Economie

Semaine mondiale : l’allaitement la base de la vie

allaitement

L’allaitement prévient la faim et la malnutrition sous toutes ses formes et assure la sécurité alimentaire pour les bébés, même en temps de crise. Sans fardeau supplémentaire sur le revenu du ménage, l’allaitement est une façon bon marché de nourrir les bébés et contribue à la réduction de la pauvreté. La nutrition, la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté sont fondamentales pour la réalisation des objectifs de développement durable des Nations-Unies.

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Manque de volonté politique

En marge de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, observée du 1er au 7 août chaque année, la Consumer Advocacy Platform ( CAP)  invite le gouvernement à faire preuve de son engagement en faveur de l’allaitement maternel exclusif en promulguant une loi pour mieux encadrer  ce mode d’alimentation des nourrissons et réglementer la  commercialisation des laits de substitution. Pour la CAP, affiliée à l’International Babyfood Action Network (IBFAN Africa) et la World Alliance for Breastfeeding Action (WABA), les décideurs démontrent un manque cruel de volonté politique.

En dépit des affirmations du ministère de la Santé à  l’effet que 98 % des mères ayant accouché à l’hôpital allaitent leurs bébés, force est de constater que, dans la plupart des cas, l’allaitement exclusif ne dure qu’environ deux mois, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’allaitement exclusif jusqu'à six mois.

L’organisation, qui est aussi engagée dans la surveillance des violations du Code de l’OMS, déplore qu’un projet de loi visant à mieux encadrer l’allaitement maternel, mis en circulation en 2007 et ayant obtenu l’aval des organisations non-gouvernementales ainsi que celui des importateurs de laits infantiles, n’est toujours pas soumis au Parlement. Pour la CAP, le gouvernement devrait traduire dans les faits son engagement pour permettre aux mères allaitantes d’offrir à leurs bébés une nutrition optimale. 

Des données concordantes ont démontré que l’allaitement maternel exclusif ne dure qu’environ deux à trois mois. Ce qui signifie que, bien que la majorité des mamans optent pour allaiter leurs bébés, elles ont recours à l’alimentation complémentaire avant trois mois, ce qui influe sur l’allaitement exclusif. En effet, il faut savoir que l’alimentation au biberon en complémentarité avec l’allaitement au sein est déconseillée. Selon Mosadeq Sahebdin, l’alimentation complémentaire au biberon influe sur la production de lait chez la maman, d’où le phénomène « pas assez de lait ». Ceci est, selon la CAP, l’un des facteurs qui affectent le taux d’allaitement maternel.

Par ailleurs, il faut savoir que de nombreuses mères, qui allaitent leurs bébés au départ adoptent l’alimentation au biberon en prévision de la reprise du travail après le congé de maternité qui dure, depuis 2015, 14 semaines.

Les violations au Code de l’OMS-UNICEF sur la commercialisation des substituts au lait maternel constituent  un autre facteur important ayant une influence directe sur la pratique de l’allaitement maternel exclusif. Il faut souligner que le principal objectif du Breastfeeding Bill, circulé en 2007, était de rendre le Code de l’OMS-Unicef contraignant. En attendant, la conformité au Code demeure volontaire, d’où la tendance chez les distributeurs de laits infantiles à l’ignorer. La CAP souligne que, dans de nombreux pays,  le code a force de loi.

Semaine mondiale de l'allaitement maternel

Chaque année, la Semaine Mondiale de l'Allaitement Maternel est l'occasion pour des organisations, des associations, des hommes et des femmes dans le monde entier de soutenir, d'encourager et de protéger l'allaitement maternel. L'OMS en fixe traditionnellement la date durant la première semaine du mois d'août.

D'où vient cette initiative ?

C'est à l'hôpital Innocenti (Florence, Italie), en août 1990, qu'a eu lieu une réunion internationale consacrée à l'allaitement maternel rassemblant des représentants de 30 gouvernements, de nombreuses organisations des Nations-Unies et d'organisations non-gouvernementales (ONG). À la suite de cette réunion, en février 1991, les organisations et personnes souhaitant protéger, soutenir et encourager l'allaitement maternel créèrent un réseau mondial dénommé WABA (World Alliance for Breastfeeding Action, en français Alliance Mondiale pour l'allaitement maternel), avec le soutien de l'UNICEF.

L'une des actions principales de ce réseau est l'organisation d'une semaine mondiale annuelle consacrée à l'allaitement maternel dans le but de donner une visibilité à l'allaitement et de permettre à chacun dans le monde d'exprimer son soutien à ce qui est aujourd'hui une préoccupation internationale de santé publique.

