Chandralall Algoo, que ses amis appelaient Prem, était le spécialiste du « min bwi gro pwa ». Il se présentait comme un des premiers à avoir lancé ce plat. Dans son entourage, on affirme même que c’est à lui qu’on doit cette recette qui, depuis 1976, a assuré sa renommée : un plat simple, mais qui est aujourd’hui ancré dans la culture culinaire à Saint-Pierre. Le gérant d’Algoo and Sons Snack s’en est allé sur la pointe des pieds samedi 24 avril, suscitant l’émoi dans tout le village tant il était un homme populaire.
C’est dans l’après-midi que Chandrall Algoo est subitement décédé. Il avait 63 ans. Une grande perte pour sa famille et les gens qui le connaissent.
Depuis la nouvelle du décès, les hommages abondent sur la page Facebook « Village St-Pierre ». Les commentaires affluent de partout et la publication a été partagée plus d’une centaine de fois.
À en juger par les commentaires, en 20 ans, son fameux « min bwi gro pwa » était devenu sa signature. Les gens venaient d’ailleurs, comme de Grand-Baie ou de Mahébourg pour goûter à ses nouilles accompagnées d’un curry de gros pois, nous confiait-il, il y a un an.
Voici quelques commentaires des internautes attristés par le départ de Prem.
« C’est à sa mort que nous avons vu combien les gens l’aimaient », confie un de ses fils, Shahil. Le dîner ne sera plus pareil, puisque c’est avec son père qu’il prenait son repas du soir.
La veuve de Prem retient difficilement ses larmes. Elle l’a toujours accompagné au fourneau. C’est à deux qu’ils géraient le snack à Saint-Pierre, non loin de l’ex-cinéma Naaz, qui faisait jadis la joie des cinéphiles du village et des environs.
« Zame li diskite ek kiken ni ek so madam ni ek zanfan »
« Li ti al travay la zourne, me kan linn retourne linn tombe enn kou », raconte avec peine celle qui a partagé la vie de Prem depuis 32 ans.
Elle nous confie la gorge serrée que son mari avait le cœur sur la main. « Li ti enn mari exampler, li ti kontan ed dimounn », raconte-t-elle.
La belle-mère de Prem Algoo ne tarit pas d’éloges pour celui qu’elle considère comme son propre fils. Même son de cloche pour Kalpana Ajoodhea, la belle-sœur de Prem. « Bhaiya Prem ti toultan ena ene 'smile', zame li diskite ek kiken ni ek so madam ni ek zanfan ».
De son vivant, Prem disait que la relève était assurée, lui qui avait tout bâti lui-même. « C’est avec un capital de seulement Rs 1 500 que j’ai fondé mon restaurant. Mais, il ne faut pas s’y méprendre : Rs 1 500, c’était une belle somme à l’époque », se souvenait-il dans un reportage qui lui était consacré dans « Le Dimanche-L’Hebdo », du 7 avril 2019.
Prem racontait alors que, dans les années 70, le curry gros pois était un plat très consommé des Mauriciens. Un beau jour, il s’est dit : pourquoi ne pas le marier aux nouilles. « J’ai essayé la recette. Et, franchement, c'était excellent ! Je me suis dit que le grand public apprécierait. C’est d’ailleurs cette recette qui m’a poussé à ouvrir mon snack. Au début, on se moquait de moi. Et moi-même, j’hésitais à vendre mes nouilles au gros pois », disait-il, avec une pointe de nostalgie.
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