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Shirin Aumeeruddy-Cziffra : «La société a un devoir de reconnaissance envers les mères»

Claude Cziffra, l’époux de Shirin Aumeeruddy-Cziffra, célébrera ses 74 ans ce dimanche. Ils sont mariés depuis plus de 50 ans.

À l’occasion de la fête des Mères, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, ancienne ministre et actuelle Speaker, mère de deux enfants, partage un regard à la fois tendre et engagé sur la maternité.

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Que représente la fête des Mères pour vous ?
Un jour spécial pour que chacun se souvienne que nous sommes venus au monde grâce à une maman qui a un jour rencontré un homme. Ainsi, ils ont permis de perpétuer l’humanité et joué un rôle primordial dans l’histoire du monde. 

La société a donc un devoir de reconnaissance envers les mères et doit accompagner toutes les mères par des mesures appropriées, tout en se rappelant qu’elles sont aussi des citoyennes à part entière avec des droits fondamentaux.
 
C’est donc un acte d’amour qui est à l’origine de la maternité ?
Malheureusement, toutes les femmes n’ont pas enfanté dans l’amour de leur partenaire. Certaines ont été abandonnées, quelques-unes ont été violées. D’autres sont battues et même tuées. Il y a beaucoup trop de filles-mères qui doivent élever seules leurs enfants. On ne peut donc pas généraliser, ni parler de la situation des mères sans reconnaître ces situations négatives.

Cette fête est l’occasion de célébrer la mère, quelle qu’elle soit quand même ?
Oui, mais on ne peut pas en donner une image trop rose, car il y a toutes sortes de situations, et chaque femme a un vécu différent. De plus, ce n’est pas normal de parler de toutes les femmes comme des mères. Certaines choisissent de ne pas avoir d’enfant pour toutes sortes de raisons. 

Il est important de ne pas réduire la femme à son rôle de mère. Car c’est précisément ce rôle qui a fait que les femmes ont, pendant longtemps, été reléguées dans leur foyer. Elles n’ont pas pu jouir de tous leurs droits. Aujourd’hui encore, le nombre de femmes au chômage est plus élevé que celui des hommes, par exemple. Et la disparité entre les genres est préoccupante à tous les niveaux.

Vous êtes mariée et avez des enfants. Cela ne vous a pas empêchée d’occuper plusieurs postes de responsabilité dont celui de Speaker aujourd’hui…
C’est vrai, mais au prix de beaucoup de sacrifices. Sur un plan personnel, j’ai la chance d’avoir pu choisir un compagnon exceptionnel et nous fêterons bientôt nos 51 ans de mariage. Il a été un très bon père et a joué pleinement son rôle. Heureusement, beaucoup d’hommes ont une certaine sensibilité qui permet à leur famille d’être équilibrée.

Avez-vous prévu quelque chose de spécial cette année pour marquer cette journée ?
Chaque année, la fête des Mères est célébrée à Maurice le dernier dimanche de mai. Cette année, pour nous, elle coïncide avec l’anniversaire de mon époux. Nous allons donc faire une double célébration. Mais de manière très simple.

Vos enfants seront autour de vous ?
Ma fille, oui. Mon fils et ma petite-fille sont en France et je prévois de communiquer avec eux par une messagerie électronique. Nous accueillons aussi cette année une cousine avec sa famille, car sa propre mère est aussi en France.

Quels souvenirs avez-vous des précédentes fêtes des Mères ?
D’abord, dans ma jeunesse, je me souviens qu’on n’allait pas acheter des cadeaux, mais qu’on les fabriquait nous-mêmes. Cela avait plus de valeur. À l’école, les enfants aussi donnaient libre cours à leur talent d’artiste. 

Malheureusement, cette fête est devenue un moment clé de la grande consommation. Il est vrai que l’électroménager a quelque part aidé les mères de famille. On a détaxé les machines à laver, les frigos et c’en était fini des « ros lave » et de la préparation de plusieurs repas par jour. Le frigo a permis de mieux conserver la nourriture, ce qui a beaucoup soulagé les familles où tout le monde travaillait. Finies les heures passées devant les fourneaux. 

Maintenant, c’est le téléphone portable qui est important pour mieux communiquer et mieux gérer la vie professionnelle, mais aussi familiale. Et il existe de nouveaux gadgets pour nous donner le sentiment que nous sommes des « chefs ».

Et de la part de vos enfants, quels sont vos souvenirs ?
Beaucoup de moments formidables. Il fallait les intégrer à ma vie publique. Par exemple, mon fils venait donner le coup d’envoi au stade de Rose-Hill. J’ai aussi un souvenir très touchant de la fête des Mères de 1987. Cette année-là, j’étais maire de Beau-Bassin/Rose Hill. La classe de ma fille m’avait fait une surprise et était venue chanter « Maman, oh maman » du jeune chanteur Roméo sur la scène du Plaza pour moi et toutes les autres mamans. 

Quel message souhaitez-vous adresser à toutes les mamans de Maurice en cette journée spéciale ?
Profitez-bien de tout l’amour qu’on vous porte tout le long de l’année. Mais aussi, prenez souvent du temps pour vous sans avoir à vous occuper des autres ou vous inquiéter de leur bien-être. C’est peut-être difficile, mais il vous faut ce recul. J’avoue que j’ai moi-même du mal à lâcher prise. Heureusement qu’il y a des amis pour nous permettre d’élargir nos horizons. Il y a aussi beaucoup d’activités possibles pour les femmes de tous les âges. Alors, recherchez l’équilibre entre responsabilités familiales, engagement au travail et loisirs.

Azeem Khodabux

 

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