Mère à 15 ans : «Se enn nouvo lavi kinn koumanse pou mo tifi aster», confie le père de l’adolescente

Même planifiée, la maternité transforme une vie. Et c’est encore plus vrai lorsqu’on devient mère au cœur de l’adolescence, comme Lorie*, 16 ans. Heureusement, elle peut compter sur le soutien de son père. Ce dernier revient sur cet évènement qui a bouleversé la vie de sa fille à jamais. 

Un peu avant ses 16 ans, Lorie* a accouché d’un petit garçon le samedi 9 avril dernier à l’hôpital Victoria, Candos. Le père est un maçon âgé de 21 ans. La famille de l’adolescente ne compte pas poursuivre ce dernier. Toutefois la Child & Development Unit (CDU), en collaboration avec la police, a enclenché une enquête pour relation sexuelle avec mineure de moins de 16 ans le mardi 13 septembre dernier. 

Selon la formule consacrée, la mère et l'enfant se portent bien, indique Alexandre*, 37 ans, le père de l’adolescente. Il était inquiet, car sa fille est petite de taille et maigrichonne. « Mo tifi enn zanfan, li maigre, li tipti, mo ti pe per pou li boku. Mais par la grâce de Dieu, tout s’est très bien passé », confie-t-il. Deux mois après l’accouchement, Lorie a soufflé ses 16 bougies. Désormais, son père n’a qu’un seul souhait : « Avec la venue de cet enfant, j’espère qu’elle deviendra plus responsable et mature ».  

Si, aujourd’hui, Alexandre semble plus serein, en revanche, c’était la colère totale lorsqu’il a appris que sa fille est tombée enceinte. Cette dernière lui  écrit une lettre pour l’annoncer la nouvelle.  « Elle était enceinte de plus de trois mois quand elle m’a écrit pour me dire qu’elle quittait la maison.  Li dir mwa linn tomb enseint et linn fer enn erreur. J’étais vert de rage, mais mon entourage m’a aidé à comprendre et à accepter la situation », avoue-t-il. 

Le trentenaire voulait aussi connaitre l’identité du père et découvrir quelles étaient  ses intentions envers sa fille. C’est ainsi que  le copain de Lorie est venu à sa rencontre. « Il m’a fait comprendre qu’il était prêt à assumer ses responsabilités envers ma fille et le bébé. D’ailleurs, ils sont toujours en couple. Bien qu’il soit lui aussi très jeune, il n’y a pas un jour où il n’est pas venu voir son enfant depuis l’accouchement », relate Alexandre. De quoi réconforter ce dernier, car il confie que sa fille n’a pas eu une enfance comme les autres.

Abandonnée par sa mère 

« J’avais 21 ans lorsque Lorie est née, puis, quelque temps après, sa mère nous a quittés. Je me suis alors occupé de ma fille avec l’aide de sa défunte grand-mère. Aujourd’hui encore, elle en veut à sa mère. Linn deza dir mwa ki zame li pou pardonn so mama paski pou li dan so latet, so mama finn abandonn li », raconte Alexandre. Par la suite, à l’âge de l’adolescence, elle est devenue un peu rebelle, surtout après le décès de sa grand-mère. « Elle ne m’écoutait pas. J’étais contre le fait qu’elle sorte sans surveillance, mais après l’école, elle revenait toujours très tard. Ki kantite kapav vey enn zanfan ? », confie-t-il. 

Des années plus tard, Alexandre s’est marié et a eu deux autres enfants. « Ma femme a beaucoup d’estime pour Lorie. D’ailleurs, c’est elle qui l’aide à prendre soin de son fils. Mo senti mwa fini vinn vie me ena enn plaizir ladan. Nou bien kontan bebe la. Li bien en form », ajoute le grand-père avec un grand éclat de rire, avant de renchérir : « J’espère que ses parents lui offriront une bonne éducation et qu’il grandisse avec les bonnes valeurs ». 

Le seul regret d’Alexandre est le rejet de sa famille envers sa fille. « Mo bann fami pann pardonne li me li tro tard. Se enn nouvo lavi kinn koumanse pou mo tifi aster », avoue-t-il. La jeune mère a mis un frein à ses études après avoir appris qu’elle est tombée enceinte. Toutefois, l’année prochaine, quand son fils sera plus grand, elle compte reprendre ses études dans le domaine de l’hôtellerie. 

* Prénom fictif