À Saint-Pierre, la spécialité culinaire c’est indéniablement les nouilles au gros pois. Une recette qu’on doit à Chandrall Algoo qui, depuis 1976, ravit les papilles.
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Le restaurant Algoo and Sons est très connu à Saint-Pierre. Les gens viennent parfois de loin pour goûter à ses nouilles accompagnées d’un curry de gros pois.
Le gérant de l’établissement, Chandralall Algoo, 61 ans, est un homme discret qui a su percer dans le domaine de la restauration. L’aventure commence en 1976. Il ouvre un snack où il vend des nouilles et des boissons alcoolisées. D’ailleurs, c’était beaucoup plus un bar qu’un snack. Il va sans dire que la gent féminine hésitait à fréquenter l’établissement, confie-t-il.
En 1989, le restaurateur change de concept. Il cesse la commercialisation d’alcool. La formule fait mouche : sa clientèle augmente rapidement.
Sa passion pour la restauration lui est venue à l’âge 10 ans. Il passait le plus clair de son temps avec sa mère dans la cuisine. Une passion qui ne le quittera plus, si bien qu’il décide d’en faire son métier.
Prudent, il se lance dans les affaires avec un investissement modique. « C’est avec un capital de seulement Rs 1 500 que j’ai fondé mon restaurant. Le bâtiment, qui se trouve alors sur la route principale de Petit-Verger, non loin du cinéma Popular, appartenait à mon père. Mais, il ne faut pas s’y méprendre : Rs 1 500 c’était une belle somme à l’époque », relate-t-il.
Avec son modeste capital, il fait l’acquisition de matériels de cuisine, dont un wok, indispensable pour la préparation des nouilles. « Mes recettes je les avais en tête, mais pour faire marcher le business, il me fallait une cuisine bien équipée. Avoir un bon environnement de travail c’est essentiel quand on se lance dans la restauration », insiste-t-il.
Algoo and Sons propose à ses clients du riz frit, des nouilles bouillies et frites, de la soupe de lentille avec de la viande de mouton. Mais ce qui fera le succès de l’établissement et constitue la recette de sa longévité, c’est sa fameuse nouille au gros pois. Un plat tout simple, mais qui est aujourd’hui ancré dans la culture culinaire à Saint-Pierre.
Du reste, d’autres restaurants de la localité ont repris à leur compte la recette. Ce qui amuse Chandralall Algoo, car il estime que ses nouilles au gros pois sont inimitables. « Je peux dire que ‘mo minn bwi’ au gros pois sont devenues ma marque de fabrique. C’est ce qui a fait le succès de mon restaurant et aussi ma fierté », soutient-il.
Comme tout entrepreneur, il a connu des hauts et des bas. Épaulé par sa femme qui s’affaire au fourneau, il ne s’est jamais laissé aller au découragement. « Être restaurateur ce n’est pas toujours facile ! La situation se corse en période de jeûne, car la clientèle diminue. Il faut alors s’armer de patience », confie-t-il.
Aujourd’hui, Algoo and Sons opère dans un local qui se trouve non loin de la succursale de la State Bank of Mauritius. À l’heure du déjeuner, les clients abondent. Au comptoir, Chandralall Algoo prend les commandes. Au fourneau, son épouse et sa petite équipe s’attellent pour sortir les plats. Il faut faire vite et ne pas faire attendre les clients.
Outre les habitants de la localité, Algoo and Sons compte parmi sa clientèle des employés de bureau. D’autres viennent de plus loin notamment d’Ébène. Visiblement satisfait, Chandralall Algoo n’envisage pas d’agrandir son restaurant. Tout ce qui compte c’est de maintenir sa stabilité.
« Mes affaires marchent très bien. Vu mon âge, je n’envisage pas des investissements. Si j’étais plus jeune, peut-être que j’aurais agrandi mon business, mais je suis satisfait de mon parcours. Je ne pense pas que mes enfants prendront un jour la relève. Ils ont pris des chemins différents. Et c’est bien ainsi », confie-t-il.
À ceux qui ne connaissent pas encore les nouilles au gros pois, Chandralall lance cet appel : « Venez chez moi ! Vous ne le regretterez pas ! »
Chandralall Algoo : « Au début, on se moquait de moi »
Dans les années 70, le curry gros pois était un plat très consommé par les Mauriciens. « Je dirai que 75 % de la population mauricienne à l’époque aimait manger du curry de gros poids soit avec des farata ou du riz », raconte Chandralall Algoo.
Un beau jour, il s’est dit pourquoi il n’essaierait pas de marier le curry de gros pois et les nouilles. « J’ai essayé la recette. Et franchement, c’était super bon ! Je me suis dit que le grand public apprécierait. C’est d’ailleurs cette recette qui m’a poussé à ouvrir mon snack. Au début, on se moquait de moi et moi-même j’hésitais à vendre mes nouilles au gros pois », dit-il, avec une pointe de nostalgie.
Au bout de deux années d’opération, le restaurant est sur les rails. Si bien qu’il élargit sa carte de menu en incluant du riz frit et des nouilles frites. Ce qui lui a permis d’augmenter encore plus sa clientèle.
Dany Le Bon
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