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Secteur de la santé : le manque de main-d’œuvre dans les cliniques s’accentue

Le secteur de la santé privé a actuellement besoin entre 300 et 400 d’aides-soignants et infirmiers qualifiés.

Avec l’arrivée de nouvelles cliniques et le recrutement dans la fonction publique,  la pénurie des employés dans la santé privée devient de plus en plus « accrue ».  Comment les cliniques font-elles face à la situation ? Le point. 

300 à 400. C’est le nombre d’aides-soignants (health care assistants) et des infirmiers / infirmières que le secteur de la santé dans le privé peut absorber actuellement. C’est ce qu’indique Dr Dawood Oaris, président de l'association des cliniques privées et directeur de la clinique Chisty Shifa. Il déclare que la pénurie de main-d’œuvre à tous les niveaux est ressentie depuis plusieurs années, mais il la qualifie maintenant de « situation alarmante ». 

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« Nous faisons face à une pénurie croissante d'employés dans le corps médical, paramédical ainsi que dans l'administration », affirme-t-il. Selon lui, une clinique peut avoir les meilleurs médecins, mais si elle ne dispose pas suffisamment d'employés dans le paramédical, le service ne sera pas complet. Selon lui, la situation s’est aggravée avec la venue de nouvelles cliniques et les recrutements en masse dans la fonction publique. « Les cliniques existantes perdent leurs employés hautement qualifiés, tandis qu'il est difficile d'attirer de nouveaux talents », ajoute notre interlocuteur. 

Le groupe C-Care Maurice, comprenant quatre cliniques (C-Care Welkin, C-Care Tamarin, C-Care Grand Baie, Fortis Clinique Darné) ainsi qu'un réseau de laboratoires à travers l'île, emploie environ 1 800 personnes à Maurice, dont 8 % sont des expatriés. « Ces travailleurs étrangers proviennent de différents pays, principalement de l'Inde, Madagascar, des Philippines, de l'Europe et d'autres pays du continent africain », indique Annabelle Lonborg-Nielsen, Chief People & Continuous Improvement Officer du groupe. 

Selon elle, la situation dans le secteur médical est tendue. « Ceci reflète, en effet, une réalité mondiale touchant également Maurice. Le secteur de la santé, y compris la profession d’infirmier, a été durement impacté par la pandémie de Covid-19 », dit-elle. « La crise sanitaire a entraîné le départ de nombreux infirmiers et infirmières de la profession, créant ainsi un déséquilibre entre l'offre et la demande de main-d'œuvre dans le domaine de la santé », ajoute-t-elle.

À ce jour, la clinique Bon Pasteur compte 220 employés, dont une dizaine d’expatriés. Selon Nicolas Tadebois, Operations & New Projects Director de la clinique, le problème du manque de main-d'œuvre ne fera que s'accentuer, quelles que soient nos actions. « Les métiers de la santé n'attirent plus autant qu'auparavant, car la nouvelle génération aspire à une meilleure qualité de vie, ce qui n'est pas toujours compatible avec ces professions », fait-il ressortir.

Les Mauriciens sollicités à l’étranger 

Nicholas Tadebois souligne que les pays développés sont également confrontés au grave problème de pénurie de main-d’œuvre dans le secteur médical. « Ces nations recrutent à l'échelle mondiale, y compris à Maurice. Nous sommes ainsi plongés dans un marché international où les ressources sont rares et la demande est élevée, les pays développés offrant des salaires et des perspectives bien plus attractifs que Maurice », explique-t-il. Selon  lui, le recrutement évolue rapidement. « Nous avons des collaborateurs qui ont signé un contrat avec des recruteurs étrangers en une semaine et quitté le pays en un mois », ajoute-t-il.

Ravish Pothegadoo, directeur de l’agence de recrutement Talent On Tap, confirme les dires de Nicholas Tadebois.   Selon lui, les Mauriciens sont toujours recherchés principalement en Angleterre, en Australie et au Canada pour des postes comme infirmiers, aides-soignants, agents d’entretien et attendant. «  Les Mauriciens ne sont pas seulement sollicités pour travailler dans les hôpitaux/ cliniques, mais également dans les résidences pour les personnes âgées », dit-il. Notre interlocuteur fait ressortir que l’Organisation Mondiale de la Santé prévoit une pénurie de main-d’œuvre mondiale d’environ 18 millions de travailleurs dans le secteur de la santé d'ici 2030.

