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Mèmes : ces blagues incontournables sur les réseaux sociaux

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Depuis une décennie, les mèmes détournent l’actualité et la culture à des fins comiques. Ils sont sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, TikTok… Et les adeptes sont les millénariaux et la génération Z. C’est une tendance qui n’est pas près de s’effacer. 

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Hâdiyya Goolfee, 20 ans, est fan de mèmes, depuis qu’elle a fait l’acquisition de son premier téléphone en 2013.

La culture du mème est synonyme de contre-culture de l’ère d’Internet. Elle a pris le monde d’assaut depuis la première image virale en 1996. Les millénariaux et la génération Z sont ceux qui passent le plus de temps à visionner les mèmes. Selon les statistiques d’YPulse, un leader de la recherche sur les jeunes aux États-Unis, 50 % de la génération Z suivent les comptes mèmes. Et 65 % d’entre eux se connectent aux médias sociaux pour consommer du contenu divertissant. C’est une importante audience, qui se détendent à travers  ces blagues visuelles.

À Maurice, le scénario n’est pas si différent. Le mème y a fait son chemin. La plupart des mèmes ont trait à la politique, à l’environnement et au social. Ils rythment le quotidien de milliers de jeunes Mauriciens.  

Hâdiyya Goolfee, 20 ans, est fan de mèmes, depuis qu’elle a fait l’acquisition de son premier téléphone en 2013. Cette jeune femme explique que les mèmes font partie du quotidien des jeunes et sont un moyen de communiquer des idées et des sentiments de manière humoristique et pertinente. 

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Sofa Maroussia, 20 ans, estime qu’il est difficile de passer à côté des mèmes, vu leur présence sur les réseaux sociaux.

« Je me réveille et j’allume mon téléphone, la première chose que je vois sur les réseaux sociaux sont des mèmes. Je suis entouré tous les jours de mèmes. Et ce n’est pas tout. Je suis abonné à plus de comptes de mèmes que ceux de personnes. La raison est simple. Les mèmes me procurent de la joie. Je suis de plus en plus dépendant de cette source de dopamine qui m’aide à garder le moral. Les mèmes sont très importants dans mon quotidien », explique-t-elle. 

Je suis abonné à plus de comptes de mèmes que ceux de personnes. La raison est simple. Les mèmes me procurent de la joie. Je suis de plus en plus dépendant de cette source de dopamine qui m’aide à garder le moral»

« Les mèmes que les Mauriciens créent sont uniques et ne sont compris que par les locaux, la plupart du temps. C’est pourquoi je pense que c’est génial de voir des gens de cultures et de religions différentes rire ensemble. Les mèmes rassemblent les gens et créent de belles amitiés. »

« Cependant, les mèmes traitent parfois de sujets sensibles comme le racisme, le bullying, la misogynie et le sexisme. Une sensibilisation nécessaire sur des sujets tabous » dit-elle. 

Sofa Maroussia, 20 ans, est une adepte de mèmes depuis qu’elle a 14 ans. Elle estime qu’il est difficile de passer à côté des mèmes, vu leur présence sur les réseaux sociaux.

Pour elle, les mêmes sont un moyen de faire passer des messages drôles. « C’est devenu populaire parce qu’on rigole et cela nous rassemble. Quelquefois, juste pour garder le contact avec nos potes, on envoie des mèmes. Le charme du mème mauricien, c’est la franchise et l’humour » 

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Kenny Ramasawmy, 20 ans, adepte des mèmes depuis six ans.

Kenny Ramasawmy, 20 ans, adepte des mèmes depuis six ans, abonde dans le même sens que Sofa, lorsqu’il s’agit du charme particulier des mèmes mauriciens. « Tous les mèmes ne vont pas plaire à tout le monde, car chaque personne a ses préférences. Mais j’aime bien les mèmes mauriciens et j’encourage les créateurs mauriciens. Car les mèmes locaux ne sont pertinents que pour les Mauriciens. »

Hemanshu Mungur, 19 ans, qui n’est pas fan des réseaux sociaux, n’a pas échappé aux mèmes. Les pages de mèmes sont les seules raisons qui l’amènent à surfer sur les réseaux. Il confie que les mèmes ont eu un impact positif sur sa vie estudiantine. 

