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Pour endiguer la Covid-19 : des mesures fortes réclamées

Dr Vasantrao Gujadhur, Dr Nand Pyndiah, virologue, Dr Satish Boolell.

Jeudi soir, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a annoncé des mesures restrictives pour endiguer la propagation du virus. Or, des professionnels du secteur de la santé pensent qu’il faut aller plus loin. Ils nous livrent leurs propositions.

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Bracelet électronique. « Le manque de contrôle par les autorités sur les personnes infectées qui sont en auto-isolation à la maison est un problème qui peut être résolu », selon le Dr Vasantrao Gujadhur, à travers un confinement, certes mais aussi à travers l’utilisation de bracelet électronique. « Comme le disent les autorités elles-mêmes, 98 % des personnes qui sont en isolement chez eux sont asymptomatiques. S’il s’agit de personnes indisciplinées, couplé à ce manque de contrôle des autorités, celles-ci peuvent très bien sortir et infecter au passage d’autres personnes. Il faut donc des mesures de restrictions fortes. ‘Bann ti restriksion a drwat a gos pa pu marser’ », est-il d’avis. 

WAP. Le Dr Vasantrao Gujadhur estime que seuls les employés des services essentiels devraient être autorisés à quitter leur domicile pour se rendre sur leur lieu de travail. L’octroi de Work Access Permit (WAP) devrait ainsi se faire, selon lui, rigoureusement. 

Ordre alphabétique. L’accès aux supermarchés et autres commerces essentiels devrait se faire selon la formule d’ordre alphabétique, selon les Dr Vasantrao Gujadhur et Dr Nand Pyndiah, virologue. 

Rassemblements. Tout rassemblement, que ce soit pour les activités sociales, culturelles, religieuses et autre, devrait être interdit momentanément, dit le Dr Vasantrao Gujadhur. « Fode pa grupe ek bizin sorti mwins », soutient pour sa part le Dr Nand Pyndiah. 

Gestes barrières. Ce dernier mise sur les gestes barrières, notamment le port du masque « kuma bizin » et le respect de la distanciation sociale. Mais au lieu d’un mètre, tel que nous l’avons connu jusqu’ici, il faut maintenant garder une distance de 2 mètres au moins. « Tout simplement parce qu’avec un plus grand nombre de personnes infectées, la concentration du virus dans l’air est plus importante, sans compter que la période d’incubation est moins qu’avant », souligne-t-il. 

Surveillance. Le Dr Nand Pyndiah estime que les autorités devraient sévir davantage et la population plus responsable. « Durant le weekend dernier, la plage de Flic-en-Flac était tellement bondée qu’on se serait cru à la veille de l’année. Il y a eu un relâchement, c’est pour cela qu’on enregistre autant de cas », dit-il. 

Sensibilisation. C’est pour cette raison que le Dr Vasantrao Gujadhur est d’avis qu’il faut aussi responsabiliser la population, mais pas n’importe comment et pas par n’importe qui. « Il faut que ce soit des personnes crédibles et auxquelles la population fait confiance afin que celle-ci soit vraiment réceptive », considère-t-il. L’ancien chef de service médicolégal, le Dr Satish Boolell, est d’avis que les religieux aussi devraient jouer leur rôle en propageant les messages nécessaires aux croyants. 

Lieu de travail. Considérant que la situation sur les lieux de travail n’a pas encore atteint un stade critique, le Dr Nand Pyndiah recommande néanmoins plus de vigilance, avec notamment le port du masque et le maintien d’une bonne aération dans les espaces de bureau. 

Prise en charge rapide. Le Dr Nand Pyndiah demande aussi à la population de faire le nécessaire pour être prise en charge rapidement, dès l’apparition des premiers symptômes. « Cela évitera de propager le virus si quelqu’un l’a contracté mais aussi de réduire le risque que l’état de la personne ne s’aggrave. ‘Parski kuma gegn touse sek, kone zafer pa bon’ », dit-il. 

Analyse comportementale. Le Dr Satish Boolell recommande une analyse sociale du comportement habituel des Mauriciens afin d’identifier les éléments qui ont mené à ce relâchement et subséquemment les solutions y relatives. « Qu’on l’accepte ou pas, la population a été assez irresponsable et nos décideurs aussi. Très peu parmi ceux qui gèrent cette pandémie ont une vision de ce qui se passe », dit-il. 

Transparence. Le Dr Satish Boolell demande aussi plus de transparence et de redevabilité entourant les soins prodigués aux patients positifs à la Covid-19, notamment les médicaments utilisés mais aussi au sujet des vaccins.  « Il ne faudrait pas accepter tout ce qu’on obtient des potentiels arnaqueurs sur le marché et des donneurs de leçon », dit-il. 

Leadership. Le Dr Satish Boolell demande aussi la mise sur pied d’un panel d’experts, indépendamment de la classe politique, qui auraient le courage de prendre des mesures impopulaires pour le bienêtre de la population « olie sertenn politisien ki rod manz banann dan de bout ». « La situation sanitaire demande une gestion haut de gamme », est-il d’avis. 

Engagement. Et enfin, le Dr Satish Boolell demande un engagement des ministères et des collectivités locales pour un suivi des cas. « Il faut qu’il y ait une discipline à tous les niveaux et un soutien sociopolitique permettrait à la population de mieux se comporter. » 

Confinement total. Le Dr Vasantrao Gujadhur persiste et signe. Il faut, selon lui, imposer un confinement total d’au moins deux semaines dans tout le pays comme l’avait fait le gouvernement en mars 2020 et 2021, pour briser la chaine de transmission du virus. Comme justificatif, il met en avant non seulement le nombre de cas de contamination mais aussi le taux de positivité qui serait d’environ de 20 %, citant le ministère de la Santé. « Déjà avec 5 % de taux de positivité, le taux de propagation est élevé. Avec 10 %, cela signifie que le risque de contamination est ‘très élevé’. Mais là on parle non seulement de 20 %, soit le double, mais il s’agit aussi du variant Delta qui est plus dangereux », dit-il. 

Le taux de mortalité, jugé « élevé » par le médecin, est une autre raison avancée pour justifier son choix pour un confinement total. « Nous sommes actuellement parmi les 3 premiers au monde avec le plus de morts par million d’habitants. Il est donc primordial de réduire la transmission », dit-il. 

 

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