La Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) du Nord a révélé l’ampleur d’un réseau de rallyes de motos illégaux opérant à Roche-Bois et dans les environs. Ces courses clandestines, souvent organisées sur des routes secondaires et étroites, mettent en jeu de jeunes pilotes, parfois mineurs, ainsi que de l’argent liquide provenant de paris illégaux. Des éléments de la DCIU sur le terrain soupçonnent également que ces puissantes motos sont utilisées pour le transport de drogues.
Le samedi 18 octobre, dans la soirée, plusieurs mineurs ont été interpellés par la police pour avoir participé à un rallye non autorisé. Certains ont reconnu avoir jeté des pierres sur les véhicules de police lors d’une interception. Comme le souligne un enquêteur de la DCIU : « Zot pa kone ki zot pe fer, zis amiz zot dan rali ilegal. Zot pe met an danze zot mem ek lezot otomobilis. »
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Ces courses s’accompagnent de paris illégaux, où certains trafiquants misent jusqu’à Rs 200 000 sur les participants. « Si li gagne, li gagn kass-la. Ena met motosiklet la mem dan pari, si li perdi, li perdi moto… sa kapav fer gro problem », explique un agent de terrain. Les organisateurs n’hésitent pas à utiliser de l’argent sale, et certains pilotes serviraient même à convoyer de la drogue sur de courtes distances, profitant de la puissance de leurs engins modifiés pour échapper à la police. « Lor ti traze, preske inposib pou swiv sa, ek zot konn tou ti semin, ti pasaz », confient nos sources policières.
Garages spécialisés : des motos transformées pour la compétition
L’enquête de la DCIU a levé le voile sur quatre garages dans la région de Port-Louis, notamment à Roche-Bois, Route Militaire et Vallée-des-Prêtres, spécialisés dans la préparation de motos pour les rallyes illégaux. Ces ateliers ne travaillent que sur des engins destinés à la compétition, modifiant des motocyclettes pour en augmenter la puissance et la vitesse sur de courtes distances.
En cours de semaine, des descentes policières ont eu lieu dans ces endroits, mais les gérants ont affirmé n’avoir aucun lien avec les motos impliquées dans le rallye illégal à Roche-Bois samedi soir.
Même si l’incursion policière n’a rien donné de concret, les renseignements des Intelligence Officers laissent penser que ces lieux sont utilisés pour la « préparation » des motos de rallye.
« Zot fer zis masinn pou konpetision, zot pa ranz lezot moto », confient nos sources.
On évoque les tuning avec des pièces de rechange de grande valeur, certaines importées de l’étranger. « Zot pass komann pou piess, apre sa vini, zot mont li lor ban motosiklet tuning pou rali », explique un policier ayant participé aux opérations.
Les motos, souvent des 50cc comme les Daelim ou Peugeot 50, voient leur valeur passer de Rs 50 000 – Rs 60 000 à Rs 200 000 ou Rs 300 000 après modification. Certaines peuvent atteindre des performances impressionnantes sur 400 mètres, expliquent nos sources.
Les amateurs de rallye interpellés se sont défendus face aux policiers : « Ki pa gagn drwa aste enn motosiklet ? » Un agent de terrain souligne, dans la foulée, la complexité d’intervenir dans ces ateliers de motos banalisés.
Les motocyclettes utilisées sont souvent dépourvues de phares, de clignotants et d’assurance. Le fait que ces deux-roues circulent à vive allure, sans aucune luminosité, rend la tâche difficile pour les policiers qui visionnent les images de caméras de surveillance.
« Bann moto modifie vinn dan rali lor kamion ou 4x4 »
Les organisateurs transportent les motos sur des camions ou 4x4. Les participants peuvent recevoir de petites sommes d’argent pour participer à une course, mais les enjeux restent élevés, notamment lorsqu’il s’agit de transporter des substances illicites. Les paris d’argent sur les divers participants constituent le véritable enjeu.
L’enquête de la DCIU se poursuit et pourrait aboutir à des perquisitions dans les garages identifiés, dans l’objectif de démanteler un réseau mêlant dangers publics, paris clandestins et trafic de drogue.
Décembre 2020 : un chauffeur de rallye périt dans une voiture modifiée
Didier Gaël Piron, 28 ans, avait trouvé la mort après un accident survenu lors d’un rallye en décembre 2020. Il avait été grièvement blessé dans un crash à bord de sa Mitsubishi Lancer modifiée, à Jin Fei. Le véhicule avait été sérieusement endommagé. Dans un état critique avant son décès, la victime n’avait pu consigner sa déposition.
Gaël Piron, soupçonné de faire partie d’un gang appelé Ledan Platinn, avait fait l’objet d’une enquête et d’une arrestation pour blanchiment d’argent par l’ICAC en juin 2019.
Au moment du drame, la police suspectait que le jeune homme s’adonnait à une course « Challenge » avec le pilote d’un quad bike. Il a cependant fait une sortie de route, qui lui a valu d’importantes blessures.
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