Salaire minimal : le quantum de Rs 8 500 divise

Salaire minimal Les syndicalistes ont effectué un walk-out.

Le National Wage Consultative Council a proposé Rs 8 500 sur le quantum du salaire minimal. Il en coûtera près de Rs 3 milliards au secteur privé. Le vote a été pris en l’absence des représentants syndicaux, qui ont fait un walk-out quelques minutes plus tôt.

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Ce sont les dirigeants syndicaux qui ont annoncé que le salaire minimal sera de Rs 8 500, alors qu’ils quittaient la salle du conseil. Ils protestaient contre le refus de Beejaye Coomar Appanah,  président du National Wage Consultative Council, de renvoyer les travaux en l’absence de consensus.

Les syndicalistes estiment que plusieurs points soulevés mériteraient un avis légal. D’où leur demande pour un ajournement des travaux à lundi prochain, en attendant d’aboutir à un consensus. Ils déplorent également de n’avoir pas reçu le rapport dans son intégralité et estiment qu’ils ne peuvent  adopter un rapport, touchant l’avenir de milliers de salariés en pareilles conditions.

Rencontrant la presse, à l’issue de la réunion jeudi, Beejaye Coomar Appanah explique que, selon la loi, il doit soumettre le rapport à une certaine date. Vu les nombreuses divergences, il a pris la décision de proposer un package qu’il a fait passer au vote. « Je l’ai fait dans l’intérêt du pays, sinon 100 000 employés touchant moins de Rs 8 000, 40 000 employés percevant moins de Rs 5 000 et 20 000 employés recevant moins de Rs 6 500 n’auraient pas bénéficiié de salaire minimal. »

Toutefois, les représentants syndicaux ne l’entendent pas de cette oreille. « Pourquoi cet empressement à faire voter ce rapport, même en l’absence de consensus ? » s’insurge  Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association (GSEA). Il estime inacceptable de forcer un vote, alors qu’avec un peu plus de temps (NdlR : de discussion), on aurait pu arriver à un consensus. Il s’interroge sur l’empressement du président du conseil à soumettre son rapport.

Même cri d’indignation de la part du secrétaire de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP). Son président Reeaz Chuttoo dénonce que ce soit la première fois qu’un conseil tripartite fait passer un rapport au vote en l’absence d’un de ses composants. « Nous avions attiré l’attention sur le fait que c’est la première législation où le vote est validé en fonction du nombre des membres présents et même en l’absence d’un de ses composants. J’attire l’attention que les représentants du gouvernement et du patronat sont majoritaires sur ce conseil. »

Tout comme Désiré Guildhary, président de la Free Democratic Union Federation (FDUF), le dirigeant de la CTSP dénonce que, dans le secteur de la zone franche et du Seafood Hub, bien que le salaire minimal passe à Rs 8 500, les heures supplémentaires, la contribution au plan national de pension et le travail à la pièce continueront d’être calculés sur Rs 5 300 comme préconisé par les Remuneration Orders. Ils recevront leur manque à gagner en guise de Lump Sum à l’âge de la retraite. Pour le syndicaliste, c’est un scandale, vu qu’il est connu que plusieurs compagnies de la zone franche ne versent pas leurs contributions au plan national de pension.

Il convient de souligner que Jayen Chellum, secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), a aussi fait un walk-out. «  En tant que représentant de la société civile, je ne peux être partie prenante d’une telle approche. J’estime que si l’on avait donné un peu plus de temps au comité, on aurait pu arriver à un consensus. » 


Pradeep Dursun : «Le salaire minimal touchera 28 % des salariés»

Le Chief Operating Officer de Business Mauritius avance que le salaire minimal touchera environ 28 % des salariés du pays et que cela coûtera près de Rs 3 milliards au secteur privé. «  On apprécie que les points soulevés par les différents partenaires au conseil aient été pris en considération, tout en veillant aux intérêts supérieurs du pays », se réjouit Pradeep Dursun. 

Et d’estimer que certains secteurs, dont celui de l’exportation, ressentiront davantage le poids du salaire minimal et qu’il est heureux que le conseil ait pris cela en considération. Le Chief Operating Officer de Business Mauritius explique que ces secteurs bénéficieront d’une période de transition pour appliquer le salaire minimal. Pradeep Dursun avance que le salaire minimal tient en compte l’inflation pour 2017.De fait, il considère que la prochaine compensation salariale n’aura aucune incidence sur le salaire minimal.

En outre, Pradeep Dursun explique que c’est uniquement dans le secteur de l’exportation que le calcul des heures supplémentaires et autres bonis sera en conformité avec les Remuneration Orders en vigueur. C’est-à-dire Rs 5 300 bien que le salaire minimal soit de Rs 8 500. « On accorde une période de transition aux entreprises textiles afin qu’elles puissent graduellement appliquer la politique nationale du salaire minimal. »


Beejaye Appanah : «Il faut prendre des décisions qui préserveront l’emploi»

  • Les représentants syndicaux déplorent que leur demande de renvoi des travaux ait été rejetée.

Après que les membres avaient pris connaissance des recommandations, les syndicats ont réclamé un renvoi des travaux. Il était difficile d’accéder à cette demande, vu que le contenu du rapport a déjà été dévoilé et qu’on a un calendrier de travail à respecter. Après leur départ, nous avons poursuivi notre travail, tout en prenant en considération les points sur lesquels ils n’étaient pas d’accord.

  • On parle d’un salaire minimal de Rs 8 500...

Vu que le rapport sera soumis au gouvernement et passera par le cabinet ministériel, je ne suis pas supposé parler de son contenu. Donc, je ne peux confirmer ou infirmer le chiffre de Rs 8 500.

  • Les syndicats contestent  l’inclusion des bonis et autres allocations dans le salaire minimal...

Ce sont seulement les Export-Oriented Enterprises qui sont concernées. Si l’on ne prend pas en considération les composants salariaux, cela pourrait conduire ces compagnies vers la fermeture et des licenciements. N’oublions pas que plusieurs entreprises du secteur ont délocalisé. Il faut prendre des décisions qui ne seront pas au détriment des entreprises et préserveront l’emploi.

En Chiffres

L’ébauche d’une étude effectuée par le National Wage Consultative Council indique qu’un salaire minimum de Rs 8 500 coûterait environ Rs 3,8 milliards au secteur privé, soit Rs 2,7 milliards aux petites entreprises et Rs 1,2 milliard aux grosses entreprises. Les données sont comme suit :

Entreprises    Coût annuel Rs (Md)    %
Petites    2,670    70 %
Grosses    1,160    30 %
Total    3 830    100 %

 

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