Cette semaine coïncide avec la paie mensuelle dans les secteurs public et privé. Près de 20% de la population active aura droit au salaire minimal pour la première fois. Les retombées positives sont multiples, mais les craintes le sont aussi.
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Rs 9 000. Ce salaire mensuel minimal est destiné à tous ceux qui sont employés à plein temps, qui se trouvent au bas de la grille salariale et qui bénéficient d’un montant moindre pour des raisons indépendantes de leur volonté. Selon les projections de la Mauritius Revenue Authority (MRA), au minimum 100 000 personnes seront concernées, presque équitablement partagées entre les secteurs de la zone franche et hors-zone franche.
L’introduction du salaire minimal de Rs 9 000 (comprenant le salaire de base, la compensation salariale et l’allocation spéciale venant de la MRA) est l’aboutissement d’une série de réunions et de discussions tripartites entre État, employeurs et syndicats. Elle vient rééquilibrer les salaires vers le haut.
Dans un récent entretien au Défi Media Group, Lilowtee Rajmun-Joosery, directrice de la Mauritius Export Association, a d’ailleurs expliqué que tout le monde a fait un bel effort pour s’aligner «sur la stratégie gouvernementale d’avoir une masse salariale qui répond aux besoins économiques du pays.»
«L’introduction du salaire minimal est commune dans le monde, surtout dans les pays développés. Elle n’a pas pour autant entraîné des fermetures d’entreprises. Dans le contexte actuel, au vu du niveau d’activités en hausse, l’économie est parée à cette éventualité. Le salaire minimal aide à réduire, voire à éliminer, l’inadéquation salariale dans le pays. Dans le monde, les agences prônent l’inclusion économique, une meilleure distribution de la richesse. Et le salaire minimal va dans cette direction », fait ressortir d’emblée un analyste financier.
«En sus du rééquilibrage, le récipiendaire aura de quoi rehausser son niveau de vie, quoique de façon relative, et contribuer à une hausse de la consommation dans le pays (voir hors-texte). Les entreprises seront donc appelées à produire davantage. Tout le monde en sortira gagnant.»
Le rôle de la MRA est crucial dans la mise à exécution de ce système. Ainsi, cette agence de l’État, tombant sous la responsabilité du ministère des Finances, versera une allocation spéciale aux deux catégories de travailleurs (zone franche et hors-zone franche). Certes, le salaire minimal sera le même, excluant les compensations.
Le tout arrivera à Rs 9 000. Mais la comptabilisation sera différente. D’abord, pour les travailleurs de la zone franche, le salaire minimal, incluant la compensation salariale de 2017, amènera le seuil à Rs 8 140. La MRA versera une allocation de Rs 860 à cette catégorie. Pour ceux qui sont employés dans un secteur-hors zone franche, les Rs 9 000 seront composées de Rs 8 140 sous forme de salaire minimal, Rs 360 de compensation salariale et Rs 500 comme allocation de la MRA.
Interrogé sur ce dossier la semaine dernière, Sudhamo Lal, directeur-général de la MRA, a indiqué qu’il faut voir la Negative Income Tax (allocation pour ceux touchant moins de Rs 9 900 par mois, selon un barème établi) et le salaire minimal comme deux instruments similaires visant à rehausser le niveau salarial. Dès vendredi, sous le salaire minimal, le compte de 9 000 personnes a déjà été crédité, soit un montant de quelque Rs 4,5 millions.
Dans le temps, le nombre de bénéficiaires augmentera au fur et à mesure que les employeurs soumettront les documents nécessaires à la MRA. Pour que la MRA puisse mener à bien le processus de versement, l’apport des employeurs sera crucial. Mais le service des impôts tient à rassurer le public : du moment que ces données seront ajoutées au système, le paiement sera automatique.
Suttyhudeo Tengur, président de l’APEC : « Un instrument pour réduire le niveau de pauvreté »
Le président de l’Association for the Protection of the Environment and the Consumers (APEC), Suttyhudeo Tengur, est d’avis que le salaire minimal augmentera non seulement le pouvoir d’achat mais pourrait également avoir un impact positif sur l’éducation des enfants, le temps que passeront les parents avec la famille et la mobilité sociale. « Nous accueillons favorablement cette décision.
Elle augmentera le pouvoir d’achat du consommateur. C’est un moyen pour réduire la pauvreté. C’est un instrument de mobilité sociale. Elle aidera les parents à dépenser davantage pour le bien-être de leurs enfants. C’est un fait. Même si l’éducation est gratuite, elle demeure toujours chère quand on tient compte des dépenses additionnelles, dans les cycles primaire et secondaire.
Sur ce plan, on devrait donc voir une amélioration dans l’achat du matériel, l’éducation et l’alimentation pour les enfants. Ceci étant dit, le salaire minimal n’est pas un support substantiel en soi. Mais il aidera les parents à se consacrer davantage à leur famille, au lieu de chercher un emploi additionnel pour joindre les deux bouts. Dans le temps, cette mesure du présent gouvernement ne pourra qu’être améliorée », fait ressortir le président de l’APEC.
La consommation reprend des forces
Le salaire minimal et la Negative Income Tax visent à sortir le Mauricien des couches vulnérables de la pauvreté et lui permettre de bénéficier une meilleure situation financière. L’argent additionnel en sa possession sera canalisé vers des projets prioritaires et/ou l’achat de produits alimentaires.
Il va sans dire que la consommation, moteur de l’activité économique domestique, connaîtra une amélioration substantielle. Statistics Mauritius et la Mauritius Chamber of Commerce and Industry estime que la croissance dans la consommation serait de 3,6 %.
« À travers certaines mesures, en particulier l’allocation aux employés vulnérables, le salaire minimal et les mesures budgétaires d’assouplissement fiscales (hausse des seuils d’exonération de l’impôt sur le revenu) pour les particuliers, les pouvoirs publics visent à doper l’activité économique à travers la demande », fait ressortir la MCCI.
« Selon nos estimations, ce seront environ Rs 3 milliards qui seront injectées dans l’économie. » Rappelons que ce regain de la consommation sera un prolongement de la tendance en 2017. Selon la MCCI, en 2017, après une période de huit ans, le pays a connu une amélioration du taux de croissance réel de la consommation.
Le taux a de nouveau dépassé la barre des 3 % pour se fixer à 3,1 % «impliquant une amélioration des anticipations des consommateurs ».
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