % des cas de cancer surviennent dans cette catégorie d’âge.


Laxman, 62 ans : « À un moment, je ne voulais plus vivre »

Laxman (prénom d’emprunt) ne souhaite pas divulguer son véritable nom parce que de nombreuses personnes de sa famille ne savent pas qu’il a eu un cancer. « Je leur ai dit que j’avais fait une intervention et certains sont venus me rendre visite à l’hôpital, mais ils n’en savent pas plus sur ma maladie. Mo pann anvi dimoun riss leker », avoue-t-il.

Son parcours avec le cancer a été un long combat, autant physique que psychique. « Ma vie a été bouleversée à un point où je ne voulais plus vivre. L’idée de me suicider m’a même traversé l’esprit à un moment donné, mais je suis très reconnaissant d’avoir aussi pu rencontrer des personnes qui m’ont aidé à surmonter cette étape. Aujourd’hui, je me porte volontaire pour conseiller et soutenir ceux qui se battent contre le cancer », raconte-t-il.

À 62 ans, Laxman a découvert qu’il était atteint d’un cancer colorectal en 2023. « Cela a commencé lorsque j’ai constaté du sang dans les selles. Je faisais le va-et-vient à l’hôpital mais c’est après deux ans qu’on a fini par diagnostiquer le cancer. Là aussi, c’était lors d’un contrôle de routine organisé par le travail. J’ai alors été opéré en urgence et depuis ma vie a été chamboulée », avoue-t-il.

Son désarroi : porter une poche qui est rattachée au côlon. « J’étais dégouté de ma vie. Ce sac m’incommodait et je broyais du noir. Je ne dormais plus », ajoute-t-il, jusqu’au jour où quelqu’un lui recommande d’intégrer l’association Link To Life.

« Cette association m’a redonné goût à la vie. Le psychologue de l’association m’a soutenu de bout en bout, et le fait de rencontrer d’autres patients comme moi qui ont cette poche. À partir de là, j’ai commencé à accepter ma situation et à avoir de l’espoir pour la suite. »

Toutefois, il avoue que sa vie n’est pas encore retournée complètement à la normale. « J’ai toujours été une personne active, qui faisait régulièrement de la marche et de la musculation. Aujourd’hui, mes capacités sont réduites, mais je garde le moral pour un lendemain meilleur. »

C’est d’ailleurs l’encadrement qu’il a reçu qui le pousse aujourd’hui à vouloir aider les autres patients. Après ce qu’il a vécu, il se dit en mesure de comprendre la souffrance de ceux qui viennent de se faire opérer. « Il ne faut pas baisser les bras. La vie n’est certes pas facile avec cette maladie mais il faut garder le moral pour mieux la surmonter », conclut-il.


Questions au…

Dr Goutham Gandham, Consultant Medical Oncologist à l’Aegle Cancer Hospital : « Les chances de survie augmentent »

Dr Goutham Gandham

Avec un dépistage précoce, les chances de survie augmentent et redonnent de l’espoir aux patients cancéreux. C’est là l’aspect le plus important selon le Dr Goutham Gandham, Consultant Medical Oncologist à l’Aegle Cancer Hospital, situé à Rose-Belle.

Quels sont les types de cancer les plus répandus à Maurice actuellement, et y a-t-il eu des changements notables dans les tendances du cancer au cours des dernières années ?
Selon les récentes statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) datant de 2022, nous constatons que le cancer le plus fréquent chez les hommes à Maurice est le cancer de la prostate, suivi du cancer colorectal. Chaque année, nous avons plus de 200 nouveaux cas de cancer de la prostate chez les hommes.

La tendance chez les femmes est restée la même, avec en premier lieu le cancer du sein suivi du cancer colorectal. Nous avons plus de 500 nouveaux cas de cancer du sein chaque année.

Si nous comparons ces chiffres avec ceux d’il y a dix ans, nous constatons qu’il y a une hausse considérable, mais il faut prendre en compte plusieurs autres aspects. Les cas augmentent parce qu’il y a plus de dépistages au quotidien. Les Mauriciens sont sensibilisés sur le fait qu’il faut se faire dépister régulièrement.

