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Propositions pour éviter un retard dans le programme d’études

La fermeture des écoles à cause des intempéries pousse non seulement les autorités, mais aussi les éducateurs, à se pencher sur des solutions. 

À ce jour, les élèves ont eu 13 jours de congé, si l’on ajoute aussi le 10 mars (journée consacrée au lever du drapeau). Pour certains, cela constitue un manque dans le nombre de jours de travail. Pour d’autres, ils soutiennent qu’il n’y a pas de retard. Ils avancent que le calendrier scolaire a été fait de façon à ce que le travail soit étalé sur toute l’année. 

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Le Dr Hassam Sakibe Coowar, qui compte 55 années d’expérience dans l’éducation secondaire, souligne que l’école doit se préparer à dispenser des cours en ligne au cas où un avis de fortes pluies sera décrété. Il soutient que le timetable devra être suivi à la lettre, selon le jour de la fermeture de l’école. Pour ce faire, le prof doit obtenir le numéro de téléphone de chaque élève. Si, parmi, quelqu’un ne dispose pas d’un numéro de téléphone WhatsApp, entre autres, il faudrait trouver un autre moyen de communication.

Proposition de calendrier scolaire

Le Dr Hassam Sakibe Coowar propose que le calendrier scolaire soit étendu jusqu’à la fin du mois de novembre, les examens internes se faisant fin septembre, début octobre. Quant aux examens du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC), ils seront organisés fin novembre et décembre. Le pédagogue ajoute que : « Nous aurons un trimestre plus long. Les vacances estivales vont s’étendre jusqu’au mois de janvier. L’école peut reprendre vers le 22 janvier. Les résultats du SC seront connus à la fin de janvier. Ainsi, pour les fêtes pascales, on peut n’accorder que deux semaines de vacances. »
Il propose que le calendrier soit comme suit : 

  • 1er trimestre :  22 janvier    -    22 avril
  • 2ème trimestre :    2 mai        -    27 juillet
  • 3ème trimestre :    16 août    -    30 novembre

Au 1er trimestre, les avis de fortes pluies peuvent donner suite à environ 10 jours de fermeture. Une provision de 15 jours peut être faite.

Régionalisation et zones

Le Dr Hassam Sakibe Coowar est d’avis que si la régionalisation avait été appliquée, les écoles auraient pu être fermées au niveau des zones où il y aurait des fortes pluies. « Nous pouvons demander à la météo de décréter les régions rouge ou orange pour ces fermetures. Ce, pour ne pas à avoir à fermer toutes les écoles de l’île. »

Faizal Jeerooburkhan estime, pour sa part, que si l’on maintient le système éducatif actuel, dominé par les examens écrits, en 2024, il faudra songer à établir une formule plus appropriée. Celle-ci devrait, selon lui, impliquer la station météorologique et le ministère de l’Éducation, pour que les fermetures d’écoles ne deviennent pas une banalité avec des effets catastrophiques sur les élèves. 

« Les prévisions pour les avis de pluies torrentielles doivent se faire avec plus de précisions par la station météorologique, en indiquant les probabilités et les régions. Ensuite, les autorités éducatives doivent agir avec plus de diligence et de circonspection pour s’assurer que toutes les écoles ne soient pas fermées à la moindre petite alerte. »

Il est aussi d’avis que les élèves du secondaire, du tertiaire et des écoles techniques devraient pouvoir braver les intempéries dues au changement climatique. « Apprendre à prendre des risques et à s’adapter aux situations difficiles en cas de mauvais temps fait partie de la formation des adolescents et des jeunes adultes. La surprotection des enfants n’encourage pas leur autonomie et leurs réflexes d’adaptation et de survie, si important pour leur développement holistique », précise Faizal Jeerooburkhan.

Changement du système éducatif

Faizal Jeerooburkhan ajoute qu’avec une refonte de notre système éducatif post-2024, on pourrait songer à une méthode modulaire où les élèves suivent un ensemble de modules indépendants les uns des autres, plutôt qu'un programme scolaire linéaire et chronologique. « Les élèves, bien encadrés, peuvent choisir les modules qui les intéressent et les suivre à leur propre rythme. Ils seront responsables de leurs propres évaluations. Cette approche leur offre davantage de liberté, de motivation, de responsabilité et d’autonomie dans leur apprentissage aussi bien qu’une meilleure compréhension et assimilation des matières. Ils seront ainsi moins affectés par la fermeture des écoles pendant les intempéries ou les pandémies », soutient Faizal Jeerooburkhan. 

Learn at Home Policy

Harrish Reedoy, président de l'United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU), souligne que la fermeture des écoles en raison du changement climatique sera une caractéristique récurrente chaque année. Il soutient qu’une augmentation des événements météorologiques extrêmes et imprévisibles à Maurice continuera à se produire, ce qui va perturber la fréquentation scolaire des élèves. 

