Grâce à sa plainte, la NTA a pu dresser environ plus d’une quarantaine de contraventions. Pourtant, aujourd’hui, l’accusatrice est devenue l’accusée !
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Shivanee, une coiffeuse de 37 ans, se dit prête à tout pour faire entendre sa voix. Cette habitante de Brisée-Verdière se dit déçue, mais pas désespérée, après avoir reçu une lettre en date du 6 août 2018 de la National Human Rights Commission (NHRC) pour l’informer que cette organisation ne peut prendre aucune action dans cette affaire.
Shivanee a déposé une plainte auprès de la National Human Rights Commission le 2 janvier 2018 dans laquelle elle allègue avoir été malmenée par un policier. Selon ses dires, le 2 janvier 2018, elle s’est rendue au poste de police de Brisée-Verdière pour déposer une plainte contre les compagnies d’autobus individuelles qui desservent la route 111 de Flacq à Port-Louis pour non-respect des horaires.
55 minutes d’attente
Ce jour-là, comme d’habitude, elle regagnait son domicile après le travail. C’est ainsi qu’elle est allée à la gare de Flacq et elle a attendu le bus de 18 h 00 à 18 h 55. Elle était toute seule à la gare et un inconnu l’a abordée. Il lui a lancé des propos indécents. Shivanee ne se sentait plus en sécurité. Le bus est enfin arrivé. Une fois à destination, Shivanee s’est rendue directement au poste de police dans l’espoir de pouvoir déposer une plainte contre les compagnies privées qui desservent cette ligne. Elle voulait également signaler l’incident qui s’est déroulé à la gare.
Shivanee explique que dans le passé, elle avait déjà fait des plaintes à la police par rapport aux retards des autobus qui desservent la ligne 111, Flacq à Port-Louis en passant par Brisée-Verdière. « Vous imaginez ce qu’une femme ressent quand elle se retrouve seule à la gare à attendre un autobus durant une heure ! De plus, ce n’est pas la première fois que des inconnus me harcèlent. J’ai pensé que j’agissais pour le mieux quand j’ai déposé une plainte auprès de la police, mais au final, j’ai fait l’erreur de ma vie », déplore Shivanee. Cette dernière nous explique que les policiers présents le 2 janvier dernier ont refusé d’enregistrer sa plainte et lui ont demandé de se rendre à la National Transport Authority.
Arrestation
« Mo finn insiste e monn dir bann polisie prezan donn liv la mo ekrir li mo mem si zot pas kapav… a koz mo touss liv la, enn parmi ban polisie la inn lev lavwa ar mwa. Monn dir li bess so lavwa, respekte ki mo enn madam. Mo pou donn ou 4 - 5 kalot si ou pas bess ou volim », raconte-t-elle.
À la suite de ces échanges verbaux, Shivanee explique qu’elle a été arrêtée par les policiers pour avoir utilisé un langage abusif à leur égard. Le lendemain, menottée, elle a été traduite en cour et a dû fournir une caution de Rs 2 100.
« Après cet incident, je meurs d’envie de poser la question suivante aux autorités concernées : pourquoi, moi l’accusatrice, suis devenue l’accusée ? Selon moi, nous les femmes, nous sommes victimes d’une justice à deux vitesses. Sa retar bis lor la linn 111 la, met lavi bann fam an danze. Faudre enn zour ena vyol ou krim ou bann fam pou viktime pou ki NTA ek la polis pran sa zafer la en konsiderasion », dit Shivanee. Cette dernière a l’intention d’écrire au ministre de la Femme, ainsi qu’au commissaire de police dans le but d’exprimer ses doléances. Shivanee souhaite également être informée sur les droits des femmes quand elles souhaitent déposer une plainte auprès de la police.
31 contraventions servies
Sollicité pour une réaction, l’inspecteur Shiva Coothen nous explique qu’il y a effectivement diverses instances auprès desquelles il faut déposer une plainte. Si celle-ci concerne le transport, les plaignants doivent se tourner vers le ministère du Transport et également auprès de la NTA.
Pour rappel, au début de l’année, Shivanee avait déjà déposé deux plaintes auprès de la NTA concernant les problèmes relatifs aux autobus. Du côté de la NTA, on nous a appris que le cas de Shivanee a été pris en considération. On nous a aussi indiqué que la NTA surveille tous les horaires des gares, dont ceux des autobus de la ligne 111.
La NTA a indiqué que, depuis la première plainte de Shivanee, elle a dressé 14 contraventions aux opérateurs des autobus des lignes 106, 111 et 112. Puis, après sa deuxième plainte, le certificat de contrôle technique a été retiré à deux autobus. De surcroît, des inspections impromptues ont été effectuées sur ces lignes et 31 contraventions ont été dressées.
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