Nouvelle route Port-Jin Fei : la proximité au site RAMSAR inquiète

Pour éviter que le flux de camions transportant des conteneurs du port vers la Smart City de Jinfei n’embourbe davantage l’autoroute M2 durant les heures de pointe, le gouvernement veut construire une nouvelle route.

Au coût de Rs 600 millions, elle reliera le terminal du port à la nouvelle ville high-tech en passant par Roche-Bois. Mais le premier tracé, visant l’économie, passait en plein milieu du Rivulet Terre Rouge Bird Sanctuary, un site Ramsar, du nom de la Convention internationale sur les wetlands. Un nouveau tracé, contournant le site, a été approuvé mercredi. Mais certains techniciens du National Parks and Conservation Service (NPCS) s’inquiètent tout de même concernant l’intégrité de ce refuge pour les oiseaux migrateurs.

Les techniciens du ministère des Infrastructures publiques ont effectué une visite du site, hier après-midi, pour constater de visu le nouveau tracé défini par la Road Development Authority (RDA). « Nous sommes optimistes et confiants que ce nouveau tracé sera accepté », assure une source haut placée au ministère. Sauf que les techniciens du NPCS sont inquiets.

Une source confie au Défi Quotidien les inquiétudes qui sont devenues le sujet de conversation principal dans les couloirs de ce service : « Le chemin le plus court entre le terminal et Jin Fei traverse Roche-Bois. Il passera très près, sinon sur le wetland. C’est un site Ramsar non seulement important comme refuge pour les oiseaux migrateurs, mais c’est aussi une éponge naturelle importante. Si on y fait des travaux, ou même dans les alentours, on risque d’affecter tout l’écosystème. »

Rien de formel

Notre source du ministère des Infrastructures publiques concède que la nouvelle route de Rs 600 millions passera près de l’estuaire. « Il y avait plusieurs tracés. Nous avons travaillé de concert avec les Finances et la MPA (NdLR: Mauritius Ports Authority) et avons buté sur un problème naturel. Nous avons un nouveau tracé de la RDA. Nous essayons de contourner le site Ramsar, mais c’est délicat. C’est une côte mal taillée qui passe à la limite du site Ramsar. » Toutefois, assure-t-elle, le gouvernement se comporte de manière responsable en prenant en considération les inquiétudes du comité Ramsar.

Au NPCS, on voit néanmoins d’un mauvais œil la manière dont le projet est présenté. « Il n’y a rien eu de formel, mais on sent qu’il y a tout de même une pression pour que le tracé de cette route soit approuvé », remarque notre source. Ce que l’on dément au niveau des Infrastructures publiques : « Les techniciens qui parlent de pression sont mal renseignés. Ils ont oublié que le projet Dream Bridge, qui avait déjà été approuvé devait passer exactement sur ce site. »

Ce qui ne change rien au fait que cette nouvelle route de Rs 600 millions est d’une importance capitale aux yeux du gouvernement. « Le potentiel d’exportation est énorme, insiste notre source. Il faut cette route pour faciliter l’exportation. Le comité Ramsar, la MPA et l’Agro-industrie participent tous à la prise de décision. »

Le directeur du NPCS, Vishnu Bachraz, a refusé de commenter et Liu Xin, Project Manager du projet de Smart City de Jin Fei, assure ne pas être au courant de ce plan. Sekhur Suntah, directeur de la MPA, s’est contenté de rappeler que cette nouvelle route faisait partie du Master Plan pour le développement de la région portuaire.