En revanche, il nous faut faire ressortir qu’il y a quelque temps de cela, le cancer qui dominait le plus chez les hommes était le cancer colorectal suivi du cancer de la prostate. La tendance est aujourd’hui inversée. Chez les femmes, le cancer du sein a toujours été le plus répandu, suivi du cancer du col de l’utérus, mais ce type de cancer est désormais descendu à la quatrième position.

Il est encore trop tôt pour parler des impacts positifs de la vaccination contre les HPV, mais avoir proposé cette vaccination au public sur le plan national est une très bonne initiative.

Comment décririez-vous l’accessibilité des structures de soins et de traitement du cancer à Maurice ?
Les traitements deviennent plus accessibles aux patients mauriciens qui n’ont plus à voyager pour aller se soigner à l’étranger. C’est un gain de temps et d’argent pour ces patients qui peuvent être soignés à quelques mètres de chez eux, et entourés de leurs proches.

Cela fait maintenant plus d’un an et demi que l’Aegle Cancer Hospital a ouvert ses portes et il est le premier centre privé entièrement dédié au cancer. Nous avons des appareils sophistiqués, qui sont à la pointe de la technologie, permettant ainsi d’offrir des soins plus efficaces aux patients. Nous sommes ainsi en ligne avec les dernières innovations en matière de traitements du cancer.

Autre point important à faire ressortir est le staff qui est formé dans ce domaine en particulier. Parmi eux, on retrouve nos infirmiers en oncologie qui sont spécialisés dans le travail avec les patients atteints d’un cancer. Et dans un avenir proche, nous comptons faire des chirurgies complexes en oncologie.

Quelles sont les initiatives ou les stratégies mises en place pour promouvoir la prévention et le dépistage précoce du cancer à Maurice ? Comment le public peut-il être mieux informé de l’importance des dépistages précoces du cancer ?
La sensibilisation reste le meilleur outil pour faire la prévention du cancer. Et pour faire passer un message précis au public, ce sont les médias qui détiennent le plus de pouvoir. Ils arrivent à capter l’attention de leur public et c’est pour cette raison que nous souhaitons véhiculer les informations clés à la presse. À travers les campagnes menées en ligne, dans les journaux et aussi à travers les activités, le public peut alors prendre conscience de l’importance du dépistage.

Par ricochet, les Mauriciens sont plus nombreux à se tourner vers les professionnels pour se faire dépister. Ce « screening » permet alors de détecter les cancers très tôt, ce qui par la suite peut assurer un traitement plus efficace. Les chances de survie augmentent et les patients ne sont plus condamnés. Dans le cas contraire, les patients viennent vers nous quand le cancer est déjà trop avancé. Il faut continuer à encourager les Mauriciens à consulter dès qu’ils observent une anomalie.

Quels sont les services de soutien disponibles pour les patients atteints de cancer, pendant et après le traitement ?
Le soutien moral est indispensable. Nous proposons un service de conseil et de soutien psychologique aux patients, mais aussi à leurs familles. Le soutien de la famille est un aspect crucial dans le parcours du patient. Le but est de les aider à faire face aux difficultés émotionnelles et physiques liées à la maladie.

Ensuite, durant le traitement, et selon la sévérité, nous encourageons les patients à rester actifs et à continuer à travailler s’ils le peuvent. Cela les garde occupés et ils ne se focalisent pas uniquement sur la maladie.

Et bien sûr, après le traitement, ils sont aussi encouragés à reprendre un rythme normal, à reprendre le travail, mais aussi à faire de l’exercice physique. Les risques de récidive vont diminuer si la personne est physiquement active et adopte un mode de vie sain.

Comment la technologie est-elle intégrée dans les soins du cancer à Maurice ? Existe-t-il des avancées ou des technologies spécifiques utilisées pour améliorer le diagnostic, la planification du traitement ou le suivi des patients atteints de cancer ?
La technologie joue un rôle essentiel dans le traitement du cancer. Nous ne faisons pas de compromis à ce niveau. D’ailleurs, l’Aegle Cancer Hospital a franchi une étape majeure en réalisant avec succès la toute première greffe de moelle osseuse à Maurice, marquant ainsi une avancée dans le traitement du cancer du sang dans le pays. Effectuée il y a un mois, l’intervention a permis la guérison complète d’une jeune Mauricienne atteinte d’un cancer du sang. Elle est la première personne sur le continent africain à bénéficier de ce traitement.

