Dès la mi-février, la transplantation rénale à Maurice prendra un tournant décisif avec des interventions régulières. Le professeur Nizam Mamode lancera cette série de greffes, marquant un nouvel espoir pour les patients atteints d’insuffisance rénale. Le ministère de la Santé met en place un programme ambitieux, avec des chirurgiens de renom qui viendront mensuellement de prestigieux hôpitaux londoniens.
La transplantation rénale à Maurice entre dans une nouvelle phase. Les greffes se feront de manière plus régulière à partir de la mi-février, ce qui marque un tournant pour les patients atteints d’insuffisance rénale. Le professeur Nizam Mamode, spécialiste de renom, sera sur l’île pour une période d’un mois afin d’initier cette série d’interventions, selon le Dr Davy Ip, consultant en néphrologie, dialyse et transplantation.
Dans cette optique, le ministère de la Santé prévoit la venue mensuelle de chirurgiens de prestigieux hôpitaux londoniens, tels que le Guy’s Hospital et le Royal London Hospital, pour le reste de l’année. Les greffes rénales seront effectuées en fonction du nombre de patients éligibles, précise le Dr Ip.
Il souligne que si la plupart des patients en insuffisance rénale ne se présentent pas pour une greffe, c’est soit parce qu’ils n’ont pas de donneurs, soit parce qu’ils sont trop malades pour pouvoir subir une transplantation rénale. Les greffes rénales, relancées en octobre 2022, nécessitent une préparation minutieuse.
Selon le Dr Davy Ip, la préparation dès qu’un patient atteint d’une maladie rénale identifie un ou plusieurs donneurs potentiels. « Il est soit déjà sous dialyse, soit en approche de cette étape », explique-t-il. Il précise qu’un audit a démontré que l’équipe de transplantation rénale a traité environ 100 paires de donneurs et receveurs par an depuis 2022.
Être donneur
Une multitude d’examens est nécessaire avant de procéder à une transplantation. Pour être donneur, il est impératif d’être en excellente santé ; de disposer de reins fonctionnels ; d’être apte à subir une anesthésie et une intervention chirurgicale ; d’être compatible avec le receveur ; de ne pas être porteur de maladies transmissibles ; et de ne pas présenter de pathologies pouvant affecter les reins à moyen terme. Des examens permettent aussi de déterminer quel rein – le gauche ou le droit – sera prélevé.
« Ces analyses prennent du temps. Ce serait irréaliste de les réaliser en quelques jours », souligne le Dr Ip. Il insiste sur le fait que ces étapes sont nécessaires pour garantir à la fois la sécurité du donneur et celle du receveur. Dans certains cas, les analyses ne débouchent pas sur une greffe. Si un donneur est diagnostiqué diabétique ou hypertendu, par exemple, les démarches sont arrêtées pour éviter des complications coûteuses. « Ces analyses, effectuées par étapes, permettent d’être plus efficaces et économiques », ajoute-t-il.
Suivi du receveur
Le receveur doit également être en bonne santé avant une greffe. Les analyses incluent également une évaluation méticuleuse visant à exclure toute condition, comme des infections ou des cancers, susceptibles de compromettre la transplantation. La préparation d’une greffe, incluant les examens des donneurs et des receveurs, peut durer trois à six mois. Chaque donneur représente un cas unique à traiter, ce qui peut expliquer la durée du processus.
Cette préparation commence dans les hôpitaux régionaux avant d’être finalisée à la Transplant Unit de l’hôpital Victoria de Candos. Actuellement, plus de 40 paires de donneurs et receveurs sont en cours d’évaluation. Environ 19 % des cas étudiés aboutissent à une transplantation. Une prise en charge méticuleuse est aussi effectuée après la greffe.
Après la transplantation, le suivi médical du donneur est assuré par des chirurgiens jusqu’à son rétablissement complet, puis par un néphrologue lors de consultations annuelles. Le receveur est suivi intensivement au début, avec deux rendez-vous par semaine, réduits progressivement à un suivi trimestriel. « Si la greffe est un succès, la qualité de vie du patient s’améliore considérablement, tout comme son espérance de vie », explique le Dr Ip.
Série de transplantations rénales
À partir de la mi-février, les transplantations rénales reprendront à la Transplant Unit de l’hôpital Victoria. Cet établissement sera utilisé pour les deux prochaines visites de chirurgiens étrangers qui interviendront sur les patients mauriciens. Une douzaine de transplantations sont prévues.
Le professeur Nizam Mamode réalisera une série de transplantations rénales pendant un mois en février à Maurice. Le ministère de la Santé prévoit d’accueillir tous les mois des chirurgiens des hôpitaux londoniens, comme Guy’s Hospital et la Royal London Hospital, pour le reste de l’année.
À terme, le service de transplantation rénale sera doté d’une équipe de chirurgiens locaux. Ces derniers suivent actuellement une formation d’une durée minimale de deux ans. L’objectif du ministère de la Santé est de disposer d’une équipe mauricienne.
Les transplantations seront effectuées à l’hôpital Victoria, plutôt qu’au SAJ Hospital. Même si celui-ci est plus moderne et qu’il dispose d’équipements de pointe. En effet, l’établissement n’a pas été conçu pour ce type d’intervention. Pour optimiser l’utilisation du nouvel hôpital de Flacq, le ministre de la Santé, Anil Bachoo, avait évoqué, en décembre 2024, la possibilité d’y créer une unité de transplantation rénale. Cependant, une telle unité est déjà en construction à l’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle.