« C’était un excellent moyen de me remonter le moral pendant les moments difficiles. Ils m’ont aidé quand j’avais des problèmes familiaux et quand je me sentais seul ou épuisé. Ce qui m’encourage à rester à jour avec les mèmes, c’est qu’ils me permettent d’être au courant de ce qui se passe dans le monde. Avec les mèmes mauriciens, même la politique devient intéressante. Les créateurs passent beaucoup de temps à créer de nouveaux mèmes drôles et innovants. Les mèmes ne vont pas disparaître, mais plutôt croître en popularité. » soutient Hemanshu Mungur.

Création de mèmes 

L’humour noir d’Adrien Coosnapa 

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Adrien Coosnapa est un des pionniers des mèmes à Maurice. Il a lancé sa page Mauritroll en 2011 avec deux amis de son collège. Dès 2012, il s’est retiré pour créer sa page axée vers un humour plus noir. Avec sa propre page de mèmes, il communique son ennui avec des images drôles et du sarcasme. Il nous donne un aperçu du travail derrière la fabrication de ses mèmes, qui font rire depuis 2012. 

« Avec Mauritroll, le “travail” était tout simplement de pomper du contenu de 9gag et de traduire en créole. Mais le travail sur du contenu bien à moi me permet de reconnaître que j’ai des idées à la fois brillantes et débiles. Parfois, mon humour ne plaît pas à tout le monde », indique-t-il. 

Des premières pages de mèmes traduites en créole au développement de son propre style, il explique que le mouvement s’est créé petit à petit. « La population mauricienne ne connaissait pas ce médium. Au début, les mèmes touchaient tout le monde et personne. Mais avec les années, j’ai aimé voir comment nous nous l’étions appropriés. Ma spécialité est certainement liée à mon amour pour le Perette Amande. Mais il y a aussi le ton et un point de vue satyrique. Le message serait : don’t be stupid, stupid. Je pousse à l’introspection. Je veux que les gens se demandent ce qui ne tourne pas rond. Et en faisant des mèmes typiquement mauriciens, un nouveau écosystème a vu le jour. Et il serait certainement incompréhensible aux yeux du reste du monde. » 

Certains créateurs de mèmes sont dans la provocation. « Les mèmes sont une forme de liberté et d’expression. Et étant donné les millions de tabous que nous cultivons, entrouvrir la porte vers la liberté a fait exploser les pulsions les plus enfouies de certains », avance-t-il. 

L’avenir de la culture du mème résultera en un format qui évoluera avec le temps. « Rien ne sera si pertinent dans dix ans. Tout comme il ne sera jamais stagnant. La culture du mème ne s’éteindra jamais. Tout ce que j’espère, c’est de ne pas voir mes prédictions se réaliser : l’humour trashy perdurer et nos lois... »

Krishna Pentayah : pour la santé mentale  pendant la crise

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Krishna Pentayah, quant à lui, a inauguré sa page de mèmes sur Instagram durant le premier confinement. Elle avait pour but de soulager la douleur, l’anxiété et le stress des jeunes. Il veut que ses mèmes soient esthétiques et amusants. Il fait appel à une éducation sur des sujets inexprimés, comme la positivité corporelle, l’environnement et la santé mentale. 

