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Serge Ng Tat Chung, nouveau directeur : «Notre objectif est de connecter le MES aux réalités du terrain»

Serge Ng Tat Chung

Nommé récemment à la tête du Mauritius Examinations Syndicate (MES), Serge Ng Tat Chung, ancien recteur du collège Saint-Joseph, entend moderniser l’évaluation scolaire. Dans cet entretien, il partage ses projets pour renforcer l’équité et l’innovation. Il parle aussi de sa feuille de route pour une institution plus connectée aux réalités du terrain.

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Votre nomination à la tête du MES marque une nouvelle étape dans votre carrière. Quelles motivations profondes vous ont conduit à accepter ce poste ? 
Je suis un enseignant de carrière. L’éducation est pour moi une passion. J’ai été recteur du collège St-Joseph pendant plus de 20 ans. Cet engagement est pour moi une manière d’aider les jeunes de la République à devenir des citoyens responsables et des acteurs au service des autres ainsi que de leur pays. 

Quels atouts de votre parcours vous paraissent pertinents pour relever les défis qui vous attendent au MES ? 
J’ai été membre du conseil d’administration du MES. Je connais donc un peu l’institution. J’ai aussi participé à quelques-uns de ses comités techniques. J’ai notamment été de ceux qui avaient rendu possible l’introduction de la filière de bourse HSC (PRO) pour ouvrir la panoplie des offres d’examens de Cambridge à nos jeunes du HSC et desserrer quelque peu pour eux la pression académique antérieure des filières boursières.  J’ai également participé à un Audit international de nos institutions d’enseignement supérieur comprenant des auditeurs anglais, singapouriens et sud-africains. Je représentais, avec d’autres, la partie mauricienne.  Mon expérience en tant qu’enseignant puis en tant que recteur m’a apporté l’expérience du terrain dont j’aurai besoin en tant que directeur du MES. J’ai été sur le terrain pour mettre en œuvre les procédures d’examens, la correction des épreuves et l’analyse des résultats de mes élèves à l’époque. Cela m’aidera certainement à mieux comprendre les attentes que les écoles et les enseignants ont vis-à-vis du MES. 

Quelle est votre vision pour le MES à moyen et long terme face aux évolutions éducatives, tant au niveau local qu’international ? 
À court et moyen terme, avec le Board du MES, mon adjoint, tous les chefs de section et l’ensemble du personnel, tous des officiels dévoués et compétents, ce travail a déjà commencé. Nous nous penchons sur le « day-to-day running of the institution », comme on dit c’est-à-dire son staff et ses moyens de fonctionnement. Nous renforçons les effectifs, consolidons les infrastructures et modernisons les équipements. 

Nous travaillons à la mise en place d’une cellule de communication pour améliorer le dialogue avec la communauté éducative nationale et internationale, en somme, avec tous nos stakeholders. Nous nous établissons avec le soutien de la politique du ministère de l’Éducation en tant que notre « Parent Ministry » et proposons des initiatives sur un certain nombre de créneaux : comme l’ouverture de bourses nationales en HSC IT ou Sports-Études, pour accompagner nos jeunes talents académiques et sportifs. 

Nous développons aussi les filières paramédicales et la médecine sportive. Il y a un gros potentiel de nos jeunes pour ces professions. Nous faisons en sorte que l’International Baccalaureate gagne un champ national d’inscription plus large pour plus de voies ouvertes à nos jeunes, sur les admissions dans le tertiaire européen et autres. 

Nous travaillons aussi aux possibilités pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap et à mobilité réduite grâce à des évaluations de compétences et de performances adaptées et des bourses quasi-égales. Nous étudions également déjà des propositions de modalités d’accompagnement socio-académique pour les redoublants au Primary School Achievement Certificate (PSAC).

En collaboration avec le Mauritius Institute of Education et le ministère, nous développons des filières alternatives. Nous collaborons, à titre d’exemple, sur le développement du « Foundation Programme in literacy, numeracy and skills » (FPLNS) et d’une filière technique pour les élèves des Grades 10 et 11. 

Nous envisageons aussi de collaborer dans un avenir proche avec des instances régionales et des pays d’Afrique. Nous collaborons déjà avec l’ambassade de France pour la délivrance du diplôme DELF à Maurice et Rodrigues, et développons des projets plurilingues. D’autres projets de type plurilingue avec l’ambassade de France sont déjà en chantier.

