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Perspectives : produits pétroliers, sale temps pour l’automobiliste

Le cours du pétrole est en hausse de 50 % depuis le début de l’année.

Le second semestre 2021 coûterait plus cher pour le transport. En sus de la taxe de Rs 2.00, l’automobiliste serait appelé à casquer davantage, et ce pour des raisons qui ne sont pas sous le contrôle des autorités mauriciennes.  Le dollar s’apprécie, tandis que sur le marché mondial, le cours du pétrole affiche déjà une progression de 50 % cette année-ci.

Depuis le 1er juillet, l’automobiliste s’est réveillé avec un portefeuille allégé. En effet, l’essence et le diesel coûtent Rs 2.00 plus cher au litre à la suite de l’introduction d’une charge additionnelle pour financer la campagne de vaccination contre la pandémie de Covid-19. Après deux hausses au deuxième trimestre, le litre d’essence revient désormais à Rs 50,70 alors que le diesel est affiché à Rs 37,30.

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Ce prélèvement ne devrait point nous éloigner d’une dure réalité qui revient sur le tapis à chaque majoration. Maurice est un importateur net de produits pétroliers et cette facture est la plus conséquente. En 2020, le pays a déboursé Rs 24,9 milliards, comptant pour 15 % du montant total à l’importation, et ce coût varie. D’une part, il y a l’influence du taux de change dollar / roupie, et d’autre part, le cours est dicté par des forces mondiales. 

Et la dernière analyse publiée sur le site de la State Trading Corporation évoque ces deux variables. Le dollar est passé à Rs 43. Le prix de référence pour la tonne d’essence est de quelque 679 dollars. Pour le diesel, la référence est un baril fixé à 77,10 dollars, car le cours du pétrole ne cesse de grimper sur fond de reprise. Le prix du litre d’essence aurait dû augmenter de Rs 9,75. Le diesel aurait enregistré une majoration de Rs 12,20 par litre. Cependant, tenant compte des amendements et de l’apport du fonds de stabilisation de prix, les prix n’ont pas été majorés en conséquence. 

Sommes-nous à l’abri de tout réajustement à la hausse dans un proche avenir, au vu de la nouvelle dynamique qui prend racine sur le marché mondial et des réajustements au taux de change cette semaine ? En tant que petit état insulaire, nous ne pourrons que subir, selon Shaktee Ramtohul, chargé de cours en comptabilité et finances à la Middlesex University Mauritius.

La hausse des prix du carburant aura un effet en cascade."

« Nous devons comprendre que Maurice est à la merci des pays producteurs et exportateurs de pétrole, de même que l’offre et la demande sur le marché mondial. Durant la pandémie de Covid-19, nous avons pris connaissance des cours de pétrole sans précédent, le prix ayant même basculé en territoire négatif dans le sillage des confinements nationaux et l’immobilisation des compagnies aériennes pendant une majeure partie de l’année 2020 », a-t-il déclaré dans un entretien au Défi Plus vendredi 2 juillet. « Or, avec la réouverture progressive au reste du monde de nombreuses économies cette année-ci, la demande en produits pétroliers connaît un bond et le Brent (NdlR : une référence en termes de cours du pétrole) s’échange à 75 dollars le baril. En outre, si on tient compte de la dépréciation de la roupie vis-à-vis du dollar et l’augmentation du coût du fret, ajoutant l’insulte à l’injure ! ».

Tendance mondiale

Une future révision des prix pour reflétant la tendance mondiale serait un coup dur pour le citoyen et la classe moyenne. Déjà, le Mauricien casque davantage pour les produits de base. L’huile comestible, par exemple, a connu une récente hausse de 18 %. Si les compagnies revoient leurs prix pour passer la hausse du carburant au consommateur, l’impact serait quasi-général, ralentissant la reprise dans une économie ayant enchaîné avec cinq trimestres consécutifs en contraction relative. 

En 2021, la croissance est estimée à 5,4 % selon les derniers calculs de Statistics Mauritius. Le commerce devrait rebondir avec une croissance de 4,1 % dans ses activités contre une baisse de 12 % en 2020, ce dans le sillage de l’impact de la Covid-19 sur l’économie. L’inflation en glissement annuel a été de 2,4 % en mai et elle ne pourrait qu’accélérer. 

« La hausse des prix du carburant aura un effet en cascade sur les entreprises réparties dans divers secteurs, donc un impact sur les citoyens », a fait ressortir l’économiste Bhavish Jugurnath. « Les opérateurs du transport public envisagent déjà une majoration des tarifs en raison de la hausse des coûts opérationnels. Les entreprises spécialisées dans la logistique et le transport de marchandises devraient également augmenter leurs tarifs prochainement(…). » Et de préciser : « Étant donné que la majorité de produits et de marchandises (…) est transportée de différentes régions du pays, le coût risque d'augmenter davantage. De la nourriture que vous commandez, des légumes et fruits que vous achetez, tout risque de devenir plus cher. Si les prix des carburants restent élevés, notamment le diesel, cela entraînera sans aucun doute une hausse de l'inflation globale. Dans un tel scénario, l'économie mauricienne devrait connaître un retard dans la reprise, car cela aura un impact direct sur les niveaux de consommation des citoyens ».

Dans ce tourbillon de hausses d’aujourd’hui et demain, l’automobiliste se retrouve dos au mur. En situation de crise, les revenus sont, de manière générale, inférieurs à la moyenne 2019, l’année de référence d’avant la crise. Des choix s’imposent. Un tri des dépenses serait sans nul doute à l’agenda afin de se permettre le luxe de conduire jusqu’à son lieu de travail et ailleurs.

« Par exemple, l'impact a trait à la dépendance à l'essence. Avec le télétravail qui est désormais la norme pour de nombreux employés, nous avons constaté une réduction dans la demande de voyages. Si ces mesures continuent à être mises en œuvre, les ménages peuvent par défaut économiser sur cet aspect », a indiqué Shaktee Ramtohul. « Toutefois, la dépendance aux déplacements peut être différente si, par exemple, une personne travaille dans le secteur de la distribution. L'impact final se mesurera à coup sûr de l'importance du budget consacré aux déplacements par le ménage. Si on ne peut s’en passer, il faudra réduire les autres dépenses pour pouvoir payer la facture d'essence. Un budget approprié en est la clé ».

Réduction de dépendance : le renouvelable à la rescousse

L’économiste Bhavish Jugurnath met l’accent sur l’efficience énergétique de même que l’amélioration et la diversification de sources énergétiques non pétrolières en réponse à la question de sortir de ce piège à multiples tranchants : « Le niveau élevé des prix et de sa volatilité est susceptible d'être une caractéristique permanente de l'économie mondiale dans un proche avenir. Donc, ils méritent une reconsidération des politiques nationales de transport et de taxation mises en place quand le prix des carburants n’a pas représenté une composante aussi importante des coûts de transaction liés au commerce à Maurice. Les pratiques de transport basées sur l'hypothèse d'un faible prix du carburant ne sont pas durables. La dépendance à l'égard du carburant peut être réduite par l'amélioration de l'efficacité énergétique et la diversification vers des sources d'énergie non pétrolières. Les alternatives les plus courantes sont le gaz naturel et les sources d'électricité renouvelables comme l'hydroélectricité et la géothermie. Les biocarburants font l'objet d'une attention croissante en tant que substituts ».
 

 

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