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Police : Ce qui a changé entre 1968 et 2023 

Les policiers souhaitent que le citoyen soit partie prenante du combat contre la criminalité.
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La force policière s’est modernisée au fil des années, notamment au niveau des moyens technologiques utilisés et de l’organisation des ressources humaines. Depuis le lancement du « Police Strategic Plan 2022-2025 », les Casernes centrales connaissent d’autres changements. Le 55e anniversaire de l’indépendance du pays est l’occasion de faire le point.

Exit OB, Enter COTS 

L’évolution de la société a apporté son lot de changements. Ce qui a transformé le travail de la police dont le fonctionnement est aujourd’hui davantage axé sur la technologie et l’approche humaine qu’il y a 50 ans. « Zordi nou ena ‘Community Policing’. Lapolis ena enn ‘Customer Care Approach’ par rapor a piblik… », indique un cadre des Police Headquarters. 

Il y a aussi eu du changement au niveau de la manière dont sont consignées les dépositions faites dans les postes de police. Dans le passé, l’exercice se faisait au manuscrit dans les Occurrence Books (OB). Mais depuis 2015, les entrées se font directement sur des ordinateurs reliés à un serveur dans le Crime Occurrence Tracking System (COTS). 

Ce projet a été réalisé grâce à une collaboration entre State Informatics Limited et la Mauritius Police Force. Cela a permis à la police de franchir un cap dans la lutte contre la criminalité. 

« Zordi la police travay avek teknolozi, kamera, etc. Li pli fasil », précise un assistant surintendant de police avec plus de trente années de service au compteur. 

Le système informatisé permet à la police d’accéder plus facilement aux informations. Lors des exercices de profiling, par exemple, la police parvient à mieux traquer les suspects. La Crime Intelligence Unit de la police a aussi bâti une base de données de personnes arrêtées via le COTS. « Le but est de combattre la criminalité de manière plus ‘smart’ », lâche un adjoint au commissaire de police.

La police en est aujourd’hui à sa quatrième ère de « Community Policing ».
La police en est aujourd’hui à sa quatrième ère de « Community Policing ».

« Lontan ti pe santi labous kondikter pou kone si zot sou » 

Si la police parvient à voir pratiquement tout depuis la salle des commandes du réseau Safe City située à Ébène, c’est toutefois uniquement sur le terrain qu’elle peut repérer les automobilistes qui conduisent en étant sous l’influence de l’alcool ou de la drogue. 

D’ailleurs, le Drug Test est une réalité depuis début juin 2022. Il permet à la police de mieux prévenir les accidents. Les conducteurs testés positifs sont désormais placés en cellule de dégrisement. 
Ce qui représente un changement par rapport au passé où les policiers utilisaient des méthodes d’antan. « Nou ti pe santi labous bann kondikter pou kone si zot sou. Apre nou ti al temwagne lakour pou dir ki zot ti pe santi lalkol. » C’était ensuite le magistrat qui tranchait.

Safe City : l’atout des Casernes centrales 

4 000 caméras dites intelligentes ont été installées à des points névralgiques.
4 000 caméras dites intelligentes ont été installées à des points névralgiques.

Depuis août 2019, Big Brother a les yeux rivés sur l’ensemble de l’île Maurice. Environ 4 000 caméras dites intelligentes ont été installées à des points névralgiques. Elles représentent un atout pour la police dans son combat contre la criminalité. 

Plusieurs affaires sur des meurtres, des délits de fuite, des vols et des cas de trafic de drogue, entre autres, ont d’ailleurs été élucidées grâce aux enregistrements des caméras. La police parvient à résoudre bien plus de cas que dans le passé et en moins de temps qu’auparavant.

Avancées au niveau du trafic routier 

La circulation routière a connu des avancées importantes, parallèlement aux développements en matière d’infrastructure. Il y a aussi eu la nouvelle Road Traffic Act. Mais le changement le plus important demeure les radars. L’installation de Speed Cameras un peu partout à travers l’île, sur les autoroutes ou même dans les accès principaux des petits villages, a aidé à améliorer la sécurité routière. 

