Les consommateurs peuvent forcer une baisse de prix en refusant d’acheter des légumes. C’est la solution que propose Mosadeq Sahebdin, porte-parole de la Consumer Advocacy Platform (CAP). Entretien !
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Selon l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), les prix des légumes sont « artificiellement gonflés ». Partagez-vous cet avis ?
La Consumer Advocacy Platform est certes du même avis que l’ACIM à ce sujet. Nos observations depuis les deux dernières années à la même période confirment que les prix des légumes sont excessivement élevés. Nous sommes aussi d’avis que les prix des légumes ne sont pas uniquement tributaires aux conditions climatiques. Il faut savoir que, mis à part les conditions climatiques ou les prix des semences et des pesticides, les prix des légumes sont impactés par des facteurs commerciaux longtemps dénoncés comme abusifs. Il existe de nombreux entrepreneurs engagés dans la vente à l’encan des légumes, dont les activités d’intermédiaire influent directement sur les prix de vente au détail. Ce sont eux qui déterminent le seuil à partir duquel les maraîchers devront proposer leurs prix. Ce qui fait gonfler les prix au détriment des consommateurs. De leur côté, les maraîchers s’adonnent aussi à des pratiques anticoncurrentielles en se concertant de façon anodine pour déterminer les prix de vente. Nous estimons qu’en l’absence d’une provision légale contre ceux qui pratiquent des prix excessifs, exploitent les consommateurs et engrangent des profits exagérés, les consommateurs devraient exercer leur droit en refusant d’acheter. Ils peuvent ainsi forcer une baisse de prix.
Pour certains consommateurs, la solution serait l’importation de légumes. Est-ce vraiment à leur avantage ?
L’importation vise à pallier un manque de légumes. Mais tel n’est pas le cas en ce moment. De plus, on ne peut compter sur le ministère de l’Agro-industrie, responsable de l’octroi de permis d’importation, pour veiller à ce que les prix des légumes importés soient raisonnables. La politique de libéralisation prônée par les décideurs serait, pour certains importateurs, une carte blanche pour plumer les consommateurs.
N’est-il pas souhaitable de se tourner vers les produits alternatifs?
Les légumes surgelés peuvent être une alternative abordable. La diversité de marques de légumes surgelés offre un grand choix aux consommateurs. S’ils sont disponibles tout au long de l’année et leur temps de conservation est plus important que celui des légumes frais, leurs prix pourraient néanmoins constituer un obstacle pour de nombreux ménages.
Que recommandez-vous pour que les consommateurs ne soient pas pénalisés par la cherté des légumes après chaque mauvais temps ?
L’ACIM a raison d’attirer l’attention sur l’absence d’affichage des prix dans les marchés. Il est dommage que les inspecteurs municipaux n’exercent aucun contrôle sur cet aspect du marché. Car l’affichage permet aux consommateurs de faire un choix avisé. Malheureusement, l’intervention de l’État, par le biais de l’Agricultural Marketing Board ne profite pas aux consommateurs. Le nombre limité de ses points de vente, d’une part, et l’incapacité de contrôle sur les marchands de rue, d’autre part, ne permet pas à ce régulateur d’influer considérablement le marché, son action n’étant limitée qu’à quelques produits. La mise en opération du National Wholesale Market, espérons-le dans un proche avenir, devra permettre à assainir le marché des légumes.
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