Les examens du SC et du HSC ont débuté jeudi dernier. Comment le MES coordonne-t-il les activités afin d’assurer le bon déroulement des épreuves ? 
Le MES dispose d’une « machine bien huilée » pour organiser ces examens. Ils relèvent eux-mêmes de la responsabilité de la « Section des Examens de Cambridge ». Les procédures ont commencé bien en amont, notamment avec le stockage sécurisé des questionnaires. On a commencé le premier jour des examens, avec l’arrivée aux petites heures du matin des coordinateurs/coursiers au MES pour récupérer les questionnaires et les distribuer dans les centres d’examen.

Il existe également tout un dispositif de surveillants principaux, surveillants adjoints et Invigilators mobilisés pour ces examens afin de garantir qu’ils se déroulent en toute équité et intégrité. De plus, des correcteurs et des organisateurs formés veillent à ce que les candidats bénéficient des conditions optimales pour prendre part à ces examens. 

Nous disposons aussi de mesures en cas d’urgence, y compris en cas d’accident malheureux, pour que tout candidat participer aux épreuves dans les meilleures conditions possibles. Je tiens d’ailleurs à remercier le personnel du MES, les personnes-ressources, le ministère et les syndicats pour leur soutien indispensable afin d’assurer le bon déroulement des examens.

Quelles sont vos priorités immédiates ? Envisagez-vous des ajustements majeurs dans la gestion des examens nationaux ? 
Ma priorité immédiate est de veiller au bon déroulement de la session d’examens d’octobre/novembre qui nous attend. J’apporte et je continuerai d’apporter tout mon soutien au personnel du MES ainsi qu’aux équipes impliquées dans l’organisation des épreuves. 

Une fois cette session achevée, nous étudierons les possibilités de moderniser nos opérations afin de garantir, préserver et renforcer l’intégrité et la confiance dans les examens organisés par le MES. Nous alignerons également nos stratégies avec les réformes du curriculum et de l’évaluation que proposera le ministère.

Le système d’évaluation actuel est souvent critiqué pour son caractère trop académique ou rigide. Comptez-vous introduire des réformes structurelles ou des innovations pédagogiques dans le mode d’évaluation des élèves, avec la collaboration de l’université de Cambridge ? 
Les réformes structurelles, innovantes, ne relèvent pas seulement du MES, mais nous restons ouverts et nous assurerons tout notre soutien à toute action dans ce sens. Nous nous efforçons d’offrir à nos apprenants la meilleure expérience possible en matière d’évaluation. Cela inclut la révision des évaluations proposées en collaboration avec Cambridge. 

L’évaluation des compétences et aptitudes est de plus en plus valorisée, souvent de manière plus pertinente au niveau scolaire plutôt que lors d’une évaluation formelle de fin d’année. Nous proposerons aussi au ministère des réformes de l’évaluation au niveau du primaire et du « lower secondary » afin d’intégrer ces compétences essentielles dans le processus d’enseignement et d’apprentissage pour qu’elles se reflètent dans l’évaluation.

Le numérique prend une place croissante dans l’éducation. Le MES prévoit-il d’intégrer des outils numériques dans le déroulement des examens ? 
L’informatique est déjà largement présente comme sujet d’examen, de communication, de gestion éducative et administrative. Peut-être faudra-t-il penser à mettre en place des « frameworks » élèves, enseignants et administrations dans l’ère de l’intelligence artificielle (IA). 

Un usage judicieux de l’IA pour réaliser les tâches administratives peut libérer du temps pour développer des compétences supérieures essentielles, telles que la résolution de problèmes, la création de contenus, ainsi que le développement de compétences du XXIᵉ siècle, telles que le travail d’équipe et la collaboration.

Le MES envisagera également l’utilisation des examens et de la correction informatisés à moyen ou à long terme. Ce ne sera bien entendu possible qu’une fois les équipements, les infrastructures et la formation en place.

La collaboration avec Cambridge Assessment International Education est un pilier du système d’examens mauricien. Quel regard portez-vous sur ce partenariat ? 
Cambridge est là pour y demeurer. La raison historique, son label de reconnaissance académique international incontestable, son intégrité sans faille, sa rigueur organisationnelle et ses normes d’évaluation font d’elle, à tout point de vue, une référence. D’ailleurs, ne dit-on pas « Cambridge never errs ». 

Mais bien sûr, il ne s’agit là que d’une formule. Ce que nous envisageons, en revanche, c’est de développer ce partenariat pour apporter une contribution plus significative à l’élaboration des programmes et des évaluations. 

Y a-t-il une volonté d’aligner davantage les standards d’évaluation mauriciens avec ceux d’autres systèmes internationaux, notamment pour favoriser la mobilité académique et l’employabilité ? 
Pour qu’une évaluation soit valide, les outils utilisés doivent toujours être fondés sur le curriculum et le programme d’études. Plus le programme est évalué de manière large et complète, plus l’évaluation est valide. L’outil d’évaluation doit également être utilisé en fonction de la demande cognitive, des compétences et des aptitudes exigées par le curriculum et le programme. 

