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Post-Covid-19 : les 10 défis urgents des PME

L’un des plus grands soucis qdes PME est la baisse de la demande.
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De nombreuses études à travers le monde ont démontré que la richesse d’un pays repose sur la santé de ses entreprises. Depuis plusieurs années, les PME à Maurice sont devenues parties prenantes dans le développement du pays. Avec la pandémie qui a frappé le monde, les affaires ont été bouleversées, multipliant ainsi l’impact dramatique sur les PME. Quels sont les problèmes urgents des PME ? Tour d’horizon. 

La crise Covid-19 a fait peser une pression majeure sur les épaules des Petites et Moyennes Entreprises (PME). La situation devient de plus en plus préoccupante. Ainsi, plusieurs PME et autorités ont énuméré les 10 problèmes urgents à régler.   

Georgina Ragaven.
Georgina Ragaven.

Baisse de la demande et moins de clients

L’un des plus grands soucis des PME est la baisse de la demande. Georgina Ragaven, spécialiste de l'entrepreneuriat féminin, explique que pour certains produits, les demandes ont chuté drastiquement. Elle cite l’exemple des produits touristiques. « Vu que le pouvoir d’achat a été réduit, les gens préfèrent acheter que les essentiels. Cela a poussé les entreprises à se diversifier ou changer de secteur et même certains s'associent à d'autres pour regrouper leurs produits ou services », précise-t-elle. 

Priscilla Feliciane, entrepreneur et aromathérapiste, confie qu’après le confinement, le nombre de clients a connu une baisse. « Les gens ne veulent plus dépenser. De ce fait, nous travaillons moins », lance-t-elle. 

Augmentation des prix /Dépréciation de la roupie 

Autre défi pour les entrepreneurs est l’augmentation des prix, souligne Amar Deerpalsing, le président de la Fédération des PME. « Le prix de la roupie continue à déprécier de 10 % à 12 %. Avec cette dépréciation, les prix des matières premières ont connu une hausse considérable et cela pose un grand problème aux entreprises. Même le prix de cargaison a augmenté », précise-t-il. 

Même son du côté pour l’entrepreneur et juriste Ashveen Kutowaroo. Ce dernier rappelle que dans l'industrie de la construction, les deux principales matières premières, à savoir le ciment et les barres d'armature, ont connu une augmentation de prix. Il ajoute que la dépréciation des roupies par rapport aux autres principales devises persistera jusqu'à la reprise du secteur du tourisme. 

Amar Deerpalsing.

Retard dans l’importation des matières premières 

Si les prix des matières premières ont augmenté, cependant les PME se plaignent aussi des retards qui bousculent leurs affaires. Amar Deerpalsing avance que la fréquence des cargaisons est devenue rare et cela provoque des retards. « Aujourd’hui, il faut compter plus de 60 jours pour que les cargaisons arrivent dans le pays. Cela provoque un gros souci pour les entreprises qui doivent compléter leurs commandes », rappelle-t-il. 

Georgina Ragaven abonde dans le même sens. Elle révèle que certaines matières premières n'étant pas disponibles à Maurice, les opérations de plusieurs entreprises, sont affectées. Priscilla Feliciane raconte que pendant plusieurs mois, elle a eu des produits en retard et certains produits sont beaucoup plus chers qu’auparavant. « C’est difficile de travailler quand les produits clefs sont indisponibles. C’est un gros problème que presque tous les entrepreneurs font face à ce jour », déclare-t-elle. 

Baisse dans l’exportation 

Avec l’augmentation des prix des cargaisons et la baisse dans les fréquences, certaines entreprises en exportation font face à des difficultés pour écouler leur stock. Selon Amar Deerpalsing, les fréquences de transport aérien ont diminué et les entrepreneurs n’arrivent pas à exporter leurs produits. En même temps, Ashveen Kutowaroo relate que de nombreuses marques de grande distribution au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis souffrent de la Covid-19 et ont, de ce fait, ralenti leurs affaires. 

Ashveen Kutowaroo.
Ashveen Kutowaroo.

Liquidités

Tous les problèmes des entreprises se reflètent dans leur trésorerie. Ashveen Kutowaroo explique que lorsque les affaires connaissent une baisse et que ce n’est plus rentable, le problème de liquidité fait surface. « Les coûts d’opération sont restés les mêmes, mais il y a une baisse dans les ventes. C’est difficile pour les entreprises à joindre les deux bouts. Le gouvernement a tenté de sauver au maximum sous différentes mesures », explique-t-il. 

Contraction économique et baisse dans l’opération 

Amar Deerpalsing révèle que le confinement a laissé son lot de problèmes, même après tant de mois écoulés. De plus, notre économie continue à contracter. « La reprise a été très lente. Le secteur touristique est à genoux. Il n’y a que quelques hôtels qui servent comme centres de quarantaine, d’autres sont ouverts aux Mauriciens. Il faut noter que le secteur touristique contient que 8 % des hôtels et le reste sont des entrepreneurs qui travaillent dans le secteur, à l’exemple, des tours opérateurs, boutiques et artisans. Il y un manque d’activités économiques dans le pays », estime-t-il. 

Accumulation de dettes

Avec le problème de liquidités et la baisse d’opération et de la vente, les entreprises voient leurs dettes augmentées de jour en jour. Plusieurs entreprises craignent le pire. Georgina Ragaven avance qu’un bon nombre d’entreprises ont besoin de financement pour continuer à opérer. « Le financement est important. Les entreprises ont besoin de financement pour l’achat de nouveaux équipements et des matières premières. Vu la situation, certaines entreprises ont mal à trouver ce financement. Cela entraîne une prise de dettes », lance-t-elle.