La clinique est aussi dotée de départements de diagnostic avancé et de radiothérapie, en particulier le PET-CT Scan, le cyclotron et l’unité de radiothérapie 4D de haute précision. Le PET-CT Scan et le cyclotron sont reconnus comme des outils de pointe pour le diagnostic du cancer.

Ensuite, il y a le département de radiothérapie qui est aussi reconnu pour le rôle central qu’il joue dans les soins proposés. Le but est d’intégrer les dernières innovations en matière de radiothérapie, garantissant que les patients reçoivent les traitements les plus efficaces et avancés.


La prise en charge dans le service public

Le Dr Meera Dassarath-Soobhug, oncologue.
Le Dr Meera Dassarath-Soobhug, oncologue.

Le service de santé publique dispose de plusieurs moyens pour la prise en charge des patients une fois le diagnostic établi. Tour d’horizon avec le Dr Meera Dassarath-Soobhug, oncologue clinique à l’hôpital Victoria et au New Cancer Hospital.

Pour diagnostiquer les cancers, le service de santé publique recourt à divers moyens techniques d’imagerie (CT Scan, MRI et échographie), d’analyses sanguines et de biopsies dans tous les cinq hôpitaux régionaux. Ces biopsies sont analysées au laboratoire central de Candos par les pathologistes du département. D’autres pathologistes sont présents dans les hôpitaux régionaux.

Une fois le diagnostic de cancer établi, les cas complexes sont discutés dans un comité multidisciplinaire, le Multidisciplinary Tumour Board (MDT), à l’hôpital SSRN à Pamplemousse, à l’hôpital Dr A. G Jeetoo à Port-Louis, à l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle ou au New Cancer Centre (voir plus loin). Le comité comprend un oncologue, un radiologue, un pathologue et un chirurgien. Ils définissent la marche à suivre pour la prise en charge, puis le traitement du patient débute.

Le traitement se décline en sept modalités : la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, le traitement ciblé, l’hormonothérapie, la luminothérapie et les soins palliatifs. La chirurgie est disponible dans tous les cinq hôpitaux régionaux, tandis que le service de chimiothérapie a été décentralisé et est disponible à l’hôpital SSRN, au Dr A. G. Jeetoo, au New Cancer Centre et à l’hôpital Jawaharlal Nehru. La chimiothérapie sera bientôt proposée à l’hôpital de Flacq, mais le suivi des patients est effectué en ambulatoire.

La radiothérapie est actuellement basée à l’hôpital Victoria. Mais une fois que les équipements tels que l’accélérateur linéaire et la brachythérapie seront opérationnels, la radiothérapie sera également offerte au New Cancer Centre. L’hormonothérapie est disponible dans tous les cinq hôpitaux régionaux, tandis que le traitement ciblé est proposé uniquement au New Cancer Centre.

Quant aux soins palliatifs, ils sont offerts à l’hôpital SSRN, à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, au New Cancer Centre et à l’hôpital Jawaharlal Nehru.

Le financement

Les traitements qui ne sont pas encore disponibles à Maurice sont proposés dans les centres hospitaliers en Inde ou à l’île de la Réunion suivant le « Memorandum of Understanding » qui a été établi, souligne le Dr Dassarath-Soobhug. Toutefois, le cas de ces patients doit au préalable être examiné par l’Overseas Board.

À l’issue du dernier Budget 2023-24, la prise en charge des enfants de 0 à 18 ans atteints de cancer est pris en charge conjointement par le ministère de la Santé à travers le ministère des Finances pour leur traitement à l’étranger. En 2023, 41 enfants ont fait le déplacement à l’étranger pour leurs traitements médicaux. Le suivi médical est effectué à Maurice à leur retour.

En ce qui concerne le traitement des adultes, le budget est à hauteur de Rs 1 million. Une fois épuisé, ce fonds n’est pas renouvelé, indique le Dr Dassarath-Soobhug.


