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Réforme du système de retraite : semaine cruciale en vue

La première phase de la réforme de la BRP entrera en vigueur en septembre.

Le gouvernement mauricien s'apprête à franchir une étape importante dans sa réforme du système de retraite. Les deux comités interministériels mis en place pour travailler sur certains aspects de la réforme de la Basic Retirement Pension (BRP) annoncée lors du discours du Budget 2025-2026 rendront leurs recommandations dans les prochains jours. Une réunion spéciale du Conseil des ministres sera ensuite convoquée pour trancher sur les mesures à adopter, probablement vers la fin de cette semaine.

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Pour l’heure, la date exacte de cette réunion n’a pas encore été fixée. Elle devrait l’être ce lundi, une fois les rapports des deux comités finalisés. Ces derniers ont déjà entamé leurs travaux et vont probablement, selon des sources proches du dossier, siéger ensemble afin de coordonner les propositions avant leur soumission au Cabinet.

La création de ces deux comités avait été entérinée lors du Conseil des ministres spécial du 16 juin dernier. Le premier, présidé par le Premier ministre Navin Ramgoolam, planche sur des mesures d’accompagnement pour les personnes âgées de 60 à 65 ans exerçant dans des secteurs caractérisés par des conditions de travail pénibles, ainsi que pour certaines femmes au foyer éligibles, sur critères sociaux. Le second, dirigé par la ministre de l’Intégration sociale et de la Sécurité sociale, Ashok Subron, s’intéresse au sort des personnes âgées dont l’état de santé compromet la capacité à travailler.

Ces deux comités aiguillent le gouvernement sur l’échelonnement progressif du report de l’âge d’éligibilité à la Basic Retirement Pension (BRP), qui passera de 60 à 65 ans. La première phase de cette réforme entrera en vigueur en septembre.

La réforme de fond confiée à un comité d’experts

Au-delà de ces ajustements immédiats, l’exécutif veut engager une réflexion de fond sur la viabilité du système de pension. Un comité indépendant, composé d’actuaires, d’économistes et d’autres experts, sera prochainement constitué à cet effet. Le gouvernement planche actuellement sur la composition de ce comité d’experts. Contrairement aux deux comités interministériels, cette instance travaillera de manière autonome sur les réformes à moyen et long terme. Son mandat consistera notamment à proposer des alternatives à la CSG (Contribution Sociale Généralisée), avec pour objectif la mise en place d’un modèle de retraite financièrement soutenable.

Une explosion des coûts

Mardi dernier au Parlement, le Premier ministre a présenté un tableau particulièrement alarmant de la situation actuelle. Entre 2010 et l’année budgétaire 2024-2025, les dépenses liées à la BRP ont bondi de 828 %, passant de Rs 5,97 milliards à Rs 55,4 milliards. « En seulement quatre ans, entre 2020-2021 et 2024-2025, elle a presque doublé », a-t-il précisé.

La part de la BRP dans le produit intérieur brut a grimpé de 1,9 % en 2010 à 7,8 % cette année, dépassant largement les projections du Fonds monétaire international, qui tablaient sur une telle évolution à l’horizon 2050. Elle représente désormais près d’un quart des dépenses récurrentes de l’État (24,5 %) et plus de 30 % de ses recettes récurrentes. « Sans réforme, sa part des recettes récurrentes continuera inexorablement à augmenter », a mis en garde Navin Ramgoolam.

Une pression démographique sans précédent

La soutenabilité du système est également menacée par une évolution démographique défavorable. Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus est passé de 186 400 en 2015 à 257 600 en 2024, et devrait atteindre 315 000 d’ici 2038. Parallèlement, le ratio de travailleurs par retraité a chuté, de 3,9 en 2015 à 2,7 aujourd’hui, et pourrait descendre à 2 d’ici 2035.

À cette pression croissante s’ajoute une chute historique du taux de fécondité, passé de 5,9 enfants par femme en 1960 à 1,34 en 2024, bien en deçà du seuil de renouvellement des générations. Dans le même temps, l’espérance de vie à 60 ans a fortement augmenté : elle est désormais de 17,92 ans pour les hommes et 21,75 ans pour les femmes, contre 13,4 et 16,3 ans respectivement en 1962. Autant de facteurs qui prolongent la durée de versement des pensions non contributives et alourdissent la facture publique.

Une trajectoire jugée intenable

Sans réforme structurelle, les dépenses consacrées à la BRP pourraient atteindre Rs 100 milliards d’ici 2035. Une perspective jugée intenable par l’exécutif, qui appelle à un sursaut collectif. La réforme, dans sa version actuelle, fait cependant face à une forte levée de boucliers au niveau de la population.

  • Nou Lacaz

 

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