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Sidharth Sharma, CEO de Rose-Hill Transport Holding Ltd : «Il faut une offre collective»

Le système de transport se modernise avec le Metro Express. N’empêche que c’est au détriment des opérateurs d’autobus, n’est-ce pas ? 
Ce projet, tel quel, est extrêmement ambitieux. C’est un « case study » au niveau de sa mise en œuvre où tous les délais ont été respectés. Ce qui est fort louable. Nous devons analyser tout cela avec une perspective plus large. La valeur économique est quand même phénoménale et le tracé du métro rend des endroits accessibles. 

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Nous sommes l’un des promoteurs du Victoria Urban Terminal qui ne serait pas devenu une réalité s’il n’y avait pas eu le projet Metro Express. Cela a permis de « rejuvenate » Port-Louis qui était lugubre et peu fréquentable à la nuit tombée. 

Aujourd’hui, il faut un standard. Je pense qu’il y a aussi une valeur additionnelle, notamment en matière d’immobilier. Il y aura beaucoup de constructions autour des stations qui sortent de terre. Un peu comme à Paris, où plus les maisons sont près du métro, plus elles sont chères. 

Que préconisez-vous pour que le métro et les autobus aillent de pair ? 
D’un point de vue du transport, on doit se demander si on aurait pu faire un meilleur planning. Ce projet a été réalisé en silos. On n’a pas beaucoup parlé des autres moyens de transport. On a dû ramener notre flotte de 100 autobus à 75, en sus de réduire le nombre d’employés. L’impact sur nos revenus a été très rude, avec une diminution de 40 % de nos recettes et une perte de 25 000 passagers quotidiennement. 

Face à cette situation, il faut des mesures d’accompagnement, car clairement, on ne voyait pas venir ce scénario. On fait de la place pour un autre acteur du transport. Il faut une réforme. L’année dernière, on a vendu 22 000 véhicules. Le parc automobile ne cesse d’augmenter et on n’envoie pas de voitures à la casse. 

Bien qu’on construise des « fly-overs », cela ne fluidifiera pas le trafic. Cela continuera à empirer et ce même si Maurice a pris l’engagement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Il faut un plan central comportant plusieurs volets afin d’inciter les gens à utiliser le transport commun. Il faut une expérience totale de la maison au travail et vice versa. Il faut que toutes les gares aient un standard. 

Et après ? 
Il faut venir avec une Passenger Information Table. Les autobus doivent être équipés du GPS. Une application doit être aussi disponible pour que les passagers puissent planifier leur trajet avec toutes les options et les permutations possibles. Ce n’est pas parce qu’on réinvente ce qui a déjà été fait ailleurs que cela fonctionnera forcément. 

Il faudrait un organisateur des transports, comme le Transport for London. Les passagers devraient avoir une carte avec laquelle ils peuvent choisir de voyager par métro, autobus ou taxi. Ils devraient pouvoir savoir combien de temps cela prend pour arriver à destination. 

Les opérateurs d’autobus ne devraient-ils pas se moderniser également ? 
Une transformation radicale est de mise. Sur une ligne, on peut, par exemple, avoir des autobus de divers opérateurs. Ce qui est un gâchis. La solution serait d’accorder à chacun d’eux une zone exclusive pour opérer. 

Il faudrait aussi plus de subsides pour acheter des autobus. Ce qui permettrait de mettre hors circuit ceux qui sont vieux. En France, par exemple, les subsides sont à hauteur de 60 % des recettes des opérateurs. On peut aussi aller vers des « tenders » pour les achats, car des opérateurs achètent 140 autobus par an. 

On est dans un pays de droit. Quand on parle de transport, il doit être accessible à tous, même si cela signifie avoir trois personnes à voyager dans un autobus. 

Les autorités envisagent d’étendre le métro dans d’autres régions. Est-ce une bonne initiative pour un petit pays comme Maurice ? 
Ce n’est pas mauvais en soi. Néanmoins, le transport public doit marcher comme un collectif. Dans un pays, le métro ne fonctionne pas seul. Il faut une coopération avec les autres transports en commun. Pour se rendre à une destination, on doit pouvoir prendre le bus, le métro ou un taxi. Cela doit être « seamless » comme à Singapour. 

On peut venir avec un système de transport gratuit pour tous, comme au Luxembourg, qui serait financé par l’argent des employeurs. Ici, cet argent peut être dirigé vers la National Land Transport Authority. 

Puis on ne peut pas faire les choses au hasard. Il doit y avoir un plan de mobilité. Il faut une réflexion et pas se laisser guider par des lobbies. Il faut une offre collective, englobant métro, autobus et taxis, qui soit « canon » afin d’inciter le public à voyager dans le transport en commun. Il faut une nouvelle orientation. Le métro est fonctionnel. On doit maintenant aspirer à un système où tous les transports en commun cohabitent. 

 

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