En vigueur depuis vendredi, le rationnement de l’huile de cuisine provoque un achat de panique dans les supermarchés et autres commerces. Les rayons se vident aussi vite que l’inquiétude grandit.
11h15, ce samedi, au Cascavelle Mall. Viren, commerçant, éprouve des difficultés à transporter la boîte en carton qui contient des aliments de base, dont de l’huile alimentaire. Le père de famille nous montre les deux sachets qu’il vient d’acheter au supermarché Winner’s. Il demande aux autorités d’épargner les personnes qui gagnent leur vie en vendant des produits cuits à la friture. Il déplore par ailleurs la panique observée depuis vendredi après-midi. « Je ne comprends pas pourquoi les gens se précipitent au supermarché. Il y a suffisamment d’huile pour toute la population mauricienne », croit-il savoir.
Du beurre en remplacement
Les cousins Nolan et Dylan, âgés de 15 ans et domiciliés à Bambous, ne passent pas inaperçus à leur sortie du Winner’s de Cascavelle. Ils ont une bouteille d’huile d’un litre dans chaque main. « La crainte d’une pénurie plane. C’est pourquoi nous sommes en train de faire un stock. Mais nous avons déjà pensé au pire. En cas de rupture de stock, nos parents utiliseront du beurre pour cuisiner », indique Dylan. Le supermarché Super U de Tamarin est situé à 10 minutes de route du Cascavelle Mall. Les étagères contenant l’huile alimentaire se vident graduellement. Mais les membres du personnel, en bons pompiers de service, assurent qu’ « il n’y a pas de ‘panic buying’ a Tamarin ».
Crainte pour les marchands
Jean-Paul et ses trois amis ont planifié une virée sur la côte ouest. Ils se sont arrêtés au supermarché de Tamarin avant de reprendre la route. Ils ont deux bouteilles d’huile Rani en main. « C’est un fait, le conflit russo-ukrainien aura un impact direct sur Maurice. Nous sommes de gros consommateurs d’huile et l’effet se fera sentir dans les prochaines semaines. Les commerçants qui vendent des amuse-bouches tels que les ‘gato pima’ seront sévèrement affectés par cette situation », souligne cet habitant de Curepipe. Il souhaite que ces marchands bénéficient d’une dérogation.
« Le panic buying fait rage »
La situation est tout autre au Jumbo de Phoenix. Nusheel Reesaul sort de la grande surface avec deux bouteilles d’huile. « J’ai été étonné de voir que plusieurs étagères étaient vides. Le ‘panic buying’ fait rage », note-t-il. Ce résident de Quatre-Bornes exhorte les consommateurs à se montrer responsables. Commentant la limite d’achat en vigueur, il pense que le gouvernement aurait dû fixer le rationnement à un seul litre d’huile par personne.
« Ça passe ou ça casse à la caisse »
Narain, un septuagénaire, a son stock d’huile pour le reste du mois, c’est-à-dire une bouteille et deux sachets. Il est conscient d’avoir dépassé la limite autorisée. « Ça passe ou ça casse à la caisse », lâche-t-il. Nitish, de Quatre-Bornes, qui fait ses achats en compagnie de son épouse, est lui aussi surpris de constater le nombre d’étagères vides. C’est le contexte international, dit-il, qui impose le rationnement de l’huile. « Nous devons nous y soumettre. Il est dommage que nous soyons en train de subir les conséquences du conflit en Ukraine. J’espère que la situation s’améliorera bientôt », ajoute-t-il.
« Pez nene bwar dilwil »
Même scenario au Jumbo de Belle-Rose. Les étagères vides sautent aux yeux. Si Kovalen, un habitant de Rose-Hill, s’attend à « un retour à la normale très vite », ce n’est pas le cas de Geeta. Dans son caddie, quatre sachets d’huile. Elle constitue un stock en cas de pénurie sur le marché. « J’ai l’habitude d’acheter deux sachets par mois. J’utilise l’huile alimentaire non seulement pour préparer à manger mais aussi pour ma lampe en cuivre placée à côté de mes divinités », confie-t-elle. Selon cette mère de famille, le rationnement de l’huile va poser problème aux ménages. « Me ki pou fer ? Bizin pez nene bwar dilwil », termine-t-elle.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !