À partir de 2020, les écoliers discuteront des développements majeurs qu’a connus le pays de 1968 aux années 80. Une première, surtout quand on sait que des épisodes importants politiquement, comme Mai-75, seront abordés. Selon les historiens, connaître l’histoire de son pays est une condition essentielle à la construction d’une identité nationale.
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Comment construire et consolider une identité mauricienne quand on ignore l’histoire même du pays qu’on partage avec ses concitoyens ? C’est le paradoxe auquel l’île Maurice a dû faire face depuis son indépendance, l’histoire telle qu’enseignée dans les écoles se limitant généralement aux différentes périodes coloniales. Une situation qui est critiquée de tous bords depuis des années.
Alors qu’on célèbre le 51e anniversaire de cette Indépendance, les choses changent cependant : les élèves de Grade 8 (anciennement Form II) étudient désormais les circonstances qui ont mené à l’Indépendance alors que l’année prochaine, ceux de Grade 9 étudieront l’évolution de l’île Maurice post-indépendance.
C’est la matière Social and Modern Studies (SMS dans le jargon) qui aborde ce sujet. Cette année, pour la première fois, les élèves de Grade 8 étudient le cheminement vers l’Indépendance. « Dans le manuel, nous abordons les personnalités importantes ainsi que la contribution des médias sur la route vers l’Indépendance, explique Pierre-André Boullé, coordinateur du curriculum au Mauritius Institute of Education (MIE), à partir de l’année prochaine, en Grade 9 nous allons aborder la période indépendante, les années 70-80. »
Le manuel pour le Grade 9 n’est pas encore finalisé et les consultations avec les historiens, à l’instar de Vijaya Teelock, sont en cours. L’épisode de la révolte estudiantine de Mai-1975 devrait toutefois figurer parmi ceux abordés. L’association aux années de braise du Mouvement militant mauricien (MMM) peut-elle gêner certains ? « Plus de 40 ans ont passé, rassure Pierre-André Boullé, on a le recul nécessaire. Il faut que ce soit abordé. »
Le SMS aborde également tout l’épisode Diego Garcia. Des activités autour de son excision du territoire mauricien et la déportation de ses habitants existent dans le manuel de Grade 7 et la question est davantage développée en Grade 8. « Vu les derniers développements à la Cour internationale de Justice, nous allons peut-être aller un peu plus loin en Grade 9 », explique le coordinateur du MIE.
Autre aspect important de l’île Maurice post-indépendance qui sera abordé : l’évolution de la démographie et la diaspora mauricienne. « Nous aurons des études de cas sur ceux qui sont partis dans les années 60-70 et ceux qui le font aujourd’hui, explique Pierre-André Boullé, ce ne sont pas pour les mêmes raisons. » Le sujet, dit-il, pourrait même faire l’objet de débats en classe.
Ce changement de traitement de l’histoire dans les collèges aidera-t-il à nourrir un sentiment d’appartenance plus important auprès des jeunes ? « En Grade 7, une bonne partie est dédiée aux contributions de personnalités apolitiques comme Anada Devi, Jane Constance et François Woo, explique Pierre-André Boullé, nous demandons ensuite aux élèves de discuter d’autres personnalités qui ont contribué au pays. L’idée est bien de valoriser l’identité mauricienne. »
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