Même si Port-Louis n’a signé aucun traité d’extradition avec Tananarive, l’hôtel du gouvernement entend faire tout son possible afin que les trois Mauriciens arrêtés à Madagascar jeudi dernier avec du gandia, du haschich et de l’héroïne évalués à Rs 519 millions soient jugés à Maurice. « Nous allons négocier avec les Malgaches pour qu’ils soient traduits devant une cour de justice mauricienne étant donné qu’ils prévoyaient d’écouler la drogue sur le marché local », fait-on ressortir à l’Attorney General’s Office.
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En l’absence d’un traité d’extradition en bonne et due forme, les autorités mauriciennes comptent s’appuyer sur les dispositions de la Dangerous Drugs Act (DDA) afin que Jules Roddy Avoula, le skipper Jeremy Mardochee Leratz et le caïd en herbe Marc David Plaiche soient également entendus par des enquêteurs mauriciens. La Mauritius Revenue Authority (MRA) a déjà délégué une équipe sur place alors que l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) est représentée par son directeur, l’adjoint au commissaire de police Choolun Bhojoo et un subalterne.
L’Adsu a été tenue à l’écart de cette opération menée conjointement par les services de douane mauricien, malgache et réunionnais et certains à l’hôtel du gouvernement se demandent pourquoi une opération simultanée n’a pas été conduite à Maurice. Avec la saisie des 80 kilos de gandia, 35,5 kilos de haschich et de 25,5 kilos d’héroïne - qui sont été pesés de nouveau en présence de la MRA lundi, ce qui pousserait la valeur initiale de Rs 519 millions à environ Rs 560 millions -, un opération au niveau local aurait permis de mettre la main sur les téléphones de complices locaux.
Un expert des opérations de ce type estime qu’il n’est pas trop tard pour les autorités mauriciennes pour réclamer un ordre d’un juge en Chambre afin d’obtenir les relevés téléphoniques des personnes évoluant dans l’entourage d’Avoula, Leratz et Plaiche. Notamment Leratz qui s’était démarqué en 2016 pour avoir dérivé aux larges de Madagascar à bord du « Performance II » dans le but de ramener de la drogue à Maurice pour le compte du réseau dirigé par le caïd emprisonné Curly Chowrimoothoo, dit Ti Nana, et dont les proches sont très actifs à Cité Kennedy, à Quatre-Bornes.
Une simple comparaison des appels passés par Leratz en 2016 et ces dernières semaines pourraient permettre de connaître l'identité de son « boss » et des autres caïds qui ont contribué à cette mission d'envergure. Un tel exercice autour d’Avoula et de Plaiche pourrait aussi déterminer qui est le cambiste « marron » qui leur a permis de sortir plus de Rs 30 millions en euros afin d’acquérir autant de drogue. De même qu’une vedette rapide en vue de rallier Maurice.
Plaiche, l’apprenti caïd, a gravité au sein du gang « Démolition » qui opère dans les faubourgs de la capitale et qui ont eu pour fondateurs les cousins Jimmy Marthe, alias Jimmy Colosso, et Jean Serge Alleemudder, aussi dit Jean Tiboute Short. Ce dernier est proche de la mère du jeune homme et c’est lui qui l’aurait entraîné dans le monde de la drogue. Avec la descente aux enfers du gang, il a voulu monter sa propre équipe.
Sans emploi, Plaiche mène grand train de vie, descend du Red Label sans compter à chaque fête et se pavane au guidon d’une grosse moto si ce n’est au volant d’une Hyundai Tuscani, d’une Honda Civic ou d’une Ford Ranger. D’origine rodriguaise tout comme Leratz, les deux seraient de mèche avec des caïds issus de la 21e circonscription qui ont déjà eu maille à partir avec l’Adsu durant ces deux dernières années.
En attendant que l’Adsu et la MRA se décident enfin à travailler pour venir à bout des trafiquants, les trois suspects seront traduits devant la justice malgache ce mardi. L’exercice n’ayant pu se faire aujourd’hui.
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