CorexSolar International galvanise l’attention en ce moment après les allégations de favoritisme formulées par la députée du Mouvement militant mauricien, Joanna Bérenger, à l’encontre du Central Electricity Board (CEB). Mais quelle est cette société ? Qu’en est-il de sa situation financière ? Éléments de réponse.
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La polémique ne cesse d’enfler autour des allégations faites par la députée du Mouvement militant mauricien (MMM), Joanna Bérenger, sur un contrat confié par le Central Electricity Board (CEB) à CorexSolar International pour la construction d’une ferme solaire d’une valeur de Rs 5 milliards. La direction du CEB a porté plainte contre la députée du MMM, tandis que de nouveaux éléments d’information surgissent dans le cadre de cette controverse. Quel est le parcours de ce promoteur qui s’est retrouvé projeté au devant de la scène ?
CorexSolar International a été créée en 2012 par Frank Rivas et Patrick Galbois. Elle se présente comme une entreprise exportant son savoir-faire. Elle a connu une nette évolution pour passer de son activité principale de construction de fermes solaires à la production d’énergie en exploitant ses propres centrales photovoltaïques.
Les activités de CorexSolar International se concentrent dans la région de l’océan Indien et sur le continent africain, où elle opère depuis 2012. Son expertise réside à la fois dans la conception de projets et l’ingénierie en tant que développeur, d’une part, et dans l’exploitation de centrales photovoltaïques, d’autre part.
CorexSolar International s’est installée à Maurice le 12 mai 2016. Elle n’est pas à sa première collaboration avec le CEB. En 2017, elle avait décroché un contrat de l’organisme pour la construction d’une ferme solaire à La-Tour Kœnig au coût de Rs 228 M.
D’après les informations disponibles au Registrar of Companies, CorexSolar Mauritius a réalisé un chiffre d’affaires de Rs 24 890 716, selon son bilan financier déposé le 28 juin 2023. Mais la firme a enregistré un déficit à hauteur de Rs 17 200 024. Quelles peuvent donc être les implications de cette performance financière déficitaire dans le cadre du contrat que CorexSolar a obtenu du CEB pour le développement d’une ferme solaire ?
Le CEB ne semble pas faire grand cas de cette situation financière car selon une source autorisée, ce déficit ne reflète nullement la réalité du « working capital » de l’entreprise. Ella ajoute que CorexSolar est une société étrangère avec des ressources financières solides. Elle peut donc mener à bien le projet de ferme solaire évalué à Rs 5 milliards.
Le Défi Quotidien a sollicité un ancien haut cadre du Central Procurement Board (CPB) pour avoir son avis sur la question. « Le critère de santé financière d’une entreprise est effectivement pris en compte lors de l’évaluation, mais il ne doit pas être surestimé. L’absence de bénéfices à un moment donné ne signifie pas automatiquement que l’entreprise est en mauvaise santé financière, tout comme la réalisation de profits à un moment donné ne garantit pas nécessairement une excellente santé financière », explique-t-il.
L’ancien haut cadre du CPB souligne l’importance des indicateurs financiers, tels que le « ratio de liquidité rapide » et le « capital de travail » pour déterminer la solidité financière d’une entreprise. Il fait ressortir que le critère de santé financière ne s’applique pas à tous les contrats. Il est davantage pertinent pour les contrats qui exigent une solide assise financière pour mener à bien un projet sans encombre. Dans de tels cas, une entreprise doit être capable de financer le projet sans dépendre du paiement de l’État.
Pour les entreprises fournissant des produits en « one-off » (c’est-à-dire des produits uniques ou spécifiques à un projet ; NdlR), la situation financière peut être moins pertinente. Dans ces situations, une entreprise peut obtenir un soutien financier d’une banque grâce à une « lettre d’attribution » de l’État, ce qui garantit le paiement. Cette garantie étatique renforce la crédibilité de l’entreprise aux yeux des institutions financières. Selon notre source, tout se résume à une question de gestion des risques lors de l’évaluation des offres.
« Il est essentiel d’adopter une approche équitable en évaluant les risques potentiels que l’État pourrait encourir en accordant un contrat à une entreprise. La question à se poser est la suivante : cette firme est-elle capable de gérer ce projet? Si la réponse est positive, c’est bien. Si ce n’est pas le cas, il est important d’envisager des moyens de minimiser ces risques. Cela pourrait, par exemple, inclure la demande de garanties supplémentaires de la part de l’entreprise pour assurer la bonne exécution du contrat », explique l’ex-haut cadre du CPB.
Un haut cadre du CEB avait exprimé son désaccord
Bien que le CEB insiste sur le respect scrupuleux de toutes les règles de gouvernance dans cette affaire, il est important de noter qu’un cadre de l’organisme a refusé de signer les documents du conseil recommandant un changement de site pour le projet. Cette décision faisait suite à l’avis initial d’un Senior Counsel, qui avait conseillé au CEB de ne pas poursuivre le projet. Cependant, un second avis jdu même Senior Counsel a finalement autorisé l’organisme à aller de l’avant.
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