Harrish Reedoy poursuit que ce phénomène n'est pas seulement observé à Maurice, mais constitue un problème mondial. Il cite quelques exemples, comme en Europe, où les écoles sont fermées à cause des tempêtes de neige. En Australie, les écoles sont fermées pendant les cyclones tropicaux, les vents violents et les fortes pluies ainsi que pendant les incendies de forêt.

Le président est d’avis que la recherche montre que les absences autorisées de l'école (par exemple, lors de conditions météorologiques extrêmes) sont moins problématiques pour les élèves, que les absences non autorisées. « Les absences non autorisées ont tendance à refléter des comportements de désengagement des élèves, ou des éventuelles attitudes négatives des parents envers l'éducation, que les élèves adoptent et emportent avec eux tout au long de la scolarité. Ce qui n'est pas le cas lors des absences autorisées. »

Harrish Reedoy pense qu’il faudrait développer un Learn at Home Policy pour les élèves pendant la fermeture des écoles en raison du mauvais temps. Cela devrait inclure, entre autres, une plateforme d'apprentissage en ligne permettant aux élèves d'apprendre à la maison pendant la fermeture des écoles. « Actuellement, nous l'utilisons pour les Grades 10 à 13, mais il peut facilement être appliqué pour les Grades 5 à 6 au primaire et les Grades 7 à 9 dans les collèges. En fait, certains éducateurs donnent volontairement des cours en ligne pendant la fermeture des écoles pour des grades autres que 10 à 13. Nous devrions donc mettre un ordre sur tout cela afin que les élèves et les parents sachent ce qu'ils doivent faire lors de tels événements. »

Pour Harrish Reedoy, pendant ce temps, les enseignants peuvent communiquer avec les élèves et les parents spécialement pour les écoles primaires et leur fournir des mises à jour, et également demander aux élèves de travailler. Selon lui, cela peut être planifié au début du premier trimestre de chaque année sous la forme d'un livret ou de feuilles de travail pour chaque matière, contenant cinq à six leçons à utiliser pendant la fermeture de l'école. Cette méthode rendrait, selon Harrish Reedoy, notre calendrier scolaire résistant aux effets climatiques> 

En tant que président de l’union, Harrish Reedoy pense qu'il faudrait donner plus d'autonomie aux recteurs pour qu'ils mettent sur pied un plan de rattrapage en collaboration avec les éducateurs de leur école. « Par exemple, cette année, les écoles ont été fermées de nombreux vendredis. Il faut accorder plus d'attention aux matières enseignées le vendredi. Un ajustement peut être fait dans l'emploi du temps scolaire. »

Cours en ligne

Kristen Nallan, prof au Bocage International School, croit qu’il est grand temps d'investir dans la technologie. « Pendant la pandémie, beaucoup de parents et d’enseignants se sont plaints du manque de logistique pour faire les classes en ligne. Le gouvernement peut subventionner les parents qui sont au bas de l'échelle pour se procurer d’un laptop ou d’une tablette de qualité. Cela va permettre la continuité des leçons, même pendant les intempéries. J'ai constaté que beaucoup de professeurs commencent à utiliser des outils comme WhatsApp ou Googleclass room pendant les intempéries pour assurer une continuité des leçons ».

Selon lui, les enseignants doivent adopter une approche axée sur les élèves où ces derniers sont poussés à faire des recherches, devenir plus indépendants dans leurs études et aussi responsables pour terminer le cursus. 

Kristen Nallan insiste que le prof est comme un facilitateur qui guide les enfants à bien préparer leurs examens. « Dépendre totalement des professeurs est une habitude qui doit changer. J'ai constaté que les élèves qui adoptent une attitude de self-learning travaillent mieux pour les examens. Les lauréats vont vous dire qu’ils ont fait beaucoup de travail personnel. »

Jacques Malié est d’avis qu’il faut passer aux classes en ligne lorsque le temps ne permet pas de tenir les classes en présentiel. 

Paula Atchia soutient que les écoles doivent rester ouvertes. « Chaque établissement doit avoir un programme pour les jours de mauvais temps, car les enfants ont besoin de travailler. Citons l’exemple de la Finlande qui fait face à un mauvais temps pendant sept mois de l’année, mais où les écoles restent ouvertes. À Maurice, à moins qu’il y ait un cyclone, il ne faudra pas fermer. Chaque chef d’établissement devra mettre sur pied un programme d’études pour les temps de pluie et un autre pour le beau temps. Cela permet aux élèves de ne pas perdre le temps des études. »  Jacques Lafitte croit que les autorités doivent se pencher sur la qualité de service à offrir aux élèves. « Lorsqu’il n’y a pas d’école une journée ou une demi-journée, cela casse le rythme. Cette situation n’est pas à l’avantage des élèves. Je propose qu’il y ait un dialogue avec la population, sonder les parents pour trouver une solution et faire face à la situation. Le mauvais temps est là, mais nous devons nous adapter. On ne peut pas changer le calendrier. Il s’agit de s’adapter et vivre avec le phénomène. »

Enfin, Jacques Lafitte croit qu’il faudrait réfléchir sur une fermeture d’école régionale, pour que les élèves ne soient pas perdants. 

 

 

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