« Bann sif demontre li klerman : aksidan finn diminie. Sa konfirme ki vites enn koz prinsipal bann aksidan », indique un cadre de la Traffic Branch. La loi a été amendée pour gérer les nouveaux types de véhicules sur nos routes. « Zordi ena Supercar, camion ki bien pli gran, etc. » Le cadre précise que le travail se fait de concert avec plusieurs entités. « Ministère, State Law Office, force policière régulière, Traffic Branch, etc. Zot tou asize ek met latet ansam pou gagn enn meyer rezilta », ajoute un haut gradé de la Traffic Branch.

De « zéro téléphone » à la Smart Radio 

Auparavant, c’est-à-dire il y a plusieurs décennies, la police ne jouissait pas d’autant de facilités que maintenant. Elle n’avait ni téléphones, ni ordinateurs. À un certain moment, elle avait accès à des radios internes, mais avec des fréquences limitées. « Nou pa ti pe kapav kominik an deor divizion. » 

Aujourd’hui, avec les smartphones et le « mobile data », chaque policier est connecté, et ce peu importe l’endroit où il se trouve. « Mazine nou ti al dan loperasion pou rod sispe. Dimounn la fini rann li. Me se apre 3 a 4 er tan, kan nou retournn stasion, ki nou aprann sa. »

De nouveaux postes de police 

Pour que la police puisse mener à bien sa mission dans la lutte contre la criminalité, elle doit avoir l’espace et les équipements appropriés. Au fil des années, divers postes de police à travers l’île ont été rénovés. Dans certains cas, de nouveaux bâtiments ont même été érigés, lesquels sont dotés des dernières technologies et infrastructures. 

L’objectif : être plus à l’écoute de la population et plus proche d’elle. Les postes de police de Rivière-Noire, Moka et Pamplemousses, entre autres, ont été refaits. En janvier 2022, les Metropolitan North Divisional Headquarters, à Abercrombie, ont été inaugurés. Ces bureaux abritent plusieurs unités dotées d’équipements modernes.

Community Policing : la quatrième ère  

La police en est aujourd’hui à sa quatrième ère de « Community Policing », laquelle est axée sur le service offert à la population. « Nou anvi ki sak sitwayin fer parti konba kont kriminalite. Donn nou linformasion lor bann deli li sifizan. Nou fer le res », indique un cadre des Casernes centrales.

Vols 2.0 

Autrefois, les voleurs ciblaient des maisons pour s’emparer de biens matériels, tels que bijoux, argent ou appareils électroménagers. Mais depuis quelques années, les Casernes centrales ont dû se réinventer en mettant sur pied de nouvelles unités, à l’instar de la Cybercrime Unit. Leur rôle : sévir contre les contrevenants « virtuels ». Arnaque, phishing, vol d’informations et usurpation d’identité sont autant de délits commis dans le monde virtuel.

Pas de police avant 1767 

À Maurice, la police n’existait pas avant 1767. Avant cela, ce sont des groupes de personnes choisies au sein de la société qui se chargeaient de faire régner l’ordre. Antoine Coder a été le premier commissaire de police sous l’ère coloniale française. Il y avait aussi un Juge du conseil supérieur équivalent à la Cour suprême. La Criminal Investigation Division a été créée en juillet 1794. C’est en octobre 1803 qu’un quartier général de la police a été mis sur pied.

La formation des policiers reste la clé.
La formation des policiers reste la clé. 

Ranjit Jokhoo, ancien inspecteur de police : « Zordi polisie mem azan politik ! »

Cet ancien inspecteur a passé 43 ans au service du pays. Au cours de sa carrière, Ranjit Jokhoo a assisté à de nombreux changements dans la force policière. « Finn ena plizier komiser ek sakenn so stil e bann polisie finn adapte », dit-il. Selon lui, « c’est à l’époque du commissaire Raj Dayal qu’il y a eu le plus d’améliorations. Par exemple, chaque poste de police a été doté d’au moins deux véhicules et de radios pour communiquer. »

Aujourd’hui à la retraite, Ranjit Jokhoo porte un regard critique sur certaines évolutions, notamment sur le système actuel de promotion. « Avant, pour pouvoir devenir sergent ou inspecteur, il fallait avoir fait ses preuves. Le Promotion Board vérifiait que les critères pour accéder à ces postes soient bien respectés. De plus, un policier qui avait été ciblé par une ‘departmental enquiry’ ne pouvait pas être promu. Maintenant, beaucoup de policiers montent en grade sans même avoir reçu la formation qui leur permettra d’assurer leurs nouvelles fonctions. » 

Il déplore également une augmentation de l’ingérence politique et une certaine confusion des rôles. « Avan politisien ti telefone pou intervenir enn kout koumsa. Zordi polisie mem azan politik ! Ena ki konport zot kom azan politik alor ki liniform lor zot. Sa li pa bon », conclut-il.