Maurice en retard

Alors que le taux de l’allaitement maternel est estimé à quelque 98 %, celui d’allaitement maternel exclusif est négligeable, de l’aveu même du ministère de la Santé. Alors que Maurice se targue d’être leader en Afrique dans divers domaines, elle est à la traîne en ce qui concerne le nombre de mères qui allaitent leur bébé exclusivement. Une petite comparaison s’impose.

Dans 39 % des 60 pays du groupe SUN (Scaling Up Nutrition), le taux d’allaitement exclusif est d’au moins 50 %. Le Burkina Faso, le Kenya et le Swaziland ont vu une augmentation annuelle moyenne de l’allaitement exclusif de plus de 10 % et, en 2017, le Rwanda, le Sri Lanka et la Zambie affichaient un taux d’allaitement exclusif remarquable respectif de 87,3 %, 82,5 % et 72,5 %.

Le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel propose des recommandations pour réguler la commercialisation des substituts du lait maternel, des biberons et des tétines et vise à mettre fin aux techniques de marketing agressives et inadaptées utilisées de nos jours dans de nombreux pays. Ce Code a été adopté lors de la 34e Assemblée mondiale de la Santé (OMS) qui s’est tenue en 1981.

Dans 45 pays de ce groupe de 60, des mesures légales ont été prises pour se conformer au Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et, parmi eux, 39 pays ont promulgué une législation complète ou adopté une réglementation pour se conformer à toutes ou à une partie des dispositions du Code.

Toutes les alliances de la société civile des pays SUN s’efforcent de signaler régulièrement les infractions au Code international de commercialisation des substituts du lait maternel aux autorités compétentes. En 2016, le Myanmar a lancé une application sur téléphones portables servant à signaler les infractions en temps réel. Il est donc possible de le faire tout au long de l’année et de n’importe où dans le pays. Néanmoins, aucune action contre les transgresseurs n’a jusqu’ici été prise. Des alliances de la société civile du Cambodge, en réponse à une chute rapide du taux d’allaitement exclusif ont plaidé avec succès pour la création d’un conseil de surveillance pour le signalement d'infractions, afin que les autorités puissent prendre les mesures qui s’imposent. Une autre initiative de sensibilisation au Code a été observée aux Philippines avec des campagnes d’informations menées dans les îles Caravanes, visant à sensibiliser les communautés et à les informer des avantages de l’allaitement en insistant sur le fait que la promotion des substituts du lait maternel est une infraction sanctionnée par la loi.

L’allaitement contribue à l’économie du pays

L’allaitement maternel peut contribuer à réduire la pauvreté. C’est dans cette optique que l'OMS a fixé pour objectif mondial au moins 50 % d’allaitement maternel exclusif pour 2025. Pour l’OMS, une action conjointe, gouvernement, décideurs politiques et société civile est nécessaire.

L’allaitement est souvent décrit comme un bienfait de Dame Nature, car le lait maternel apporte des substances parfaitement adaptées pour répondre aux besoins nutritionnels et immunologiques des bébés. L’allaitement est un moyen idéal et naturel de nourrir un bébé et il favorise l’attachement mère-enfant dans toutes les situations. Même si, de par le monde, le taux d’allaitement initial est assez élevé, seuls 40 % des bébés de moins de six mois sont allaités exclusivement au sein et 45 % d’entre eux continuent d’être allaités jusqu’à l’âge de 24 mois. En outre, le taux d’allaitement au niveau régional et au sein même des pays varie considérablement. Une adoption de l’allaitement à plus grande échelle pourrait sauver plus de 823 000 enfants et 20 000 mères chaque année. Une absence d’allaitement est associée à des retards du développement cognitif et entraîne des pertes économiques de près de 302 milliards USD chaque année.

Une action conjointe est nécessaire pour atteindre l’objectif de l’OMS d’au moins 50 % d’allaitement exclusif d’ici l’année 2025. Si des progrès considérables ont été réalisés, beaucoup reste à faire pour combler l’écart entre les politiques et leur mise en œuvre. Ensemble, nous pouvons plaider en faveur de l’allaitement comme élément essentiel concourant à une bonne nutrition, à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté. La Semaine mondiale de l’allaitement maternel 2018, qui a pour thème « L’allaitement : la base de la vie » met l’accent sur : la lutte contre la malnutrition, la sécurité alimentaire et la fin du cycle de la pauvreté, due à plusieurs facteurs, dont, entre autres, la faim et la malnutrition.

 

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