
Le Mouvman Progre Roche Bois (MPRB) ne se contente pas d’enseigner : il transforme. Dans ce quartier stigmatisé, des jeunes en rupture scolaire retrouvent la confiance grâce à une pédagogie alternative et des enseignants passionnés, porteurs d’avenir.
À la rue Marcel Guého, Roche-Bois, derrière une façade discrète, le Mouvman Progre Roche-Bois (MPRB) abrite une effervescence silencieuse. Depuis 32 ans, cette organisation communautaire a pour mission d’éradiquer la pauvreté dans la région. Son arme ? L’éducation, sous toutes ses formes.

« Nous croyons que l’éducation est le levier principal pour sortir de la pauvreté », explique Stéphane Denidal, président du MPRB. Il ajoute : « Nos jeunes ont entre 12 et 17 ans, ils sont 25 actuellement, présents du lundi au vendredi de 9h à 14h30. Beaucoup n’ont pas réussi dans le système formel, mais ici, nous leur offrons une seconde chance. Nous les aidons à reconnaître leurs talents, à cultiver leurs passions et à contribuer à la communauté. Chaque enfant a un parcours singulier, et lorsqu’il nous quitte à 17 ans, il trouve sa place dans la société. C’est cela, l’inclusion sociale ».
Le MPRB ne s’arrête pas là. Trois fois par semaine, de 16h à 17h, des cours de rattrapage sont proposés aux enfants du quartier. L’accent est mis sur l’alphabétisation et l’apprentissage de l’anglais, souvent source de blocages. « Par notre approche, nous voulons compléter ce qui se fait ailleurs », confie Stéphane.
Edwige Dukhie, coordinatrice de projet, est l’une des pierres angulaires du mouvement. « Je suis dans l’association depuis le début. « À l’origine, nous étions un groupe d’individus qui réfléchissait aux manières d’améliorer la vie à Roche-Bois. Nous avons commencé par des manifestations pour dénoncer les activités nuisibles à la santé. Puis, nous avons compris que l’éducation était la clé. Aujourd’hui, nous travaillons avec les enfants, les adultes et les familles. Nos actions ont évolué, mais notre cœur reste le même ».

Former avec bienveillance, inspirer avec passion
Au sein du centre, les enseignants incarnent cette pédagogie de la bienveillance, de la créativité et de la résilience. Tel est le cas pour Estessa Nanette qui enseigne l’alphabétisation adulte NC1. Elle relate avec enthousiasme : « Une journée de travail se passe bien lorsqu’on fait ce qu’on aime avec passion. Le matin, on se concentre sur l’aspect l’académique, et l’après-midi, des activités comme le théâtre, la sculpture, ou le sport. Je suis heureuse de travailler avec les enfants, cela fait trois ans que je le fais ».
Bianca Castel, enseignante du Primary School Achievement Certificate (PSAC), est en pleine préparation d’examens qui se tiendront au mois d’octobre : « Nous sommes au troisième trimestre. Je prépare les enfants aux examens en utilisant d’anciens questionnaires et des révisions ciblées. Les élèves sont ici depuis l’année dernière, et leur progression est remarquable ».
Pour sa part, Jennifer Leopold accompagne les enfants ayant échoué le PSAC. Elle les aide à reconstruire leur base académique, malgré leur âge plus avancé. « Cette année, j’ai huit élèves. Au début, lorsqu’ils viennent chez nous, ils manquent de confiance, car l’échec les a fragilisés. Mon objectif est de leur montrer qu’ils ont du potentiel. Pour les intéresser, j’utilise des jeux, des activités ludiques et visuelles.
L’apprentissage devient alors plaisir et découverte », dit-elle.

La permaculture a aussi une place au MPRB. Selon l’enseignant Oliver Fanfan, cela apporte une dimension philosophique et écologique. Il explique : « La permaculture est une science du design, une observation de la nature. Elle aide l’enfant à prendre des décisions, à construire ses idées du monde et à réaliser ses objectifs. On dit souvent que la nouvelle génération est en perte de repères, mais à travers la nature, on peut les aider à se retrouver et à mieux se comporter ».

Lifestyle Training Centre
Et demain ? Le MPRB prépare une nouvelle étape : The MPRB Lifestyle Training Centre, un centre de développement holistique pour les jeunes de 15 à 25 ans. Ce futur espace offrira un encadrement, des ressources, ainsi que des outils de responsabilisation pour permettre aux jeunes de vivre sainement et de s’impliquer activement dans leur communauté.
Témoignages
Brennan Babel, 15 ans :
« Cette année, je fais le NC1. J’aime la classe de jardinage ».
Charlena Selmour, 15 ans :
« Je fais du théâtre, de la sculpture, j’apprends à lire et écrire correctement. Je souhaite faire de l’anglais, parce que je veux lire en anglais ».

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