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Politique : la compréhension des préoccupations de la jeunesse en question

Mathieu Dacruz et Ziyaadkhan Hossen

Pour séduire la jeunesse, dont une partie ira voter aux prochaines élections, encore faut-il bien cerner ses préoccupations. C’est un défi que la classe politique et notamment les dirigeants actuels du pays semblent avoir du mal à relever.

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Dans un contexte où les jeunes prennent une importance cruciale sur l’échiquier électoral, les acteurs politiques se lancent dans une course pour gagner leurs faveurs. Le Mouvement socialiste militant (MSM), ayant amorcé son offensive pour conquérir la jeunesse par l’octroi de Rs 20 000 dans le cadre de l’Independence Scheme, a intensifié sa campagne en organisant une réunion ce samedi à son quartier général, avec une attention particulière portée à l’engagement des jeunes.

Toutefois, il y a un scepticisme grandissant quant à la compréhension réelle des véritables préoccupations des jeunes par la classe politique et notamment par le MSM. La prédominance du népotisme et le manque de méritocratie dans la sphère politique et publique suscitent des inquiétudes parmi la jeunesse. La perception d’un favoritisme bénéficiant aux proches du pouvoir, au détriment de l’intérêt général, décourage ceux qui aspirent à un avenir politique et professionnel basé sur le mérite.

Les jeunes mauriciens se trouvent ainsi à un carrefour, alors que des défis majeurs comme le changement climatique, la santé mentale et la toxicomanie nécessitent une attention urgente, selon Mathieu Dacruz qui a représenté Maurice dans divers forums internationaux sur ces thématiques. Il est d’avis qu’il manque aux partis politiques des programmes solides pour aborder ces questions de fond essentielles. « Il est impératif qu’ils se tournent vers des problèmes qui touchent véritablement la jeunesse et qui ont un impact sur leur avenir », dit-il. 

Commentant la décision du gouvernement d’accorder une allocation de Rs 20 000 à chaque jeune à sa majorité, Mathieu Dacruz soutient que « la classe politique se trompe royalement. Le fait de donner Rs 20 000 aux jeunes démontre une incompréhension totale des réelles préoccupations de la jeunesse mauricienne ». Abordant le système éducatif, notamment le principe des lauréats, il affirme qu’il s’agit d’un « système biaisé qui, dans bien des cas, profite à des personnes qui sont capables de financer leurs frais universitaires ». 

Pour Mathieu Dacruz, l’engagement politique envers la jeunesse doit dépasser les gestes symboliques et les réunions occasionnelles. Les partis politiques doivent, estime-t-il, saisir les préoccupations profondes et les aspirations des jeunes pour élaborer des programmes complets qui répondent à ces besoins. « Pour éviter de perdre une génération de talents, il est impératif que la classe politique se penche sérieusement sur la création d’un avenir meilleur pour la jeunesse mauricienne », conclut-il.

Ziyaadkhan Hossen, président de l’UoM Accounting and Finance Society, évoque les questionnements d’une partie de sa génération face à son avenir à Maurice. « Les talents mauriciens, souvent lauréats d’établissements de renom, semblent préférer chercher des opportunités à l’étranger. Une tendance qui souligne une lacune critique ici : l’absence de méritocratie. Bien que les lauréats reviennent parfois au pays, ils sont souvent confrontés à la difficulté de trouver un emploi correspondant à leurs compétences, créant un sentiment d’injustice. Cette réalité se reflète même au sein de l’Université de Maurice, où de nombreux diplômés qualifiés se trouvent sans emploi ou mal rémunérés », souligne-t-il. 

Il déplore également que « les postes dans les institutions publiques sont parfois attribués non pas en fonction des qualifications, mais des contacts politiques. Ce mode de fonctionnement démoralise les jeunes et les empêche d’atteindre leur plein potentiel. »

La question demeure : comment le pays peut-il répondre à ces problèmes qui affectent la jeunesse et entravent le progrès collectif ? « Les politiciens en place semblent ne pas avoir d’approche solide pour traiter ces problèmes cruciaux », observe Ziyaadkhan Hossen. Il pense que pour trouver des solutions tangibles, il faut regarder vers d’autres nations ayant affronté des problématiques similaires. 

Des exemples de réussite et d’échec à l’étranger peuvent servir de modèles pour mettre en place des mesures concrètes à Maurice. Au-delà des chiffres, il s’agit de changer la mentalité et de mettre en œuvre des politiques qui encouragent l’épanouissement des jeunes sur le sol mauricien.

 

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