La Public Service Commission et la Disciplined Forces Services Commission subiront prochainement une restructuration. Quel modèle ces deux entités-clés chargées du recrutement dans la fonction publique devraient-elles embrasser pour mieux être en phase avec le monde moderne ? Éléments de réponse.
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Dans le dernier rapport annuel de la Public Service Commission (PSC) et de la Disciplined Forces Services Commission (DFSC) pour les périodes 2019-20 et 2020-21, Vidianand Lutchmeeparsad révèle qu’une étude sera menée pour restructurer ces deux entités dont il est le Chairperson. Le but : permettre à ces commissions, respectivement chargées du recrutement dans la fonction publique et la force policière, de mieux s’adapter aux défis à venir.
La classe syndicale, d’anciens hauts fonctionnaires et des ex-ministres estiment que la transparence, la redevabilité et l’équité sont les principales valeurs qui devront faire partie du nouveau mode de fonctionnement de la PSC et de la DFSC pour les prochaines années. Car malgré les garanties données par différents gouvernements autour de l’indépendance de ces entités, force est de constater que la perception est tout autre.
« Je m’attends à ce que la restructuration engendre plus de transparence, de redevabilité et d’équité dans le fonctionnement de ces entités », espère Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation. Il accueille l’annonce de cette restructuration devenue, dit-il, capitale car depuis leur création, ces deux organismes ont été sujets à quelques petits amendements.
Le syndicaliste est d’avis qu’un aspect qui mérite d’être traité avec la plus grande urgence est la délégation des pouvoirs de la PSC aux ministères. Depuis une dizaine d’années, cette commission est autorisée à confier des recrutements à des ministères pour certains postes au sein de la fonction publique.
« C’est à partir de cette même période que nous avons commencé à assister à une dégradation de la qualité des recrutements. Des personnes moins méritantes et moins qualifiées ont commencé à être recrutées. La qualité du service de la fonction publique en a souffert », explique Radhakrishna Sadien.
Le pire, poursuit-il, est que les gouvernements qui se sont succédé ont permis à la PSC de déléguer davantage de ce pouvoir à des ministères. « Du coup, le recrutement pour de plus en plus de postes a été confié à des ministères. Il faut donc donner davantage de moyens à la PSC de stopper ces pratiques. Il y va de la qualité du recrutement, laquelle est affectée avec des possibilités d’ingérence politique », ajoute le syndicaliste.
La méthode de recrutement utilisée par la PSC doit également être revue, selon lui. Raison pour laquelle il propose que les entretiens d’embauche soient enregistrés. Il plaide aussi pour que les membres de la PSC s’expliquent davantage sur les choix qu’ils font lors des recrutements.
« S’ils ont été faits conformément aux principes de la méritocratie, les membres de la commission ne devraient avoir aucune frayeur à venir s’expliquer. L’opacité dans laquelle fonctionne la PSC ne peut plus durer dans un monde qui se veut plus transparent », affirme-t-il.
Composition du conseil d’administration de la PSC
L’ex-ministre du Travail, Shakeel Mohamed, qui plaide aussi pour davantage de transparence dans le fonctionnement de la PSC, abonde dans le sens du syndicaliste. « Un candidat ayant postulé pour un poste au sein de la fonction publique doit pouvoir comprendre pourquoi il n’a pas été choisi. Lorsqu’il se sent lésé, il doit pouvoir recourir à une instance qui pourra lui donner un meilleur éclairage. Actuellement, il a uniquement la possibilité d’avoir recours à une cour de justice pour une révision judiciaire qui prendra des années. Il faut une méthode plus simple. »
Le député du Parti travailliste tient également à s’exprimer sur la composition du conseil d’administration de la PSC. « Les membres de cette commission doivent absolument être indépendants. Ils doivent être nommés sur la base de la méritocratie et non en raison de leurs appartenances ethniques ou castéistes », dit-il.
L’ex-chef de la fonction publique, Sateeaved Seebaluck, apporte, quant à lui, un autre éclairage sur le fonctionnement de la PSC. Il concède que cette commission a besoin d’un coup de neuf, et ce depuis plusieurs années. Il avance cependant que certains changements peuvent être apportés sans pour autant passer par une étude ou amender la loi.
« Les demandes des candidats et les entretiens d’embauche peuvent, par exemple, être digitalisés. Cela peut se faire rapidement. Rien qu’avec cela, on pourrait facilement apporter un meilleur dynamisme à la PSC », souligne-t-il. De manière plus globale, l’ancien Secretary-to-Cabinet avance que la restructuration de la PSC doit aller de pair avec la modernisation de la fonction publique. « Il faudrait, par exemple, une révision des ‘schemes of service’ qui sont trop complexes. Il y a urgence. Mais il est vrai que cet effort relève d’une décision politique. C’est donc au gouvernement de décider de cela et c’est par la suite que les membres de la PSC peuvent approuver », avance-t-il.
À la question de savoir si la PSC et la DFSC ne doivent pas faire en sorte qu’il y ait plus de transparence et d’équité dans leurs structures, Sateeaved Seebaluck soutient que le consultant qui sera chargé de mener la restructuration pourrait, à travers ses attributions, proposer des recommandations en ce sens. « On peut également s’inspirer des commissions existantes dans des pays comme l’Angleterre et Singapour pour tirer des enseignements et l’appliquer dans notre modèle à nous », propose-t-il.
Finalement en ce qui concerne les candidats qui se sentent lésés par des décisions de la PSC, Sateeaved Seebaluck suggère de conférer de nouveaux pouvoirs au Public Bodies Appeal Tribunal. « Ce tribunal qui est uniquement mandaté pour revoir les exercices de promotion dans la fonction publique pourrait aussi se pencher sur les recrutements. Cela pourrait ainsi permettre aux personnes lésées d’être fixées plus rapidement », conclut-il.
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