Le One Stop Shop du New Cancer Centre

Le New Cancer Centre ambitionne de devenir un centre régional d’excellence dans l’océan Indien.
Le New Cancer Centre ambitionne de devenir un centre régional d’excellence dans l’océan Indien.

L’ancienne clinique Medpoint a entièrement été transformée pour abriter le New Cancer Centre. Un nouveau bâtiment a même été construit pour accueillir les nombreux patients atteints du cancer.

Opérationnel depuis octobre 2020, le New Cancer Centre offre, dans l’ancien bâtiment de la clinique, les traitements de chimiothérapie en ambulatoire. C’est-à-dire que les patients viennent à l’hôpital pour leur traitement avant de rentrer chez eux le même jour. Tous les services de laboratoire sont aussi disponibles dans le même établissement, ce qui permet aux patients de se présenter la veille ou le même jour de leur traitement de chimiothérapie pour une prise de sang à des fins d’analyse.

Le centre est également doté d’un département « In patients » pour ceux qui nécessitent des traitements de chimiothérapie de longue durée ou une prise en charge en cas d’effets secondaires. Des soins palliatifs y sont aussi proposés.

Le nouveau bâtiment annexé à l’ancienne clinique est un établissement spacieux accueillant les patients qui font leur suivi médical à la fin de leur traitement. Ce suivi est fait à vie. Le nouvel édifice est à trois niveaux et comprend un sous-sol qui peut accueillir jusqu’à 200 lits. Au sous-sol, les appareils de radiothérapie ont été installés et il y aura aussi deux accélérateurs linéaires pour des sessions de radiothérapie 3D.

L’établissement disposera d’un appareil de brachythérapie à forte dose ainsi qu’un PET scan. Au rez-de-chaussée, tout le département de l’imagerie médicale à la pointe de la technologie sera installé. Les consultations se feront au premier niveau. Divers autres traitements seront disponibles aux premier et deuxième niveaux ainsi que l’hospitalisation.

La vision des autorités est que le New Cancer Centre soit, à terme, un centre de référence régional dans l’océan Indien, fait comprendre le Dr Dassarath-Soobhug. « En ce qui concerne les traitements, nous prévoyons aussi de faire de la prévention, du diagnostic et d’offrir les soins palliatifs et des recherches. Avec le temps, nous espérons être également un hôpital universitaire », souligne-t-elle.

La vaccin HPV comme moyen de prévention

Le vaccin contre le virus du papillome humain (HPV), qui est proposé aux garçons et aux filles de 9 à 15 ans, vise à les protéger contre divers types de cancer causés par ce virus. Comprenant divers sous-types, plusieurs sont susceptibles de provoquer une tumeur : les sous-types 6, 11, 16 et 18. Ce vaccin peut ainsi aider à prévenir le cancer du col de l’utérus chez les femmes, mais aussi le cancer de la gorge et de l’anus.

Le dépistage précoce offre de meilleures chances de guérison

Un cancer comprend quatre stades. Tous les cancers qui sont diagnostiqués dans un stade précoce, c’est-à-dire au stade 1 ou 2, ont de meilleures chances de guérison, affirme le Dr Dassarath-Soobhug.
Le « five-year survival overall » est un indicateur qui mesure la proportion de patients qui vivent encore cinq ans après le diagnostic du cancer. Il sert à comparer le pronostic de différents types de cancer, explique-t-elle. « Il y a des cancers dont la survie de cinq ans est plus élevée que d’autres. Le stade du dépistage du cancer est aussi important », ajoute l’oncologue.

Ainsi, un cancer découvert au stade 1 a 90 % de chances de survie pendant au moins cinq ans. Pour le stade 2, c’est environ 70 %, le stade trois c’est 50 % et le stade 4 c’est 4 à 5 %.

En faisant la comparaison avec les divers types de cancer, le cancer du sein est l’un des types de tumeur qui peuvent être guéris s’ils sont découverts à un stade précoce. Il en est de même pour le cancer de la prostate. Pour le cancer du testicule qui est localisé, les chances de guérison sont de 100 %, alors que pour le cancer de la thyroïde, le cancer du col de l’utérus, le lymphome hodgkinien, ils ont des chances de guérison s’ils sont diagnostiqués tôt.