Le Dr Davy Ip explique que la greffe de rein est une activité pluridisciplinaire nécessitant le soutien d’anesthésistes, de radiologues et de laborantins. Une préparation minutieuse est indispensable pour coordonner ces services. Il est également crucial de prévoir des locaux adaptés pour isoler les patients qui ont reçu une greffe, afin de minimiser les risques d’infection.
En outre, avec les nombreux rendez-vous de préparation impliquant donneurs et receveurs, un espace approprié est essentiel. Selon le Dr Ip, l’équipe responsable des transplantations rénales travaille activement sur ces dossiers.
Concernant les travaux de construction pour le département de transplantation rénale à Rose-Belle, le Dr Ip indique que les salles et les équipements seront bientôt aménagés. « L’unité de transplantation à l’hôpital Jawaharlal Nehru a été conçue dès le départ pour offrir des conditions optimales pour les greffes », explique-t-il.
Le nouveau bâtiment sera dédié aux soins en néphrologie, dialyse, transplantation, urologie et chirurgie vasculaire. Les salles de consultation et un département d’urgence pour ces patients se trouveront au rez-de-chaussée. Le premier étage sera entièrement consacré à la dialyse, tandis que le deuxième étage disposera de chambres pour les patients. Les salles d’opération seront situées au troisième étage, aux côtés des salles d’isolation pour les patients et d’une unité de soins intensifs.
Le Dr Ip avance qu’il y a des réunions de travail en cours pour finaliser l’aménagement du bâtiment en vue du lancement de cette unité de transplantation rénale.
Qui peut donner un rein ?
Toute personne âgée de moins de 65 ans, en bonne santé et en bonne condition physique, peut donner un rein. Dans des circonstances exceptionnelles, des personnes légèrement plus âgées peuvent également le faire.
Le donneur ne doit pas souffrir de :
- Maladies rénales, de diabète, d’obésité sévère ou d’hypertension sévère nécessitant de nombreux médicaments.
- Certaines maladies chroniques devront être dépistées ou évaluées avant toute décision.
Selon le The Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Bill, il n’est pas nécessaire d’être un parent biologique pour donner un rein. La loi indique que la vente d’un rein ou le fait de contraindre une personne à en donner un est une infraction passible de sanctions.
Le The Human Tissue (Removal, Preservation and Transplant) Bill 2018 est en vigueur depuis février 2024.
Les donneurs et les receveurs doivent faire parvenir leur carte d’identité nationale, un extrait d’acte de naissance datant de moins de trois mois et une preuve de résidence aux autorités.
En outre, le donneur doit signer une déclaration attestant qu’il fait ce don de son plein gré, qu’il ne le fait pas sous la contrainte et qu’il ne reçoit pas de rémunération.
Qui peut bénéficier d’une greffe de rein ?
Une greffe de rein peut être envisagée pour les patients remplissant les critères suivants :
Âge inférieur à 65 ans et déjà sous dialyse ou devant commencer une dialyse dans les six prochains mois. Les patients légèrement plus âgés peuvent être considérés, mais uniquement s’ils sont en excellente condition physique.
Des patients peuvent être exclus s’ils souffrent des pathologies suivantes :
- Infections actives ;
- Cancer ;
- Obésité sévère ;
- Maladies psychiatriques graves.
D’autre part, la présence d’autres comorbidités sera évaluée par un néphrologue afin de déterminer si la greffe est sûre et bénéfique.
Comment accéder au programme de transplantation rénale ?
Pour ceux qui souhaitent recevoir une greffe de rein et qui disposent d’un ou plusieurs donneurs potentiels il y a différentes étapes suivre. Il est primordial d’accepter de subir suivi médical régulier dans l’un des hôpitaux publics. Il faut aussi prendre contact avec un néphrologue ou l’infirmier responsable de la dialyse, par exemple.
L’équipe locale de néphrologie, dialyse et transplantation procédera alors à une évaluation du cas et effectuera les premiers tests. Si les résultats sont favorables, le donneur et le receveur seront référés à l’unité de transplantation de l’hôpital Victoria pour des examens complémentaires.
Les paires donneur-receveur jugées compatibles seront opérées localement. Les cas complexes ne pouvant pas être pris en charge sur place seront référés à l’étranger, mais uniquement après la complétion des tests à l’unité de transplantation.
Quelques chiffres
La première greffe rénale à Maurice a eu lieu en décembre 1980 dans une clinique privée. Ce n’est qu’en 1992 que cette intervention a été introduite dans le secteur public. Depuis lors, plus de 400 transplantations ont été réalisées dans le pays.
Aujourd’hui, environ 1 507 patients sont sous hémodialyse et une centaine en dialyse péritonéale. Maurice compte également quelque 180 patients transplantés.
Un retour progressif depuis 2022
Pour rappel, la transplantation rénale a repris en octobre 2022, mais de manière épisodique, avec la venue d’équipes étrangères. Cela inclut :
- Octobre 2022 : Dr Perumalla Rajasekhar, chirurgien indien (trois transplantations)
- Novembre 2022 à avril 2023 : Professeur Nizam Mamode, chirurgien spécialisé à Londres (16 transplantations)
- Janvier à mars 2024 : Professeur Nizam
Mamode (quatre transplantations)
- Juillet 2024 : Dr Rajinder Pal Singh, chirurgien spécialisé à Manchester (trois transplantations)
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