Les compétences pratiques dans une discipline – comme les Sciences, l’Art et le Design, le Design et la Technologie – sont mieux évaluées à travers une évaluation pratique. De même, si un programme repose sur le développement de certaines aptitudes et attitudes que l’élève doit démontrer, il sera plus pertinent de l’évaluer par un travail collaboratif ou un projet au niveau scolaire. 

Le MES continuera à actualiser ses cadres d’évaluation et à en élaborer de nouveaux en vue de produire l’évaluation la plus valide possible, tout en tenant compte d’autres principes d’évaluation tels que l’équité, la fiabilité et la praticité.

Les questions de transparence, d’équité et d’accessibilité sont cruciales dans tout système d’examen. Quelles garanties offre le MES aux élèves, aux parents et aux enseignants ? 
La crédibilité de tout examen tient à l’intégrité de son exercice. Un certain nombre de mesures fait partie des procédures relatives à la conception des épreuves, à l’organisation des évaluations, ainsi qu’au traitement et à la publication des résultats au MES assurant ainsi la transparence. 

Les évaluations nationales – PSAC, National Certificate of Education (NCE), SC et HSC – sont conduites conformément aux conditions et règlements qui les régissent. Les documents du programme annuel pour le PSAC et le NCE sont publiés chaque année. Le Cambridge Handbook for Centres, fournissant des détails sur la conduite des examens du SC et du HSC, est remis à tous les établissements secondaires participant à ces examens.

Les papiers sont publiés après chaque session sur les sites Internet du MES et de Cambridge, offrant ainsi au grand public la possibilité de prendre connaissance du contenu des épreuves. Des procédures strictes de sécurité sont appliquées depuis la conception des épreuves jusqu’à leur passation, en passant par les corrections. Le MES veille à ce que ces procédures sont rigoureusement respectées par toutes les parties concernées.

En matière d’équité et d’accessibilité, le MES met en place plusieurs dispositions pour les candidats. Des épreuves spéciales sont proposées à ceux présentant une déficience visuelle – en braille ou en version agrandie. Divers aménagements sont accordés en fonction des besoins spécifiques des candidats. Cela inclut la mise à disposition de lecteurs, de « scribes », d’évaluations informatisées ou d’autres dispositifs. 

Le MES s’assure que ces aménagements ne procurent aucun avantage indu par rapport aux autres candidats. Nous avons déjà des pourparlers avec l’université de Cambridge concernant les examens de Kreol Morisien, changement dans le syllabus de Sciences en 2026, en Art à partir de 2025.

Comment le MES veille-t-il à ce qu’aucun candidat ne soit pénalisé ? 
Le MES collabore avec Cambridge pour l’accréditation et la reconnaissance des évaluations aux niveaux O, AS et A en Kreol Morisien. Les évaluations de niveau AS et A sont en cours d’élaboration par une équipe technique. Cambridge apportera le soutien nécessaire afin que cette reconnaissance prenne effet dès que possible, c’est-à-dire pour la première cohorte d’élèves en AS Level à la fin de l’année 2026. 

En ce qui concerne le O Level Science et Art & Design, aucun changement n’est prévu pour les programmes de sciences du O Level en 2026. Ce qui change, c’est le mode d’évaluation des compétences pratiques. À partir de 2026, l’épreuve pratique sera réintroduite après plus de 40 ans. 

Jusqu’ici, les compétences pratiques étaient évaluées au moyen de l’épreuve « Alternative to Practical ». Même si les compétences pratiques étaient ainsi évaluées, l’effet indirect dans les salles de classe a été une insuffisante acquisition de ces compétences, pourtant cruciales à l’apprentissage des sciences.

Le MES, en collaboration avec Cambridge, a organisé une série d’ateliers en avril 2025 et en juillet/août 2025 (à Rodrigues) dans les trois disciplines scientifiques. Toutes les écoles secondaires y ont été invitées. Nous travaillons maintenant sur les aspects pratiques à considérer pour la tenue de ces examens, y compris la mise en place de dispositions spéciales pour les élèves à besoins particuliers.  Pour le programme d’Art & Design du O Level, il y a effectivement un changement dans le programme d’Art & Design du O Level, dont la première évaluation est prévue pour 2026. Des ateliers de formation dispensés par Cambridge ainsi qu’une formation en cascade pour toutes les écoles ont été organisés.
 

 

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