
À l’approche des élections municipales, le secrétaire général du Reform Party, Ryad Subratty, dévoile les grandes lignes d’un programme qu’il veut tourner vers l’action, la transparence et la participation citoyenne. Il fustige la gestion des conseils municipaux depuis 2015, qu’il accuse d’avoir bafoué la démocratie locale pendant dix ans.
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Quel message principal voulez-vous envoyer aux électeurs des villes à travers votre programme pour ces municipales ?
Notre message encourage les citoyens à aller voter et à ne pas se laisser berner par les promesses creuses de notre adversaire. Notre programme repose sur une position stratégique : unir tous les secteurs de la société pour créer un impact durable. Il est crucial de travailler main dans la main avec les entreprises et la société civile pour mettre en œuvre des projets, trouver des solutions aux défis auxquels nos citoyens sont confrontés et favoriser la croissance économique de la ville.
Comment comptez-vous convaincre les électeurs qui estiment que les conseils municipaux ont peu de pouvoir ?
Un conseil dirigé par le Reform Party montrera non seulement le sérieux de ses conseillers, mais aussi l’efficacité de son travail. Tous les candidats sélectionnés sont là pour servir et non pour être servis.
Comment évaluez-vous vos chances face à l’alliance gouvernementale, qui bénéficie de l’appareil de l’État ?
Nous nous trouvons face à un adversaire qui bénéficie de l’appareil de l’État et qui utilise les ministres pour la campagne. Cependant, les citadins refusent de se faire duper, car ils ont bien compris qu’un système totalitaire ne sera jamais en leur faveur. Les promesses pour une amélioration de la vie quotidienne ne se concrétisent pas.
Pensez-vous que l’absence du Mouvement socialiste militant et du Parti mauricien social-démocrate change fondamentalement la dynamique de ces municipales ?
Il est clair et net que ces deux partis ne participent pas aux élections pour éviter de faire face à la population. Les révélations faites lors des dernières élections sur les réseaux sociaux ont certifié les dires de Roshi concernant « la cuisine ». Fondamentalement, leur participation n’aurait pas changé grand-chose. Car ils trainent des boulets et personne n’aurait cru qu’ils veulent améliorer la vie des citadins.
Quel regard portez-vous sur la manière dont la démocratie locale a été mise en veilleuse pendant dix ans ?
Les agissements du gouvernement sortant viennent montrer d’une façon limpide qu’il n’avait aucun respect pour la démocratie, locale ou nationale. Ils avaient la mainmise sur les mairies afin de tout contrôler. L’Assemblée nationale était à la merci du loudspeaker, les organismes étaient truffés de chatwa et dans le même élan, ils ont pris en otage les mairies en privant les citadins de leurs droits démocratiques. Nous déplorons vivement cette manière d’opérer. Et nous avons systématiquement mis en garde contre un système totalitaire. Si le Reform Party n’avait pas aligné ses 81 candidats, les citoyens n’auraient pas eu une alternative crédible pour ses élections.
Craignez-vous que l’électorat soit désabusé et peu motivé après autant d’années sans élections municipales ?
L’électorat a déjà sanctionné le régime qui a abusé de lui d’une manière constante. Avec les élections, les citoyens se voient restituer leur droit. Cependant, cet électorat constate aussi que sa confiance a été trahie par le gouvernement actuel qui non seulement peine à honorer ses engagements, mais qui n’arrive même pas à proposer un « timeline » pour mettre à exécution ses mesures. La motivation pour ces élections est de restituer la démocratie afin d’éviter un système totalitaire.
Le taux d’abstention est historiquement élevé lors des élections municipales à Maurice. Comment comptez-vous convaincre les électeurs ?
Les électeurs ont bien compris que s’ils n’exercent pas leur devoir civique, il y a un grand risque que le gouvernement ait le contrôle total dans les mairies. Ce qui implique que le citoyen n’aura personne pour défendre ses intérêts, car dans le conseil n’aura pas de contrepoids. Le citoyen réfléchit différemment parce qu’il ne veut plus tolérer les fausses promesses.
Pourquoi, selon vous, les citoyens se désintéressent-ils autant des élections municipales ?
Les élections municipales ont toujours lieu après les élections législatives. Les enjeux ne sont pas les mêmes. Une fois que les citadins ont choisi leur représentant pour l’Assemblée nationale, ils pensent que le plus gros du travail a été fait. Aujourd’hui, je peux aussi dire que les mairies n’ont pas joué leurs rôles en termes d’innovations et d’initiatives qui améliorent la vie des citadins et qui créent une croissance économique dans la ville. La mairie ne peut se cantonner au ramassage d’ordure, à la réfection des routes ou au remplacement des ampoules, comme nous l’avons constaté depuis les deux dernières décennies.
Craignez-vous que l’abstention pénalise particulièrement un parti émergent comme le vôtre ?
Au contraire, nous allons profiter de la situation pour mobiliser les « reformers » et les personnes qui se sont senties trahies par le gouvernement actuel qui n’a pas tenu ses promesses. L’abstention jouera en notre faveur si nous mettons tout en œuvre pour inciter les citoyens qui nous font confiance à voter.
Le pouvoir des conseils municipaux est jugé très limité. Comment le Reform Party compte-t-il composer avec cette situation, si vos candidats sont élus ?
Le pouvoir des conseils municipaux n’est pas limité comme on veut le faire croire. Selon la Local Government Act, le rôle du conseil est de développer et de mettre en œuvre les plans stratégiques ainsi que de gérer les budgets. C’est une grosse responsabilité et avec un travail assidu, nous allons pouvoir mettre en place notre programme pour la ville.
Beaucoup de personnes estiment que les conseils municipaux n’ont qu’un rôle administratif et peu d’autonomie. Quelle est votre proposition pour redonner du sens à la démocratie locale ?
La position stratégique que nous souhaitons mettre en œuvre pour les mairies est d’unir tous les secteurs de la société pour créer un impact durable. Notre approche est de mettre à contribution la société civile ainsi que les entreprises dans certaines des initiatives communautaires de la ville. Nous n’allons certainement pas nous limiter à la gestion quotidienne de la mairie. Nous allons innover en mettant sur pied des projets qui suivront un cadre très précis basé sur une analyse des besoins communautaires.
Êtes-vous favorable à une réforme profonde du fonctionnement des mairies pour leur donner plus de pouvoir de décision et de budget ?
Le gouvernement actuel a décidé de ne pas utiliser le système de Parliamentary Private Secretary. Puisque c’est le cas, je pense qu’il est très important d’apporter des réformes afin que la mairie puisse conduire des travaux d’envergure.
Quelles sont les trois principales priorités du Reform Party pour améliorer la qualité de vie dans nos villes ?
Assurer la sécurité de la ville en combattant le fléau de la drogue, offrir des opportunités aux jeunes de la ville, promouvoir le triage des déchets et le recyclage.
Patrick Hilbert

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