Amar Deerpalsing partage cet avis. Il relate que les entreprises sont contraintes de prendre de grosses dettes pour enclencher le bon déroulement de leurs affaires, mais à la fin, ils n’arrivent pas à payer. 

Le marketing et compétition 

Même si Maurice est un petit marché, la compétition entre les entrepreneurs est féroce. Selon Priscilla Feliciane, faire face à des compétiteurs pendant cette crise est encore plus difficile. « Il faut faire davantage de marketing pour attirer plus de clients », précise-t-elle. 

Manque de visibilité 

Autre problème c’est le manque de visibilité face au développement de Covid-19 à travers le monde ainsi que la campagne de vaccination. Nos interlocuteurs estiment qu’il y a un manque de visibilité de ce qui les attendent dans les prochains mois, vu que plusieurs pays continuent à fermer leurs frontières.  

Confusion 

Les nouvelles lois de travail et la contre utilisation de produits en plastique sèment une confusion au sein des entreprises, estime Georgina Ragaven. « Avec les nouvelles lois en place, les entreprises doivent trouver le moyen de garder le bon personnel et trouver les bons employés », dit-elle. Elle ajoute qu’avec la nouvelle loi sur les plastiques, certaines PME sont dans la panique, car elles ne savent pas quelles alternatives elles doivent utiliser pour les aliments congelés. 

Comment se réinventer ? 

Face à cette situation de crise, il est primordial pour les PME de se réinventer afin de survivre. Les experts mettent en avant trois stratégies.

Diversification et innovation 

Selon Priscilla Feliciane, la diversification est la clef pendant cette période. « Les entrepreneurs devront trouver des solutions pour survivre. Certains entrepreneurs peuvent utiliser des matières premières déjà présentes à Maurice au lieu d’importer. Par exemple, ceux qui opèrent dans le secteur de soins et de beauté peuvent bien utiliser les plantes locales. Il faut aussi se diversifier et exploiter de nouveaux créneaux », dit-elle. Georgina Ragaven estime que le pays sera saturé de certains produits et services. Donc, selon elle, les entrepreneurs devront créer, innover et s'assurer qu'ils ont un avantage spécial pour pouvoir les maintenir en affaires.

Privilégier les produits locaux

Selon nos interlocuteurs, il est grand temps que les produits locaux soient privilégiés. Amar Deerpalsing fait ressortir que le pays doit être plus autosuffisant. « Il faut baisser le taux d’importation et donner un coup de pouce au produit local. Cela créera un dynamisme économique », lance-t-il.

Formation

Georgina Ragaven relate qu’il est nécessaire de donner aux entrepreneurs des formations en informatique, marketing, utilisation des réseaux sociaux, utilisation du Web. « Certaines PME ont besoin des formations pour complémenter leurs compétences et savoir-faire.  Le mentorat est vraiment un moyen de tenir la main et guider ces entrepreneurs dans la bonne direction », conclut-elle.


Les mesures du gouvernement 

Concernant les problèmes socio-économiques auxquels les PME sont confrontées, en particulier après la pandémie de Covid-19, le ministère du Développement industriel, des PME et des Coopératives est en avant avec plusieurs mesures. D’ailleurs, le ministère continuera de mettre en œuvre les recommandations du Master Plan pour le secteur des PME. Certaines mesures phares sont : 

  • Introduction du Wage Assistance Scheme et le Self-Employed Scheme.
  • Moratoire auprès des banques pour le remboursement des prêts.
  • « Soft loans » auprès des banques pour résoudre des problèmes de liquidité.
  • Prêts (DBM) allant jusqu’à Rs 10 millions aux entrepreneurs à des taux très bas de 0,5 %.
  • Facilités de financement de Rs 200 millions à un taux de 0,5 % aux femmes entrepreneures.
  • Rs 10 milliards (DBM) pour soutenir les PME et coopératives en difficulté.

En outre, en ce qui concerne la concurrence des produits importés, des quotas appropriés seraient imposés pour protéger et promouvoir les produits mauriciens. Selon notre information, le ministère (la division du développement industriel) a déjà mis en place un comité pour examiner la mise en œuvre de cette mesure. Le comité s'est réuni trois fois et de nombreux progrès ont été accomplis dans la formulation de critères qui définiraient et caractériseraient les produits mauriciens, tels que le pourcentage de valeur ajoutée, le pourcentage de main-d'œuvre mauricienne utilisée, la quantité de matières premières locales utilisées entre autres.

Campagne nationale

De plus, le ministère a également lancé une campagne nationale intitulée « Anou Konsom Lokal » pour promouvoir la production locale et la consommation locale. Les situations sans précédent créées par la pandémie de la COVID-19 ont accentué la nécessité pour Maurice de revoir ses importations. Le ministère a proposé cinq nouveaux programmes innovants conçus sur mesure pour atténuer les conséquences liées à la Covid-19. À ce jour, 142 PME employant plus de 1 000 travailleurs ont déjà bénéficié de ces régimes.

D’ailleurs, selon le ministère, un observatoire des PME (SME Observatory) sera mis en place à SME Mauritius pour collecter des informations et des données sur le développement des nouvelles technologies, les tendances du marché, les flux d'investissement, les tendances économiques des concurrents, les accords commerciaux, entre autres et aussi assurer leur diffusion en temps opportun aux parties prenantes du secteur privé. 

L'Observatoire des PME assurera ainsi une meilleure coordination avec les différentes agences locales et internationales, y compris les institutions gouvernementales d'appui, pour collecter, analyser et diffuser des données à travers des rapports, des périodiques et des bulletins. 

 

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