Les solutions 

Formation 

Afin de résoudre la pénurie des travailleurs dans le secteur médical, Nicholas Tadebois fait ressortir qu’il faudrait une réflexion commune (regroupant le secteur privé et le gouvernement) pour développer une stratégie sur le moyen et long terme. « Je pense que la formation serait un élément clé de cette stratégie. Polytechnics Mauritius est une initiative forte louable de nos dirigeants qui va dans le bon sens », indique-t-il. Selon lui, la collaboration avec des instituts de formation privés est une autre piste qui pourrait être envisagée.  « Des bourses d’études et la validation des acquis de nos aides-soignants sont des sujets à discuter également », ajoute-t-il. 

Annabelle Lonborg-Nielsen insiste sur l'importance de valoriser les carrières paramédicales pour les rendre attractives aux jeunes. « Actuellement, seuls les médecins jouissent d'un statut élevé à Maurice, mais il est crucial de reconnaître l'importance de tous les acteurs de la santé, car le bien-être des patients dépend autant du reste du personnel médical », souligne-t-elle. Cela, dit-elle, peut se faire en investissant dans la formation.  

Par ailleurs, elle estime qu’il faut améliorer la qualité du système éducatif pour qu'il soit en mesure de former des professionnels répondant aux besoins du secteur de la santé à Maurice. « Cela implique d'adapter les programmes de formation en fonction des demandes locales et d'offrir des opportunités de carrière à l'étranger pour ceux qui le souhaitent. L’objectif est de garantir que l'offre de professionnels de la santé soit suffisante pour couvrir les besoins locaux », recommande notre interlocutrice.

De son côté, le Dr Dawood Oaris souligne que la Nursing School à Maurice se concentre exclusivement sur la formation des employés du secteur public. « Les formations pourraient être étendues au secteur privé également », ajoute-t-il.

Recours à la main-d’œuvre étrangère 

Nicholas Tadebois  estime que, pour l’immédiat, il n’y a pas d’autre choix que de faire appel à la main-d'œuvre étrangère. Il estime que les autorités doivent simplifier et rendre transparentes les procédures administratives.  « Attendre plus de six longs mois pour obtenir un permis de travail et de résidence n'est tout simplement pas viable lorsque nous sommes en concurrence avec des pays étrangers pour le recrutement du personnel médical », s'indigne-t-il. 

Il souligne que de telles attentes peuvent être un véritable obstacle dans la course pour attirer des professionnels de la santé qualifiés, mais dit avoir pris note dans le budget que les choses vont être simplifiées. «  C’est tout ce que j’espère », dit-il.

Annabelle Lonborg-Nielsen abonde dans le même sens.  « Des mesures budgétaires pourraient être mises en place pour accélérer le processus des permis et visas pour les professionnels étrangers, car sa lenteur actuelle peut dissuader les futurs employés qui préfèrent chercher des opportunités ailleurs dans des pays offrant des procédures plus rapides et plus simples », fait-elle ressortir.  

Le Dr Dawood Oaris estime que grâce au nouveau projet de loi financier, il est désormais possible de recruter un infirmier étranger pour des frais de Rs 30 000, tandis qu'auparavant il fallait presque le double de cette somme.


Opportunités d’emploi : ces cliniques qui recrutent 

Clinique Bon Pasteur : une vingtaine de postes à pourvoir 

Nicolas Tadebois de la Clinique Bon Pasteur affirme que le nombre d'employés actuel permet d’assurer le service.  « Cependant, étant donné le nombre grandissant de départs avec le recrutement de nouvelles cliniques et des hôpitaux publics nous sommes constamment à la recherche de nouveaux candidats pour remplir les postes vacants », soutient-il.  Actuellement, la clinique compte une vingtaine de postes vacants. « Nous recherchons des infirmiers, des infirmiers blocs,  des sages-femmes et des aides-soignants », précise-t-il. 

C-Care : en quête de quelque 60 infirmiers et infirmières 

Dans les cliniques du groupe C-Care, il faut compter actuellement des postes vacants pour une soixantaine d’infirmiers et infirmières.  « Nous cherchons activement des professionnels dévoués et compétents pour rejoindre notre équipe médicale et paramédicale. Ces infirmiers et infirmières jouent un rôle essentiel dans la prestation de soins de santé », avance Annabelle Lonborg-Nielsen.

Clinique Chisty Shifa : le recrutement est toujours en cours

Dr Dawood Oaris indique que face au manque de main-d’œuvre accru dans le secteur, sa clinique est toujours à la recherche de candidats.  « Nous avons toujours besoin d’aides-soignants, des infirmiers qualifiés, des employés de laboratoire et des employés dans l’administration, entre autres », dit-il.



 

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