Après la boulangerie, la pâtisserie, la couture, la menuiserie ou encore la soudure, le département pénitentiaire passe à la vitesse supérieure. Deux nouveaux projets voient le jour : la production de marbres décoratifs et la fabrication de plateaux d’œufs à partir de matériaux recyclés.
Au centre de détention de Petit-Verger, une nouvelle dynamique productive s’installe, portée par des machines récemment installées et un personnel déjà formé. Le département pénitentiaire poursuit sa métamorphose, loin des représentations figées de l’univers carcéral. Depuis plusieurs années, une ambition s’affirme : faire des lieux de privation de liberté des espaces de formation, de production et de reconstruction sociale. Après avoir développé des filières allant de la boulangerie à la menuiserie, l’administration pénitentiaire introduit deux activités inédites : la fabrication de marbres décoratifs et la production de plateaux d’œufs recyclés.
La première initiative est déjà opérationnelle. Des agents du département « Trade » ont été formés pour manipuler des équipements spécialisés permettant de concevoir des marbres décoratifs sur commande, avec différents motifs et finitions. La phase pilote sera bientôt lancée, et les premières pièces devraient sortir des ateliers dans les semaines à venir. Le modèle économique est clair : la production sera assurée par l’établissement pénitentiaire, tandis que le groupe CIEL prendra en charge la commercialisation, en fonction de la demande. Un partenariat inédit qui inscrit le dispositif carcéral dans une logique industrielle et collaborative.
Parallèlement, un second projet d’avenir prend forme dans le cadre de l’inauguration du centre de traitement de Petit-Verger : la production de plateaux d’œufs issus de matériaux recyclés. Ici, pas de papier mâché : la matière première provient des troncs de bananiers récupérés et transformés sur place. L’équipement est déjà installé, et les tests démarreront dans les jours à venir. Bientôt, la production sera entièrement assurée par les ateliers pénitentiaires, inscrivant cette démarche dans une stratégie écologique pleinement assumée.
Cette initiative s’accompagne d’un partenariat académique stratégique. Un protocole d’accord, en cours de finalisation, sera signé avec l’Université de Maurice, qui fournit les machines nécessaires et en deviendra propriétaire dans trois ans. En attendant, la fabrication se fera à Petit-Verger, supervisée par du personnel formé. Ce dernier est chargé de transmettre ce savoir-faire aux personnes incarcérées.
Joint au téléphone, le commissaire des prisons, Dev Jokhoo, avance que ces projets représentent bien plus qu’un simple renforcement de capacités industrielles. Ils incarnent, dit-il, une vision : celle de « substituer au temps perdu un temps utile, et de transformer la peine en levier de qualification ».
« L’enjeu dépasse la productivité : il s’agit de redonner une place, une compétence et une perspective aux détenus, en misant sur des activités valorisantes et tournées vers l’avenir. À Petit-Verger, on ne se contente plus de former : on transmet des métiers, on construit des filières et on prépare des sorties plus solides. Dans un contexte où la réinsertion demeure l’un des défis majeurs de la justice pénale, le département pénitentiaire fait le pari que l’apprentissage, la responsabilité et la production sont des clés décisives », termine-t-il.
Quand les prisons mauriciennes raflent l’or du Kaizen africain
C’est une image qui bouscule les représentations. À Johannesburg, face aux géants du continent, le Mauritius Prison Service (MPS) a décroché l’Excellent Award aux Africa Kaizen Awards 2025, dans la catégorie des organisations de taille moyenne. Une récompense qui propulse l’administration pénitentiaire mauricienne dans le club très fermé des institutions africaines capables de faire de l’amélioration continue un levier de transformation profonde.
Porté par la philosophie japonaise du Kaizen – ce principe d’amélioration progressive, méthodique et continue – le MPS a convaincu le jury continental avec son projet d’autosuffisance alimentaire. Pain, œufs, légumes : derrière ces produits modestes, un véritable basculement. Sous supervision professionnelle, les détenus produisent une part croissante de leur propre alimentation. Une manière d’allier efficacité économique, discipline collective et, surtout, réinsertion concrète.
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