Deux écoles de pensées diamétralement opposées se sont affrontées, mardi, lors de la Private Notice Question concernant le projet de partenariat stratégique pour la Central Water Authority. Si le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, considère que le gouvernement est en train de brûler certaines étapes, le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, n’est pas de cet avis.
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Malgré le mécontentement que le projet de partenariat stratégique pour la Central Water Authority (CWA) est en train de susciter, le Premier ministre suppléant et ministre de l’Énergie et des Services publics est bien déterminé à aller de l’avant. En réponse à la PNQ adressée par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, Ivan Collendavelloo a affirmé que l’identité du partenaire stratégique devrait être connue d’ici à la fin de cette année. Un exercice de présélection sera d’abord lancé au mois de mai et une demande de propositions sera par la suite lancée au mois de juillet. « Le soumissionnaire approprié sera choisi à la fin de cette année », a ajouté Ivan Collendavelloo.
Considérant que le gouvernement va vite en besogne, le leader de l’opposition a demandé au Premier ministre suppléant de se montrer plus prudent et sage dans ses décisions. D’autant, dit-il, que « nous sommes à la veille des prochaines élections générales. » Xavier-Luc Duval a, dans le même souffle, affirmé que les projets d’affermages réalisés dans d’autres pays ont été des échecs. « Plusieurs contrats d’affermages ont dû être annulés », a-t-il fait ressortir. Un argument qu’Ivan Collendavelloo a repoussé car, selon lui, ce sont les projets de privatisation qui ont été annulés et non d’affermages. Il a d’ailleurs cité plusieurs pays, notamment l’Algérie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire où, selon lui, de tels projets ont été des réussites.
Ivan Collendavelloo et Xavier-Luc Duval se sont aussi affrontés concernant la situation financière de la CWA. Le leader de l’opposition a reproché au ministre d’avoir tout mis en œuvre pour décrédibiliser la situation financière de la CWA alors que, selon lui, cet organisme a, durant la précédente année financière, réalisé des profits de Rs 200 millions. « C’est donc faux de dire que la CWA est dans une situation chaotique d’autant que ses réserves financières sont bonnes », a avancé Xavier-Luc Duval. Il a, par ailleurs, condamné une décision du gouvernement d’annuler une subvention de Rs 250 millions qui était accordée à la CWA depuis 2013. Mais pour Ivan Collendavelloo, la CWA doit apprendre à générer ses propres sources de financement.
La situation des employés de la CWA qui seront transférés sous le prochain partenariat stratégique, a également été abordée. Même si Ivan Collendavelloo n’a pas souhaité fournir de détails, en raison de la « sensibilité » du dossier, il a donné l’assurance qu’aucun employé ne sera forcé à prendre la porte de sortie.
Une histoire de tentatives de privatisation
Depuis sa création en 1971, la Central Water Authority (CWA) est passée par plusieurs tentatives de privatisation ou de partenariat. Aucune n’a pu aboutir. L’actuel gouvernement, à travers Ivan Collendavelloo, à la volonté de mener à terme son projet.
Ce dernier a indiqué que le partenaire stratégique sera connu d’ici la fin de l’année. La première fois que la question de privatisation a été évoquée était en 1997. Le 16 août 1999, la CWA et les deux compagnies françaises, Suez Lyonnaise des Eaux et Vivendi avaient d’ailleurs conclu un accord. La privatisation devait alors se faire en deux temps. La première étape étant une période d’essai de six mois à trois ans durant laquelle toute la procédure de privatisation devait être menée à terme.
La deuxième étape était de confier le fonctionnement général de la CWA à une entreprise privée pour une durée de 30 ans. L’accord a cependant été résilié en 2000 par le gouvernement Mouvement socialiste militant (MSM)/Mouvement militant mauricien (MMM).
En 2006, quelques mois après le retour au pouvoir du Parti travailliste, le dossier revient sur le tapis. Le conseil des ministres demandera à ce que la privatisation de la CWA soit une nouvelle fois examinée. Cela avec le soutien actif de la Banque mondiale qui produit le document Privatizing water and sanitation services.
À l’époque, Toolsiraj Benydin, alors président de la Fédération des syndicats des corps constitués, avait mené activement campagne pour empêcher cette privatisation. Ce dernier est aujourd’hui un député du MSM et agit comme Parliamentary Private Secretary. Il ne s’est jusqu’ici pas encore prononcé sur la question.
Au final, le gouvernement sous l’ère Navin Ramgoolam n’a pas été de l’avant avec l’exercice. Le 3 février 2017, le conseil des ministres a accepté d’engager le processus de privatisation et, depuis cette date, le projet a fait son chemin.
Les nouveaux tarifs d’eau connus d’ici deux semaines
La PNQ a également été marquée par une révélation d’Ivan Collendavelloo concernant le tarif d’eau. Le ministre a affirmé que l’introduction des nouveaux tarifs, longtemps annoncée, sera une réalité d’ici deux semaines, ce qui pourrait provoquer des débats.
Le rapport de la Banque mondiale déposé
Comme révélé par Le Défi Quotidien en septembre 2016, le rapport final de la Banque mondiale concernant la CWA préconise les mesures suivantes : un contrat d’affermage de 15 ans, une hausse des tarifs d’eau. Le partenaire stratégique empochera, par ailleurs, un pourcentage sur ces tarifs.
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