Il est d’avis que les mèmes d’actualité attirent et font toujours leur effet. Selon lui, se moquer de la souffrance des étudiants aide beaucoup à la dérision. « Ils montrent combien d’entre nous sont connectés et ressentent la même chose. Je fais également beaucoup d’autodérision parce que ça me rend heureux. Et je pense que le bonheur est contagieux. Les mèmes sont également un excellent moyen de faire que les jeunes s’intéressent à l’actualité et aux nouvelles. » 

A Journal of Physics and Humanities - Rire de soi-même : une étude de l’Internet auto réflexive analyse le phénomène. « Avec l’aide de l’humour et de la pertinence que les mèmes Internet apportent, de nombreux élèves sont capables de faire face à leurs problèmes de santé mentale. Ils ont la plateforme pour communiquer sur l’état mental et se connecter avec les autres qui éprouvent les mêmes problèmes. Les répondants conviennent qu’effectivement regarder les mêmes réduit leurs crises d’anxiété et/ou symptômes de dépression. »

Et d’ajouter que l’utilisation de mèmes par les psychothérapeutes, dans le cadre de leur pratique, est de plus en plus populaire. « Un membre de l’American Association of Suicidology prône que les mèmes liés au suicide peuvent favoriser des conversations significatives. Ils peuvent offrir une solution de rechange aux pensées et aux comportements destructeurs. Dans l’ensemble, les études suggèrent que le contenu des mèmes de dépression est interprété comme négatif et pessimiste par certains. Mais les personnes qui souffrent de dépression peuvent en tirer quelque chose de positif. Une image vaut mille mots, et un mème peut communiquer des émotions complexes immédiatement. Il est alors possible que les mèmes aient la capacité de guérir. Ils fournissent un moyen pour que les gens communiquent plus ouvertement au sujet des émotions et de la santé mentale. » dit-il. 

Soutenu par ces faits, il conçoit que le « Meme therapy » peut devenir une réalité dans un futur proche. « Les mèmes sont plus qu’un tas d’arts numériques ridicules. C’est comme ça que le monde post-moderne a choisi de réagir positivement aux négativités de la vie quotidienne pour une meilleure santé mentale. » soutient-il. 

Les mèmes comme outils de marketing 

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Dylen Citta, Digital Marketing Freelancer. Sanjana Jhumun, co-fondatrice et responsable numérique d’Oxyzenn Digital Ltd.

Le mélange de divertissement et de personnalisation rend les mèmes attirants. Ils sont aussi utilisés comme outil de marketing. Les experts en communication s’accordent à dire que la culture du mème peut développer des stratégies redoutables. Celles-ci peuvent révolutionner l’avenir du marketing numérique. 

Dylen Citta, Digital Marketing Freelancer, indique que les mèmes sont en constante évolution. Ils sont utilisés à l’échelle internationale comme une méthode de marketing. Ils créent de la notoriété et de l’engagement autour des marques, ainsi que des films. 

« C’est au point que les pages de mèmes populaires peuvent maintenant aider les marques. Cette tendance arrive lentement à Maurice où nous voyons certaines marques être en mesure d’obtenir une grande quantité d’engagements. Par exemple, Quincaillerie Bric sur Facebook », souligne-t-il.

Sanjana Jhumun, co-fondatrice et responsable numérique d’Oxyzenn Digital Ltd, ajoute que plus de personnes se sont tournées vers les plateformes en ligne à cause de la Covid-19. Certaines marques locales ont même intelligemment intégré des mèmes dans leur stratégie de marketing. Elles en créent leurs propres ou partagent des mèmes existants.

« Que ce soit bon ou mauvais, il est indéniable que les mèmes ont révolutionné notre façon de communiquer. Beaucoup de marques célèbres - de Burger King à Netflix - utilisent des mèmes pour établir un rapport instantané avec leurs abonnés en les faisant rire. Les mèmes sont parfaits pour le marketing, parce qu’ils sont rafraîchissants, faciles à assimiler, faciles à consommer et ont le potentiel de devenir viraux. Je crois que des mèmes originaux et de grande qualité permettront aux marques de communiquer et d’interagir avec leurs publics cibles. Peut-être que cette stratégie est bien mieux que les méthodes traditionnelles de vente ? » conclut-elle.

 

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