Lutte antidrogue 

L’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) a été mise sur pied le 27 novembre 1983, soit depuis bientôt 40 ans. En 2020, le rôle de la brigade antidrogue a été élargi en vue de combattre les paris illégaux, le blanchiment d’argent et le trafic de drogue sur le plan international. 

Au moment de sa création, l’Adsu se focalisait principalement sur le combat contre les importations de drogue et le trafic dans les rues mauriciennes. Davantage d’accent a été mis sur l’interception de grosses cargaisons de drogue destinées à Maurice. Des institution, telles que la Mauritius Revenue Authority, à travers sa Custom Anti-Narcotics Section (CANS), ainsi que la National Coast Guard (NCG) prêtent main forte au combat. 

Depuis 2020, la CANS et la NCG ont multiplié des opérations menant à des saisies importantes de drogue. Le 2 mai 2021, l’Adsu a découvert 243 kilos d’héroïne et 26 kilos de haschich estimés à Rs 3,7 milliards à Pointe-aux-Canonniers. Baptisée « l’affaire Gurroby », cette saisie est un record pour le pays. 

L’enrichissement des trafiquants de manière illicite ne reste pas impuni. Plusieurs institutions collaborent, notamment l’Adsu, l’Independent Commission against Corruption et la Financial Intelligence Unit, pour cibler et saisir les biens acquis par les caïds. 

Dans cette lutte, la Dangerous Drugs Act autorise les policiers à procéder à des écoutes téléphoniques sur des caïds et leurs complices. Mais les enquêteurs se heurtent à un obstacle majeur pour recourir à ce type de surveillance. L’obtention d’une autorisation de la Cour est requise six mois précédant l’opération.

Lutte contre la criminalité : 1970 vs 2020 

Aujourd’hui, la police dispose de l’appui des caméras CCTV et de celles du réseau Safe City pour mener ses enquêtes. De nombreuses affaires ont ainsi pu être élucidées plus rapidement. Cela a aussi permis à la police de bâtir des dossiers à charge plus solides. 

Le système d’identification des véhicules également a énormément aidé, grâce aux numéros des plaques d’immatriculation. Aujourd’hui, la police accède à la base de données de la National Land Transport Authority pour retracer les propriétaires de véhicules spécifiques. « Se enn sinerzi ant diferan departman ki ed dan konba kont kriminalite », indique-t-on. 

L’utilisation des technologies a permis aux policiers d’agir plus promptement et plus efficacement. Voici quelques-uns des changements apportés : 

  • Mise en opération des caméras de Safe City. Elles représentent un atout majeur dans le combat contre la criminalité. « Lontan, ti difisil pou rezoud bann ka hit-and-run. Zordi kapav idantifie nimero lor kamera », fait ressortir un officier.
  • Installation de Speed Cameras. Dans le passé, les policiers étaient équipés uniquement de radars mobiles. Aujourd’hui, ils peuvent aussi compter sur d’autres moyens pour traquer les contrevenants sur nos routes. « Lapolis ti pe depas bann ki roul vit pou al aret zot. Li ti pe servi zot speedomet kom evidans. » Un temps désormais révolu.
  • Introduction de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act 2002 (FIAMLA). Plusieurs acteurs du secteur financier, comme la Mauritius Revenue Authority et la Banque de Maurice, collaborent dans la lutte contre le blanchiment d’argent. « Avan, pa ti ena. Kan finn gagn FIAMLA, lerla sa inn vini. Kan ti ena ladrog, ti aplik zis Dangerous Drugs Act, apre fini. Avan 2002, pa ti pe get laspe ‘financial investigation’ », indique un policier aguerri. Il ajoute que c’est un progrès immense car aujourd’hui, des Restraining Orders peuvent être émis. 
  • Mise à disposition de plus de moyens pour combattre la criminalité dans les airs comme en mer. Aujourd’hui, il y a davantage de moyens disponibles, notamment à travers l’utilisation d’hélicoptères tant pour des recherches en mer que pour des sauvetages ou encore des opérations contre des trafiquants de drogue ou des pirates dans les eaux territoriales de Maurice.
 

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