L’émission « Au cœur de l’info » de jeudi était axée sur la politique et les enjeux de cette année 2023 qui promet d’être mouvementée. Florence Alexandre et Prem Sewpaul ont fait le tour de la question avec plusieurs invités et intervenants. Parmi : l’éditorialiste Subash Gobine et l’observateur politique Faizal Jeerooburkhan.
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Même si la pétition électorale de Suren Dayal contre Pravind Jugnauth devant le Privy Council aboutit, rien n’empêche le Mouvement socialiste militant (MSM) de continuer à rester au pouvoir. Un autre député peut être désigné Premier ministre. C’est ce qu’a expliqué l’éditorialiste Subash Gobine le jeudi 12 janvier 2023 dans l’émission « Au cœur de l’info » présentée par Florence Alexandre et Prem Sewpaul.
Au début de l’émission, l’observateur politique Faizal Jeerooburkhan a indiqué qu’il se peut que des élections municipales se tiennent, mais il a précisé qu’il se peut qu’on aille directement aux élections générales si Suren Dayal obtient gain de cause. « Si Pravind Jugnauth perd devant le Privy Council, il devra ‘step down’ », a-t-il dit.
Subash Gobine a alors bien fait comprendre que c’est uniquement le Premier ministre qui décide de la tenue des élections générales. « L’Assemblée nationale sera dissoute en novembre 2024. Rien ne peut écourter le mandat de Pravind Jugnauth », a-t-il dit.
Il a pris un cas de figure. « Admettons que Suren Dayal remporte sa pétition électorale. Les trois candidats accusés d’avoir triché seront alors disqualifiés. Malgré cela, le MSM et ses alliés ont la majorité. Dans ce cas, qu’est-ce qui les empêche de désigner un autre député Premier ministre ? Techniquement, c’est possible », a-t-il dit.
Jocelyn Chan Low, politologue, est intervenu par téléphone. Il a souligné que le gouvernement détient une majorité confortable, que Pravind Jugnauth n’a cessé de marteler qu’il ira jusqu’au bout de son mandat et que l’Assemblée nationale sera par la suite dissoute. Il a néanmoins concédé qu’il se peut que la population fasse pression. Mais il a fait ressortir que « bien que 100 000 personnes soient descendues dans la rue, cela n’a eu aucun effet sur le gouvernement ».
Alliance de l’opposition
Faizal Jeerooburkhan a qualifié une alliance entre le Parti travailliste (PTr), le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) comme étant « contre nature ».
Il s’appuie sur le fait qu’ils n’ont jamais travaillé ensemble. « Leur but est de gagner le pouvoir et le partager », a-t-il dit. Parlant de leadership pour cette alliance, il a souligné la nécessité d’avoir une personne-modèle « qui ne traîne pas de casseroles ».
Selon Subash Gobine, ils sont plusieurs à dire que Xavier-Luc Duval occuperait le poste de président de la République en cas de victoire. Il trouve cela très bancal. « Je ne vois pas comment le leader du PMSD ira s’asseoir à Réduit et poursuivre sa politique économique. »
Il a ajouté que la politique est une histoire de clans et de mathématiques. « Les dirigeants des trois partis pensent qu’en concluant une alliance et en combinant leurs forces, ils pourront mater Pravind Jugnauth. »
Jocelyn Chan Low a fait ressortir que cela fait très longtemps qu’on entend parler d’une alliance MMM/PMSD/PTr. « Entre les pourparlers et la concrétisation, c’est autre chose. On peut faire des calculs sur le papier et sur les réseaux sociaux. Mais les bruits des réseaux sociaux se transformeront-ils en campagne électorale ? », a-t-il demandé.
Bodha et Bhadain
Commentant le cas de Nando Bodha, Faizal Jeerooburkhan l’a qualifié d’électron libre qui cherche à s’ajuster. « J’ai l’impression qu’il s’est laissé embêter par Paul Bérenger. Par contre, Roshi Bhadain a fait des propositions intéressantes. Il veut apporter des changements, mais il n’a pas le groupe d’électeurs qui peut le faire bouger. S’il ne rencontre pas un autre parti politique, il sera esseulé », a-t-il indiqué.
Subash Gobine pense, lui, que Nando Bodha et Roshi Bhadain sont deux éléments différents.
« Ils n’ont rien en commun. Le cas de Nando Bodha est un peu compliqué, car dans le milieu du PTr, ils pensent qu’il peut être utilisé comme un outil pour marginaliser Navin Ramgoolam s’il y a un problème. Roshi Bhadain est différent. Il a un potentiel d’action politique plus fort. Il est venu avec plusieurs choses pour fatiguer le gouvernement. »
Nouveau gouvernement
Selon Faizal Jeerooburkhan, le prochain gouvernement devra pouvoir s’assurer qu’il y a une vraie justice à Maurice. « Il faut de la transparence. Il faut consolider la démocratie et la méritocratie. Il faut une bonne gouvernance. Il faut combattre la fraude et le népotisme », a-t-il dit.
Subash Gobine attend, lui, que le prochain gouvernement redresse le pays, combatte le fléau de la drogue et mette de l’ordre dans les institutions. Il a aussi indiqué qu’un futur gouvernement devra prendre en charge les eaux territoriales de Maurice, car le pays, qui est pourtant entouré par la mer, importe du poisson de la Chine.
Patrick Assirvaden, président du PTr, est également intervenu par téléphone. Il croit savoir que les élections générales ne sont pas loin.
« Pravind Jugnauth a dit qu’il poursuivra son mandat jusqu’en 2024, mais il y a des scénarios qui ne sont pas entre ses mains. Il y a le cas devant le Privy Council. Si la pétition électorale aboutit, ce sera la continuité. Mais s’il perd, nous irons directement aux élections générales. Elles pourraient être anticipées. Mais en cas d’élections municipales, le PTr/MMM/PMSD ira ensemble. »
Intervenant par téléphone, Ajay Gunness, leader adjoint du MMM, a, pour sa part, souligné que les discussions entre les trois partis de l’opposition continuent. « Si les élections municipales se tiennent d’ici juin, les trois partis iront ensemble avec un accord de principe », a-t-il dit.
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