« Ces chiffres montrent bien que le dépistage précoce est très important afin de bénéficier des traitements appropriés le plus vite possible car cela contribue à la guérison d’un cancer », souligne l’oncologue.
Certains cancers sont cependant considérés comme agressifs car ils sont nombreux à être diagnostiqués tardivement ou à un stade avancé en raison du fait qu’ils ne présentent pas des symptômes au début de la maladie. C’est notamment le cas pour le cancer des ovaires où 75 % des patients se présentent au stade 3 ou 4 du cancer. Il en est de même pour le cancer de l’estomac ou du poumon.


Artemis Curepipe Hospital : des programmes de dépistage avancés

Divers forfaits de dépistage sont proposés.
Divers forfaits de dépistage sont proposés.

Le département d’oncologie de l’Artemis Curepipe Hospital offre des soins complets aux patients, en fournissant des services de diagnostic, de traitement et un soutien continu. Dans le cadre de la Journée mondiale contre le cancer, observée le 4 février, le centre de santé du groupe Falcon Healthcare a lancé des programmes de dépistage et de prévention.

Parmi les forfaits proposés, il y a le dépistage complet de la prostate et du cancer du côlon. L’établissement dispose aussi d’un forfait de dépistage complet du cancer du sein pour les femmes, ainsi que du cancer du col de l’utérus pour le groupe d’âge de 25 à 65 ans.

L’Artemis Curepipe Hospital dispose d’une équipe multidisciplinaire comprenant des oncologues, des chirurgiens, des radiologues, des infirmières et des services associés. L’équipe de spécialistes utilise des technologies de pointe. Les équipements comprennent une mammographie numérique, une IRM 1.5 T et un scanner CT 128 coupes.


C-Care à la pointe de la technologie

Les établissements C-Care Wellkin offrent aux patients une prise en charge complète.
Les établissements C-Care Wellkin offrent aux patients une prise en charge complète.

Le cancer est une maladie grave qui nécessite une prise en charge adaptée et de qualité. En plus du service public, il existe des options privées pour le traitement du cancer à Maurice.

C’est le cas de C-Care, un groupe qui regroupe deux hôpitaux (C-Care Darné et C-Care Wellkin) et un centre spécialisé (C-Care Cancer Centre). Ces établissements offrent aux patients atteints de cancer une prise en charge complète et personnalisée, qui couvre les différentes étapes du parcours de soins : du diagnostic au traitement, en passant par le soutien psychosocial et la réhabilitation.

C-Care dispose d’une équipe pluridisciplinaire d’oncologues, de chirurgiens, de radiothérapeutes, d’infirmiers, de psychologues, et de pharmaciens. Le groupe s’appuie sur des équipements de pointe, tels que le système Varian TrueBeam pour la radiothérapie (qui permet de délivrer un dosage précis afin de traiter le cancer peu importe sa localisation dans le corps, protégeant ainsi les tissus sains), le laboratoire C-Lab pour les analyses, et le centre Onco Pharma pour la chimiothérapie et l’immunothérapie. Le groupe bénéficie également de partenariats avec des spécialistes de La Réunion et d’autres pays, pour assurer une expertise et une qualité optimales.

Les établissements C-Care Darné offrent aux patients une prise en charge complète.
Les établissements C-Care Darné offrent aux patients une prise en charge complète.

D’autre part, C-Lab propose un diagnostic pointu du cancer, qui utilise des techniques de pointe pour analyser la génétique de la maladie. Cette analyse permet de déterminer le type, le stade, et les caractéristiques de chaque cancer, ce qui facilite le choix et l’adaptation du traitement le plus approprié pour chaque patient.

Le C-Care Cancer Centre dispose de chambres privées et semi-privées, de cabines individuelles et communes pour la chimiothérapie, et d’une salle de phlébotomie. Le centre proposera bientôt la chirurgie, ainsi que des programmes de prévention et de réhabilitation.

 

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